Comment fait-on pour empêcher toute une population de créer et produire ? La recette est on ne peut plus simple : un, on pond une loi électorale bâtarde fifty proportionnelle, fifty sectaire; deux, les candidats se ruent comme des malades sur la gamelle; trois, on traîne derrière les urnes le populo qui n’y comprend que dalle en lui donnant l’impression qu’il est maître de son destin.
Pendant ce temps, la classe politique peut s’adonner à son passe-temps favori : le Basileus contre Istiz Nabeuh, le Carillon de la Justice contre le Pendu de l’Intérieur, l’Ave César Abi EDL contre une guirlande de collègues… Et tous contre les manants qui se passionnent pour ce débat débile ! Une touchante unanimité qui, au-delà de la chair de poule, frise le ridicule et défrise le poil intime.
Finalement, ce n’est pas leur faute. C’est l’environnement qui commande ce « style » libanais légendaire de la praxis politique. Monologuant sans cesse, les personnages prennent des poses. L’attitude est leur seconde nature. Les gens normaux les regardent se télescoper et se disent que 280 caractères sur Twitter, c’est beaucoup trop pour ces ramollis du neurone, au vu de l’usage rudimentaire qu’ils en font.
Demandez le programme ! En fait, ne cherchez pas, il n’y en a pas. Un discours chasse l’autre et le suivant fait oublier le précédent. Avec des comiques troupiers plastronnant devant des niaiseux qui battent des mains dans les meetings de cette campagne électorale aux idées courtes, ce n’est pas la société du spectacle, c’est le spectacle des cas sociaux. Certes, les Libanais doivent choisir eux-mêmes leurs dirigeants. Mais que peut-on s’ils les choisissent comme ça ?
Sauf que cette fois, nous promet-on, la proportionnelle contribuera à renouveler le cheptel. C’est vite oublier que dans ce pays, le virus de la politique est une maladie sexuellement transmissible. Dur d’exiger des vieux canassons de débarrasser le plancher, surtout lorsqu’on sait qu’il y a chez eux une constante culturelle quasi génétique : plutôt crever que de partir !
En somme, il ne suffit pas de faire le ménage. Faut aussi sortir les poubelles.
gabynasr@lorientlejour.com
commentaires (4)
L'évêque de Beyrouth Ignace Moubarak de 1919 à 1951, a été le premier à avoir utilisé le verbe balayer à l'impératif : "Balayez-les" (Kannissouhom). Je ne me rappelle pas dans quel contexte à l'époque.
Un Libanais
18 h 09, le 09 mars 2018