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Moyen Orient et Monde - Conflit

Avancée fulgurante du régime syrien dans la Ghouta

Les forces de Damas ont repris hier plus de 50 % de l’enclave ; l’ONU réclame l’application de la résolution 2401.

De la fumée s’élevait hier à la suite des frappes du régime syrien sur le village de Mesraba dans la région de la Ghouta orientale, assiégée à la périphérie de la capitale Damas. Stringer/AFP

Damas ne semble pas lésiner sur les moyens dont il dispose pour récupérer l’enclave rebelle de la Ghouta orientale. Assiégée de manière quasi totale depuis 2013, zone de désescalade depuis l’été 2017, la région subit depuis la mi-février une offensive particulièrement violente dans le cadre de l’opération « Damascus Steel » lancée par le régime et ses parrains russe et iranien, et qui a fait plusieurs centaines de morts jusque-là. Il s’agit pour Bachar el-Assad d’éliminer une fois pour toutes la menace qui pèse sur la capitale, régulièrement visée par des obus tirés par les groupes rebelles de cette zone autrefois agricole.

L’offensive gouvernementale est à la fois aérienne et terrestre. Les bombardements syriens et russes, ainsi que les tirs d’artillerie, ont permis l’avancée de l’infanterie du régime. Plusieurs centaines de combattants ont été envoyés en renfort depuis mardi et se sont déployés près d’al-Rihane, dans le nord-est de la Ghouta, et de Harasta, à l’ouest, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). « Au moins 700 combattants provenant d’Alep (Nord) et appartenant à des milices afghane, palestinienne et syriennes loyales au régime ont été envoyés », a indiqué son directeur, Rami Abdel Rahmane, selon lequel l’objectif premier de Damas est de couper l’enclave rebelle en deux pour affaiblir les groupes rebelles. La coupure devrait isoler le Nord – qui inclut des villes et localités telles que Douma, Harasta et Chifounia – du Sud, où se situent Jobar, Kfarbatna, Hamouriyyé… D’après la télévision publique syrienne, l’armée gouvernementale a lancé un assaut contre des positions rebelles à Mesraba, une ville à l’ouest de l’enclave, après la reprise des villages de Beit Sawa et Chifounia, entre autres. La prise de Mesraba achèverait de scinder la poche rebelle en deux. 


(Lire aussi : Dans la Ghouta orientale, la trêve n’est qu’une illusion)


Nouvelle attaque au chlore
Le siège de la Ghouta, ainsi que de multiples attaques au chlore – les 13 et 22 janvier, le 25 février et de nouveau hier soir à Saqba, selon des sources sur place, mais l’information n’a pu être confirmée –, sans oublier les offensives terrestres, appuyées par les aviations syrienne et russe, permettent au régime d’avancer à grands pas, malgré les fortifications et tunnels des rebelles. En soirée hier, l’armée avait reconquis plus de 50 % des zones échappant à son contrôle, tandis que les bombardements faisaient 62 morts au moins, dont 18 à Hammouriyé, visée par des bombes incendiaires hier soir. Les pertes quotidiennes, principalement civiles, sont nombreuses faute de soins, les hôpitaux principaux ayant été endommagés ou détruits avant le début de l’offensive terrestre. Le peu d’aides humanitaires livrées à l’enclave rebelle, vidées aux trois quarts par le régime, étaient dépourvues de tout matériel médical, confisqué par le régime avant leur livraison. Cette politique de la terre brûlée a grandement facilité l’avance de l’armée gouvernementale ces derniers jours. Les unités déployées sont parmi les meilleures de l’armée gouvernementales: les Tiger Forces, la 1re division, la 4e division blindée (Forces Ghiath – 42e brigade), la 7e division, la 9e division, la 14e division sont appuyées par la garde républicaine, les Forces tribales et les Forces de Galilée. Au total, 10 000 à 15 000 soldats loyalistes, soutenus par l’armée de l’air syrienne et les forces aériennes russes, participent à l’offensive. 

