Rechercher
Rechercher

Économie - Transport

Les deux grands ports libanais bientôt en chantier

Beyrouth veut développer ses infrastructures portuaires pour les vingt prochaines années. Tripoli attend que le Parlement approuve un prêt de la Banque islamique de développement.

Les ports de Beyrouth (en haut) et de Tripoli. Photos S.R. et Gulftainer

Les ports de Beyrouth et Tripoli, les deux plus importants du Liban, se portent bien, à en croire leurs résultats annuels, tandis que leurs directions respectives préparent l’avenir, chacune de son côté.

Le port de la capitale a en effet engrangé 245,1 millions de dollars de revenus en 2017, un chiffre en hausse de 0,4 % en un an. « La hausse réelle de l’activité du port est plus importante que ce que la variation des revenus suggère, vu que certaines opérations facturées en 2017 ne seront réglées que cette année », explique à L’Orient-Le Jour le PDG de la Compagnie de gestion et d’exploitation du port de Beyrouth, Hassan Koraytem. « La hausse est plus importante, si on se base sur le nombre de conteneurs qui est passé de 1,047 million en 2016 à 1,305 million en 2017 », ajoute-t-il. Le nombre de navires et de tonnes de marchandises qui ont transité par Beyrouth ont toutefois légèrement reculé en 2017, de respectivement 5,2 % à 1 909 navires et 1,2 % à 8,6 millions de tonnes (dont 87,5 % d’importations).


(Lire aussi : Fenianos annonce la création d’un port à Naqoura)


Remplacement du rail

Le port de Tripoli, le 2e du pays, a lui aussi affiché un bilan positif, même si son rendement est encore loin d’être comparable à celui de la capitale. Sa direction a annoncé 16,6 millions de revenus en 2017, un chiffre ne hausse de 14,2 % en un an. « Le déploiement de grues géantes sur le terminal conteneur au début de l’été dernier a dopé l’activité », reconnaît le directeur général du port, Ahmad Tamer. Ces portiques de manutention acquis et opérés par la société Gultainer, qui a remporté en 2012 l’adjudication pour gérer le terminal-conteneur de Tripoli pendant 25 ans, peuvent intervenir sur la majorité des navires. Si le nombre de bâtiments qui ont accosté à Tripoli en 2017 a reculé de 5,3 %, à 771, celui de tonnes de marchandises qui ont passée par le port a augmenté de 1,3 %, à 1 941 million de tonnes (dont 79,1 % d’importations).

Plus concurrents que complémentaires, faute d’une volonté de l’État d’intervenir sur la répartition du transport maritime et terrestre, les ports de Beyrouth et de Tripoli prévoient de lancer à moyen terme d’importants chantiers pour développer leurs infrastructures respectives. « Nous avons commandé une étude afin de planifier le développement du port pour les 10 à 20 prochaines années. Nous espérons qu’elle sera transmise – après validation du ministère des Travaux publics et des Transports – au Conseil des ministres et approuvée par ce dernier (au printemps) », indique M. Koraytem. Selon plusieurs sources concordantes les travaux devraient en principe concerner l’extension des capacités de stockage du port – quasiment saturées, selon plusieurs transporteurs – ou encore l’installation de nouvelles grues géantes, au nombre de 12 actuellement. Le port prévoit en outre de lancer, dès avril, une importante opération de maintenance pour remplacer le rail sur lequel coulissent une partie de ses grues et qui sont en service depuis plus de quinze ans. Les travaux devraient durer environ six mois, selon M. Koraytem.



PPP avec une entreprise chinoise

La même effervescence est palpable à Tripoli, où la direction du port et celle de Gulftainer attendent le lancement de plusieurs projets pour développer la zone portuaire. « Nous attendons tout d’abord que le Parlement approuve le prêt de 86 millions de dollars que la Banque islamique de développement a accordé au Liban (au printemps 2017) et qui a depuis été approuvé par le Conseil des ministres (courant janvier) », souligne le président de Gulfltainer au Liban, Antoine E. Amatouri. Ce montant, qui pourrait en théorie être validé par les députés avant les élections législatives prévues en mai, doit principalement servir à financer les travaux pour augmenter les capacités de stockage du port – de 300 000 à 750 000 conteneurs – et à moderniser les infrastructures existantes, pour un chantier qui devrait durer trois ans. « Les travaux lancés par le ministère des Travaux publics et des Transports en septembre 2016 pour augmenter la capacité de 100 000 à 300 000 conteneurs pour 7,8 millions de dollars ont été achevés depuis un moment note pour sa part M. Tamer. 

Autre chantier majeur : l’extension de 450 mètres supplémentaires, du terminal-conteneur de 600 mètres dont est équipé le port depuis fin 2015. Un chantier qui pourrait être confié au groupe de construction China Harbour Engineering Company, qui avait pris en charge la construction du quai et avec laquelle le ministre des Travaux publics, Youssef Fenianos, a déjà entamé des discussions. Le financement du projet pourrait également prendre la forme d’un partenariat public-privé (PPP) suggère M. Amatouri. La loi sur les PPP, qui fixe le cadre réglementaire des contrats par lesquels l’État ou ses institutions peuvent confier au secteur privé la construction, la modernisation ou la gestion d’équipements et d’infrastructures dans plusieurs domaines, a été adoptée l’été dernier.

Enfin, les relations entre les administrations des deux ports restent cordiales, quelques mois après la polémique créée par la décision – annulée dans la semaine qui a suivi son adoption – du Conseil supérieur des douanes de rediriger les rouliers à destination de Tripoli (navires qui transportent des camions) vers le port de Beyrouth. Un épisode qui s’ajoute à plusieurs autres, tous liés aux douanes, qui crispent ponctuellement les relations des Tripolitains avec la capitale.

Alors que la 2e ville du pays accueille ses premiers grands transporteurs depuis plus d’un an, Beyrouth écarte de son côté toute idée d’une rivalité entre les deux sites. Selon M. Koraytem, les clients qui vont à Tripoli le font pour des raisons qui leur sont propres, et non à cause d’éventuelles difficultés qu’ils rencontrent dans la capitale. Une interprétation confirmée par certains transporteurs, mais qui n’empêche pas Gulftainer de vouloir proposer des réductions sur certains de ses tarifs (accostage et remorquage) pendant que le port de Beyrouth fait remplacer les rails de ses grues…



Les ports de Beyrouth et Tripoli, les deux plus importants du Liban, se portent bien, à en croire leurs résultats annuels, tandis que leurs directions respectives préparent l’avenir, chacune de son côté.Le port de la capitale a en effet engrangé 245,1 millions de dollars de revenus en 2017, un chiffre en hausse de 0,4 % en un an. « La hausse réelle de l’activité du port est plus...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut