Déjà plus de 950 tués depuis le début de l’offensive du régime contre la Ghouta orientale, il y a presque un mois. Les bombardements des forces pro-Assad ainsi que les raids aériens russes se poursuivent contre l’enclave rebelle située à l’est de Damas malgré la résolution 2401 du Conseil de sécurité de l’ONU qui appelle à une trêve d’un mois pour permettre la livraison d’aides humanitaires et médicales, ainsi que la sortie des civils qui le désirent. Si Damas et Moscou souhaitent clairement isoler les combattants en poussant les 400 000 civils à quitter l’enclave, ces derniers sont très attachés à leur terre qu’ils refusent de quitter.
Bilal est marié. Il attend un bébé le mois prochain. Malgré cette nouvelle, il refuse catégoriquement de quitter la Ghouta. Bilal vendait des graines agricoles. Il a depuis perdu sa maison et son magasin. Pour lui, « il est trop difficile de partir de la Ghouta, parce que cela reviendrait à perdre son dernier espoir de liberté ». Et d’ajouter : « On n’a aucune confiance dans le régime Assad et l’occupation russe. Ils n’ont fait que renforcer notre défiance parce qu’ils ne font que nous tromper. » Selon lui, le corridor sécurisé est un canular pour attirer les civils afin de les arrêter plus tard, sachant que le régime a toujours accusé tous les habitants de la Ghouta orientale d’être des terroristes.
De son côté, Oum Akram, une veuve mère de deux filles et d’un petit garçon de 9 ans, affirme qu’elle veut bien quitter la Ghouta, mais n’a pas confiance dans la volonté des différents protagonistes de faciliter la sortie des civils. Oum Akram, dont le mari est un « martyr », a assuré qu’elle et ses enfants mangent souvent une fois par jour, et même parfois une fois toutes les 48 heures. « Seule mon inquiétude pour mes enfants me pousse à vouloir partir », explique-t-elle en mentionnant le traumatisme que subissent ses petits à chaque fois que les obus tombent sur leur tête. Elle a même essayé de quitter la région rebelle par le point de passage sécurisé aux confins de Douma, mais elle a été la cible, selon elle, de snipers qui tiraient à partir des régions sous le contrôle du régime. Oum Akram insiste par ailleurs sur le fait que la trêve annoncée par le président russe Vladimir
Poutine n’est qu’un leurre, les bombardements ne s’arrêtant jamais.
(Lire aussi : Armes chimiques en Syrie : une vraie-fausse ligne rouge ?)
« Nous n’avons plus assez de nourriture »
Les ennuis d’Oum Akram sont largement partagés par Abou Riad, père de trois enfants, qui ne supporte plus les conditions de vie insupportables dans la Ghouta orientale. « Les souks ont été complètement détruits et nous n’avons plus assez de nourriture. Nous tentons de sortir quotidiennement sous les obus pour acheter du bois pour le chauffage et la cuisson ainsi que pour acheter de la farine d’orge et des produits alimentaires qui deviennent de plus en plus rares », dit-il. Les tâches domestiques sont partagées au sein de sa famille : son fils de 14 ans va chercher de l’eau potable, tandis que sa femme nettoie tant bien que mal l’abri dans lequel ils vivent malgré le fait qu’il n’est pas tout à fait sûr.
Abou Riad refuse catégoriquement de quitter la Ghouta avec sa famille, de peur d’être poursuivi par les forces du régime. « Je serais immédiatement arrêté avec ma famille parce que je travaille comme secouriste. Un métier considéré comme terroriste par le régime syrien », dénonce-t-il. Selon lui, on ne peut pas faire confiance à un régime qui les assiège et les affame depuis des années, et qui leur demande aujourd’hui d’aller dans des régions sous son contrôle.
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commentaires (2)
QUAND LA GHOUTA VA TOMBER LA GUERRE SYRIENNE VA ENTRER DANS SA SECONDE PHASE... LES VRAIS REBELLES QUI OCCUPENT LES 45PCT DU TERRITOIRE AURONT LEURS MOTS A DIRE ET A S,IMPOSER... LE MOMENT DE VERITE VA SONNER ! REFORMES DEMOCRATIQUES OU CESSATION... UNE OU DEUX SYRIES ?
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 22, le 11 mars 2018