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Liban - Législatives 2018 - portrait

Fouad Makhzoumi, un candidat en guerre contre la corruption

Ni avec Hariri ni avec le Hezbollah, le milliardaire se dit certain d’être élu dans la deuxième circonscription de Beyrouth.

Dans le bureau de Makhzoumi, les murs sont tapissés de photos en compagnie de diverses personnalités. Photos fournies par le candidat

Quand on est l’un des hommes les plus riches du Liban, il est difficile de ne pas céder à la tentation du pouvoir. Surtout lorsqu’on est déterminé à lutter contre la corruption, avec des idées bien arrêtées sur la manière de le faire.
Dans son bureau tapissé de photos le montrant avec les grands de ce monde, du pape François à Bill Clinton, en passant par Vladimir Poutine, Fouad Makhzoumi ne mâche pas ses mots à l’égard de la classe dirigeante : « Ce sont ceux qui nous ont conduits à la guerre civile qui continuent à nous gouverner aujourd’hui. »

« La corruption est estimée à environ cinq milliards de dollars par an. Quand la politique intervient dans l’économie, cela pourrit tout », ajoute cet industriel de 65 ans, qui a fait fortune dans le Golfe dans le domaine des pipelines.
Sous le slogan « Le Liban en vaut la peine », il se présente à la tête d’une liste de figures issues de la société civile dans la deuxième circonscription de Beyrouth et se dit certain d’accéder à l’hémicycle.

Fouad Makhzoumi, qui a fondé le Parti du dialogue national, se pose en indépendant et assure n’être soutenu par aucune partie étrangère : « Je ne reconnais ni le 8 Mars ni le 14 Mars. Notre liste n’est ni avec le Hezbollah ni avec Hariri », assure-t-il.
Il s’engage, s’il est élu, à combattre le confessionnalisme et la corruption et engager le Liban « sur la voie d’une économie moderne ».


(Lire aussi : Beyrouth II : comme partout, les alliances attendent Hariri...)


Pour séduire ses électeurs, il propose un « contrat » en dix points qu’il s’engage à remplir et qui répond à plusieurs des doléances des Beyrouthins : il promet de lutter contre le chômage, de trouver des solutions au fléau des embouteillages – dynamiser les transports en commun, construire un périphérique autour de la capitale, créer des parkings publics – augmenter les espaces verts, lutter contre la pollution et résoudre de façon radicale le problème des déchets…
« Beyrouth est devenue un projet immobilier, où on peut acheter, vendre ou louer, mais sans les Beyrouthins », martèle Fouad Makhzoumi, lui-même né dans le quartier de Mazraa, qui assure que les Beyrouthins n’ont plus les moyens de vivre dans leur propre ville.
« Je veux rendre Beyrouth à ses habitants. Et nous voulons qu’il n’y ait pas d’armes dans la capitale », qu’elle soit sous le contrôle de l’État, ajoute cet homme énergique.
Mais quand on le presse sur les grandes questions politiques, il est plus évasif. Il critique à mots couverts « le partenariat » entre le Premier ministre Saad Hariri et le Hezbollah, mais esquive la question sur les armes du parti pro-iranien.

Le milliardaire au franc-parler assure n’avoir « aucun problème avec Saad Hariri ». « D’ailleurs, souligne-t-il, nous l’avons soutenu aux élections municipales. »
Mais pourquoi dans ce cas présenter une liste concurrente ? « Si je me présente avec lui, un de nous va échouer à cause de cette loi électorale », explique Fouad Makhzoumi.
« Si nous sommes élus, nous verrons si nous nous allierons au bloc de Hariri ou avec des indépendants, mais pas avec le Hezbollah », assure-t-il.


