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Liban - Women in the Front Lines

Stimuler encore et toujours les initiatives en faveur de l’égalité des sexes au Liban

Organisée par la Fondation May Chidiac, la conférence a présenté des femmes influentes qui ont inspiré le leadership féminin.

Ghassan Hasbani entouré de Wafa’ Sleiman, Nayla Moawad et May Chidiac.

Convaincue que la lutte pour l’émancipation des femmes se fera par le haut, la conférence « Women in the Front Lines » a réuni à l’hôtel Phoenicia des femmes d’horizons divers qui ont en commun de s’être fait un nom dans leurs métiers respectifs. Au gré des cinq conférences qui se sont succédé, des femmes diplomates, des entrepreneuses ou encore des actrices ont successivement pris la parole. Toutes ont pour objectif de stimuler la cause féminine et d’être une source d’inspiration pour les jeunes femmes de ce monde.

Étaient notamment présents le vice-président du Conseil, Ghassan Hasbani, le ministre de l’Éducation, Marwan Hamadé, et le ministre d’État aux Droits de la femme, Jean Oghassabian, qui a d’ailleurs insisté sur la nécessité d’ « œuvrer pour libérer la femme et pour éliminer les actions injustes à son égard ».

May Chidiac, fondatrice-présidente de la fondation portant son nom, rentre dans le vif du sujet dès son discours d’ouverture, avec en filigrane les élections législatives : « Il faut que nous reconnaissions enfin que la femme est égale à l’homme, qu’elle peut avoir tous ses droits. En politique, il n’y a que 3 % de femmes. Nous devons œuvrer ensemble pour que des femmes soient élues au Parlement. »

Des succès ont déjà été remportés, comme l’abrogation de l’article 522 du code pénal libanais qui stipulait qu’un violeur peut échapper à toute condamnation s’il reconnaît les faits et épouse la victime. Néanmoins, pour May Chidiac, nous sommes encore loin de l’égalité, et « il faut s’inspirer du pays pionniers comme l’Islande, qui a voté une loi qui consacre l’égalité salariale entre femmes et hommes ».


(Lire aussi : Café-citoyen autour de la candidature des Libanaises aux législatives)


Mettre fin à l’autocensure des femmes
Emmanuelle Lamoureux, ambassadrice du Canada, évoque son expérience et son parcours personnel qui l’a menée à faire carrière dans la diplomatie : « À l’époque, quand j’étais étudiante et que j’avais des ambitions, je n’ai pas pu me trouver de modèle féminin. » Elle espère donc pouvoir inspirer les jeunes générations de femmes en quête de carrière. Et l’ambassadrice d’ajouter : « C’est encourageant qu’il ne soit plus nécessaire de choisir entre la carrière et la famille. »

Ambassadrice de l’Union européenne au Liban, Christina Lassen rappelle qu’il n’est plus exceptionnel de voir des postes d’importance occupés par des femmes : « Je travaille dans un système où mes deux chefs sont des femmes. » Le plafond de verre est néanmoins toujours tangible quand on constate qu’il n’y a jamais eu d’ambassadrice à New York.

Au-delà d’une simple politique morale, Emmanuelle Lamoureux fait l’éloge de l’égalité des genres comme une politique intelligente, car bonne pour l’économie. Une augmentation du taux d’emploi des femmes au niveau de celui des hommes aurait un impact positif sur le PIB de nombreux pays.


(Lire aussi : Women in Front : Une liste sans femmes, c’est honteux !)


Des chemins de vie inspirants et des lueurs d’espoir
Cette conférence a été l’occasion d’avoir des récits inédits de femmes qui se sont battues pour se faire une place. C’est le cas de Rula Ghani, Première dame d’Afghanistan, qui a dû lutter pour que son statut de Libanaise chrétienne maronite soit accepté dans la république islamique. Elle se confie dès lors pour mission d’aider les Afghanes à persévérer dans leur combat quotidien pour leurs droits.

Le récit de Princess Okokon est tout aussi bouleversant. Cette Nigérienne est engagée dans l’identification des victimes de trafic humain parmi les jeunes femmes réfugiées venant de Libye. Elle a auparavant été victime de la traite humaine lorsque, après s’être fait promettre monts et merveilles en Europe, elle s’est retrouvée piégée par des trafiquants d’êtres humains en Italie. Elle fut contrainte d’arpenter les rues de Turin jusqu’à ce qu’elle réussisse à s’échapper. Elle a su rebondir de son statut de victime pour en faire une force, et elle opère désormais dans une ONG italienne luttant contre cette forme contemporaine d’esclavage.

La persévérance, défendue dans chaque discours de cette conférence, est la noblesse de l’obstination. Interrogée par L’OLJ, l’actrice Rita Hayek (à l’affiche du film L’Insulte, nommé pour l’oscar du meilleur film étranger) insiste : « Il faut continuer malgré les obstacles. Je me souviens du bus 5 pour aller à l’université, où je devais faire face aux remarques. Maintenant, je me nourris de ces obstacles pour en faire une force. » L’interrogeant sur le caractère élitiste de cette conférence, elle répond : « Les élites vont être l’épine dorsale du projet. Il faut que les gens du peuple s’identifient aux combats des actrices pour en faire leur combat. »

« L’égalité entre femmes et hommes sera atteinte dans 170 ans », nous informe Tania Moussallem, directrice générale adjointe de la BLC, citant un rapport du Forum économique mondial. Cette échéance paraît certes décourageante, mais il ne faut pas oublier, comme nous le rappelle la chercheuse Haleh Esfandiari, qu’ « aujourd’hui, une majorité d’étudiants en Iran ou au Koweït sont des femmes ».



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