Rechercher
Rechercher

Économie - Interview

Rodolphe Saadé : CMA CGM renforce sa présence au Liban

Dans une interview exclusive à « L’Orient-Le Jour », le nouveau PDG de CMA CGM, Rodolphe Saadé, évoque tous les projets de développement du transporteur au pays du Cèdre et annonce la prise de participation de MERIT, la holding familiale de son père Jacques Saadé, dans Bank of Beirut.

Photo D.R.

CMA CGM a engrangé des bénéfices sur les trois premiers trimestres de 2017 après un exercice 2016 plus difficile. Cette dynamique s’est-elle prolongée au quatrième trimestre 2017 ?
L’année 2017 a été une année marquante pour l’histoire du groupe. Mon père, Jacques Saadé, m’a confié la direction générale du groupe CMA CGM en février, et sa présidence en novembre. Au cours de cette année, nous avons poursuivi notre stratégie de développement et les résultats de 2017 sont positifs. Nous anticipons un chiffre d’affaires global d’environ 20 milliards de dollars sur l’ensemble de l’année, ce qui représente une forte hausse de près de 25 % par rapport à 2016. Aujourd’hui, CMA CGM c’est 30 000 collaborateurs dans plus de 160 pays, plus de 19 millions de conteneurs acheminés en 2017 et une flotte de près de 500 navires.

Vous avez eu une année riche en actualités, avec la concrétisation d’un certain nombre d’alliances et d’acquisitions…
La priorité, c’est le développement du groupe. En 2017, nous avons à la fois mené des acquisitions, signé des accords opérationnels majeurs et renforcé notre offre de services. Ainsi, le 1er avril dernier, nous avons lancé une alliance maritime opérationnelle, Ocean Alliance, la plus grande du secteur et dans laquelle CMA CGM joue un rôle primordial. Au niveau des acquisitions, nous avons acheté Mercosul, un spécialiste brésilien du transport maritime Sofrana Unilines, dans les îles du Pacifique, entre autres opérations.

Comment expliquez-vous la bonne santé du groupe CMA CGM et ses résultats financiers. Est-ce lié à la conjoncture ou aux décisions stratégiques du groupe ?
C’est une combinaison des deux. La conjoncture s’était effectivement améliorée en 2017. Mais notre stratégie est efficace et porte d’ores et déjà ses fruits. Les résultats de CMA CGM sont supérieurs à ceux de ses concurrents sur cette période et nos marges opérationnelles sont les meilleures du secteur. Nous sommes un groupe solide et bien géré, nos résultats sont bons et nos services plus que compétitifs.


(Lire aussi : CMA CGM, premier armateur à adopter le GNL pour ses futurs navires)



Quelles sont les perspectives pour 2018 ?
L’économie mondiale va bien. Les perspectives sont bonnes pour 2018 avec une croissance estimée du marché autour de 5 %. Tous les voyants sont au vert, mais nous restons vigilants parce que les choses vont vite dans notre secteur. Dans ce contexte, CMA CGM va poursuivre en 2018 sa stratégie de développement dans le transport maritime et terrestre et dans la logistique. Je pars du principe que de plus en plus de nos clients souhaitent confier toute la chaîne logistique à un opérateur unique, ce qui renforce notre conviction que CMA CGM doit être capable de répondre à cette demande.

Vous avez passé commande, en septembre, de neuf navires géants qui fonctionnent au GNL, plus chers que des bâtiments qui consomment du fuel, mais moins polluants...
C’est une décision qui va révolutionner le transport maritime. Nous sommes les premiers à faire ce choix, qui a été motivé par deux raisons.
La première est écologique : nous sommes une entreprise responsable et il est important de mener une politique environnementale ambitieuse. La deuxième est liée à l’évolution de la réglementation dans les transports maritimes plafonnant le taux d’émission de soufre des navires à 0,5 % contre 3,5 % actuellement dès 2020. Nous sommes les premiers à prendre une telle décision et espérons que d’autres compagnies maritimes suivront le mouvement.