(Lire aussi : Beyrouth II : L’accès de « forces nouvelles » se précise dans le paysage électoral)



Une première tentative malheureuse
Fouad Makhzoumi n’en est pas à sa première tentative à Beyrouth. Lorsqu’il s’était présenté en 2000, du temps de la tutelle syrienne, il avait reçu un appel du général Ghazi Kanaan : « Il est interdit que tu te portes candidat, nous te ferons échouer », raconte-t-il. Il avait quand même réussi à obtenir 16 000 voix malgré les intimidations et les harcèlements.
Il est avant tout un homme d’affaires et entend appliquer au monde de la politique son expérience de businessman, une démarche qui ne manque pas de rappeler l’expérience de Rafic Hariri.
D’ailleurs, il reconnaît que l’ex-Premier ministre assassiné était son « modèle ».
Fouad Makhzoumi est lui aussi un self-made man. Il a dû emprunter de l’argent à son oncle pour payer ses études aux États-Unis, et lorsqu’il s’est rendu en Arabie saoudite en 1975, son diplôme en poche, pour trouver un emploi, fuyant la guerre civile qui venait d’éclater au Liban, il a commencé comme simple employé dans une compagnie de pipelines.

Philanthrope, il a créé à son retour au Liban en 1997 une fondation, dirigée par son épouse May Naamani, qu’il a rencontrée sur les bancs de l’International College et qu’il souligne consulter « pour toutes les grandes décisions ». Fouad Makhzoumi est père de deux filles et un garçon, Rami, décédé d’un anévrisme en 2011.
Depuis sa création, la Fondation Makhzoumi a délivré des diplômes de formation professionnelle à 140 000 Libanais, de toutes les régions, et 10 000 familles ont profité de son programme de microcrédits.


(Lire aussi : Le ministère de l’Intérieur annonce un total de 976 candidats dont 111 femmes)



Les grands de ce monde
L’homme d’affaires a aussi des relations « personnelles » avec des dirigeants et des personnalités de par le monde. « J’ai cinquante investissements de par le monde. Il est évident d’avoir des amis partout, souligne-t-il. Je veux employer ces relations pour aider mon pays. »
Il estime que le Liban « doit avoir une relation privilégiée avec les pays du Golfe », notamment l’Arabie saoudite et les Émirats, « pour faire contrepoids à l’Iran qui soutient le Hezbollah ». « Mais nous ne devons pas faire partie des conflits régionaux », ajoute-t-il.
Sur le plan international, Fouad Makhzoumi ne compte plus les amis – tout récemment, il a sauté dans son jet privé pour aller déjeuner avec le Premier ministre grec Alexis Tsipras – des responsables de l’administration américaine à l’équipe du président Emmanuel Macron.
Mais il reconnaît avoir misé sur François Fillon lors de la présidentielle française. « Il connaît bien la région, il a une vision économique et il avait de bonnes relations avec les États-Unis, la Russie et l’Iran » en même temps, explique-t-il.

Interrogé sur le contrat signé avec la société 2F Conseil de François Fillon en juin 2015 pour un montant de 50 000 dollars américains, Fouad Makhzoumi affirme n’avoir rien fait d’illégal. « Fillon a dit qu’il voulait être notre consultant et nous avons signé un contrat avec lui. Lorsqu’il s’est présenté à la présidentielle, nous avons mis fin au contrat, comme il se doit. Quel mal y a-t-il à cela ? »
Il se défend aussi dans l’affaire qui avait poussé le ministre de la Défense britannique, Jonathan Aitken, à démissionner en 1995 après avoir omis de déclarer ses liens passés avec Fouad Makhzoumi. « Je suis citoyen britannique, je suis pour les conservateurs, j’ai donné de l’argent à Cameron et à Theresa May. C’est parfaitement légal », assure-t-il.
Parmi ses amis figure également l’ancien Premier ministre italien Romano Prodi, qui a préfacé sa biographie, L’Avenir réinventé. « Sa biographie est impressionnante, mais prématurée, y écrit-il. Il a encore beaucoup à faire et à offrir, à son pays surtout. »


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commentaires (2)

TOUS LES CORROMPUS DECLARENT LA MEME CHOSE. QUAND ON EST ENCORE DEHORS...

LA LIBRE EXPRESSION

14 h 47, le 07 mars 2018

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Commentaires (2)

  • TOUS LES CORROMPUS DECLARENT LA MEME CHOSE. QUAND ON EST ENCORE DEHORS...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 47, le 07 mars 2018

  • J'aimerai bien qu'il me présente un concurrent qui déclare haut et fort être POUR la corruption .

    FRIK-A-FRAK

    13 h 43, le 07 mars 2018

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