Pendant ce temps, les trêves quotidiennes de cinq heures, censées avoir lieu entre 9h et 14h, sont systématiquement violées par les deux camps. Elles sont mises en place par Moscou, qui a proposé mardi un sauf-conduit aux groupes rebelles pour quitter la Ghouta orientale avec leurs familles et leurs armes. Le ministère russe de la Défense a assuré hier que certains rebelles s’étaient dit prêts à partir, mais les deux principaux groupes de l’enclave, Jaïch al-Islam et Faïlaq al-Rahmane, ont toutefois démenti tout contact avec la Russie. « Il n’y a pas de négociations en cours sur ce sujet. Les factions présentes dans la Ghouta et leurs combattants tiennent leur territoire et le défendront », a déclaré le porte-parole de Jaïch al-Islam, Hamza Birkdar, à l’agence Reuters. Comme à Alep, cette guerre d’usure devrait pousser les groupes rebelles à se replier vers Douma, selon un commandant loyaliste, avant de négocier un accord d’évacuation, probablement vers la province d’Idleb.


Pendant ce temps, les membres du Conseil de sécurité ont exigé l’application d’une trêve généralisée dans tout le pays, réclamée par la résolution 2401 adoptée le 24 février de manière unanime par le Conseil, mais ignorée de Damas et Moscou. Au cours de la rencontre d’hier, à huis clos et exigée en urgence par Paris et Londres, les membres du Conseil de sécurité se sont penchés sur cette résolution et ont demandé que le convoi humanitaire censé livrer des aides aujourd’hui « parvienne bien à la Ghouta », a affirmé un diplomate sous couvert d’anonymat à l’AFP. « Il est urgent de poursuivre la pression sur ceux qui ont une influence sur le régime syrien », avait déclaré peu avant la réunion l’ambassadeur de France à l’ONU, François Delattre, en référence à la Russie et l’Iran. Mais d’ici là, le scénario s’annonce « apocalyptique », a déploré hier le haut-commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad al-Hussein.



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Damas ne semble pas lésiner sur les moyens dont il dispose pour récupérer l’enclave rebelle de la Ghouta orientale. Assiégée de manière quasi totale depuis 2013, zone de désescalade depuis l’été 2017, la région subit depuis la mi-février une offensive particulièrement violente dans le cadre de l’opération « Damascus Steel » lancée par le régime et ses parrains...

commentaires (3)

pour la Syrie appliquerait la résolution de l'ONU, israel n'a jamais appliqué une seule des résolutions !! vous parlez toujours des victimes civiles, mais jamais des combattants !

Talaat Dominique

18 h 02, le 08 mars 2018

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Commentaires (3)

  • pour la Syrie appliquerait la résolution de l'ONU, israel n'a jamais appliqué une seule des résolutions !! vous parlez toujours des victimes civiles, mais jamais des combattants !

    Talaat Dominique

    18 h 02, le 08 mars 2018

  • Comme mon 1er commentaire n'a pas été publié , je vais édulcoré et dire que voilà un article qui dit clairement que les forces du héros syrien Bashar avancent dans la ghouta non pas en attaquant des civils ou des moutons comme écrit dans un article ce jour, mais en eradiquant les résidus de bacteries wahabites encore présentes en Syrie libre et ïndependante. Publiez ça au moins.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 49, le 08 mars 2018

  • Nous attendons avec impatience de voir ce que le "Héros Bachar" saura faire de son pays, une vois qu'il l'aura libéré de ceux qu'il qualifie de terroristes. Un pays, la Syrie, où règneront la liberté, la démocratie, le bien-être de ses citoyens qui...inchallah...n'auront plus besoin de venir travailler et gagner de l'argent chez nous au Liban, et où seront retournés en quatrième vitesse ses réfugiés qu'il accueillera certainement avec la générosité d'un "Héros" bienveillant. Et tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes à la "Bachar el Assad" ! Irène Saïd

    Irene Said

    09 h 32, le 08 mars 2018

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