Beaucoup de bla-bla ! Des conférences à la pelle ponctuées de beaux discours. Des messages de félicitations. Des milliers de fleurs aussi. Mais pas la moindre action au Liban, en cette Journée internationale des droits des femmes, jeudi 8 mars. Pas la moindre revendication féministe ni de mobilisation. Tout juste un timide appel à manifester, dimanche 11 mars, « parce que c’est jour de congé », lancé par quelques associations féministes, sous le signe… « de la colère ».
Dans le monde entier, les femmes ont pourtant envahi les espaces publics, en cette journée ordinaire de travail, pour réclamer davantage de droits à différents niveaux ou même l’égalité des genres en matière de droits et de devoirs dans les démocraties les plus évoluées. Elles ont tout abandonné pour revendiquer, pour se faire entendre haut et fort, soucieuses d’améliorer leurs conditions.
La femme indienne a réclamé le droit au célibat et une mobilisation plus efficace contre les violences sexuelles. La femme espagnole, en grève générale, s’est non seulement abstenue de travailler, mais elle a interrompu ses tâches domestiques, jusqu’à ses obligations maternelles et familiales. Fidèle à ses engagements, la femme française a exigé davantage de structures pour ses consœurs victimes de violences conjugales. Et vient d’obtenir un engagement de son gouvernement de se saisir de l’égalité salariale entre les sexes. À Séoul, des milliers d’hommes et de femmes ont squatté les places publiques, réclamant une meilleure représentation de la femme dans les postes de décision et une mobilisation contre le harcèlement sexuel. Même en Iran, où les progrès sont lents, un musée a été inauguré, dédié à une artiste iranienne mondialement reconnue.
La femme libanaise, elle, est restée sagement chez elle derrière ses fourneaux, à ses loisirs ou à son bureau, pour y vaquer à ses occupations quotidiennes. Indifférente à sa condition de citoyenne de second rang, qui subit la discrimination au quotidien, au sein de sa famille, de son travail, de la vie politique, de la société libanaise. Peu touchée par les huit féminicides commis au Liban en l’espace de six semaines, entre la mi-décembre et fin janvier. Non concernée par les violences faites aux femmes qui se poursuivent, à l’ombre d’une loi imparfaite. Inconsciente de la précarité de sa situation au sein de son mariage, en tant qu’épouse et mère ; des difficultés que traverse chaque Libanaise épouse d’un étranger, dans l’incapacité de transmettre sa nationalité libanaise à son époux et ses enfants ; du drame qu’elle risque de vivre, en cas de divorce, la garde des enfants (même en bas âge) étant encore accordée au père, dans la grande majorité des cas.
Le mariage précoce, réalité de milliers d’adolescentes vivant en zone rurale, ne figure pas au menu de ses préoccupations. Pas plus que le trafic humain dont sont victimes, au pays du Cèdre, de jeunes Syriennes, des travailleuses d’Europe de l’Est et nombre d’employées de maison migrantes en situation de grande précarité…
Pense-t-elle vraiment être prise au sérieux, la femme libanaise, si elle-même ne se prend pas au sérieux ? Si elle ne prend pas son destin en main, si elle ne brise pas tabous et codes établis, pour déranger, revendiquer et se faire entendre, même un jour de semaine ? Surtout un jour de semaine !
À l’apathie des femmes du Liban, société civile y compris, les autorités n’ont qu’une réponse : l’inaction. 111 battantes l’ont bien compris, pour avoir présenté envers et contre tous leur candidature aux législatives. Mais cela demeure insuffisant.
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commentaires (3)
le chien aboie et la caravane passe...notre realite au Liban...
Soeur Yvette
09 h 17, le 09 mars 2018