(Pour mémoire : CMA CGM cède 90 % d’un terminal à Los Angeles pour 820 millions de dollars)


L’année 2017 a également été marquée par le lancement de plusieurs projets de CMA CGM au Liban, notamment dans la Békaa et à Tripoli. Quels objectifs visez-vous et est-ce un moyen de vous positionner pour la reconstruction de la Syrie ou de l’Irak ?
Le Liban possède de nombreux avantages stratégiques pour nous. Nous sommes de plus, par nos origines, très attachés à notre pays et souhaitons vivement contribuer à son développement, que ce soit à travers le développement de l’activité maritime et logistique du groupe CMA CGM ou en investissant dans l’économie via la holding familiale MERIT.
La création de l’entrepôt de Taanayel (Békaa) courant 2017 est d’abord motivée par la nécessité de nous rapprocher de nos clients dans la Békaa, qui sont majoritairement des exportateurs de produits agricoles que nous transportons dans des conteneurs réfrigérés. Or depuis la fermeture en 2015 du poste-frontière syro-jordanien, 90 % des exportations de fruits et légumes libanais se font par voie maritime, ce qui nous a donné l’idée de construire ce dépôt où nous stockons des conteneurs vides. Nous allons d’ailleurs faire la demande aux autorités douanières et gouvernementales d’établir un point de contrôle douanier pour stocker des conteneurs pleins, ce qui offrira un avantage à tous nos clients de la Békaa, notamment les importateurs, et nous mettra au premier plan logistique pour la reconstruction à venir de la Syrie.
Nous avons également renforcé notre position dans le port de Tripoli (NDLR : où le groupe s’est positionné dès 2016), en prenant une participation de 20 % dans le capital de Gulftainer Lebanon, l’opérateur qui gère le terminal conteneur du deuxième port du pays après Beyrouth. Le port de Tripoli est essentiel pour le développement de l’économie libanaise. Il offre un autre point d’accès vers la Syrie et complète le rôle du port de Beyrouth qui fonctionne à pleine capacité, voire au-delà, et qui va être en travaux pendant six mois. En parallèle, nous avons également réservé 6 000 m² d’entrepôts dans la zone franche du port de Tripoli.
Mais, pour nous, le Liban a un rôle qui va au-delà de ses frontières. C’est pour cela que nous avons décidé de créer à Beyrouth une direction régionale qui supervisera nos activités au Liban, en Arabie saoudite, à Chypre, en Irak, en Jordanie et en Syrie.

Quels autres investissements avez-vous récemment réalisés à travers la holding MERIT ?
Il est important pour nous de nous engager dans l’économie libanaise et de contribuer au développement économique de notre pays. À travers MERIT, nous avons donc pris une participation d’un peu moins de 5 % dans le capital du groupe ABC de la famille Fadel, qui possède plusieurs centres commerciaux dont le potentiel n’est plus à démontrer. Nous avons aussi décidé de prendre une participation minoritaire de près de 5 % dans le capital de Bank of Beirut * (NDLR : BOB ; l’une des plus grandes banques du Liban en termes de dépôts) avec qui nous travaillons depuis 1981. L’opération doit encore être approuvée par la Banque du Liban. Enfin, mercredi, j’ai signé avec l’ESA un partenariat pour favoriser le développement des start-ups libanaises en finançant leur incubateur Smart ESA.


Pour mémoire
CMA CGM annonce un bénéfice net « record » de 323 millions de dollars à fin septembre

CMA CGM, 7e entreprise préférée des stagiaires

CMA CGM annonce l’ouverture d’un port sec à Taanayel

CMA CGM a engrangé des bénéfices sur les trois premiers trimestres de 2017 après un exercice 2016 plus difficile. Cette dynamique s’est-elle prolongée au quatrième trimestre 2017 ?L’année 2017 a été une année marquante pour l’histoire du groupe. Mon père, Jacques Saadé, m’a confié la direction générale du groupe CMA CGM en février, et sa présidence en novembre. Au cours...

commentaires (2)

Bon Sang ne saurait mentir. Es que le fils surpassera le père . Meilleurs Souhaits et bon vent.

HUSNY JOSEPH

15 h 29, le 07 juillet 2018

Tous les commentaires

Commentaires (2)

  • Bon Sang ne saurait mentir. Es que le fils surpassera le père . Meilleurs Souhaits et bon vent.

    HUSNY JOSEPH

    15 h 29, le 07 juillet 2018

  • Mabrouk pour M. Rodolphe Saadé et courage pour sa nouvelle mission .

    Antoine Sabbagha

    19 h 21, le 09 février 2018

Retour en haut