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À La Une - Liban

Non à la politisation de l'affaire Ziad Itani, mettent en garde Aoun et Hariri

Le peuple libanais ne présente d'excuses à personne, s'insurge le ministre de la Justice.

Le comédien libanais Ziad Itani. Photo tirée de la page Facebook de Ziad Itani

Le président libanais, Michel Aoun, et le Premier ministre, Saad Hariri, ont appelé samedi à ne pas politiser l'affaire Ziad Itani, du nom du comédien libanais accusé de collaboration avec Israël, au lendemain des propos du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui a affirmé que "tous les Libanais s'excusent auprès de Ziad Itani", après avoir révélé que le dossier était fabriqué de toute pièce.

"Tout le monde doit respecter le secret de l'enquête et s'abstenir de rendre publiques des informations avant la fin de la procédure judiciaire", a prévenu Michel Aoun, dans un message sur la page Twitter de la présidence de la République. "Les dossiers entre les mains de la justice doivent rester à l'écart de toute tentative d'exploitation, quel qu'en soit le but", a ajouté le chef de l'Etat. 

Même son de cloche de la part de Saad Hariri, dont le bureau de presse a publié un communiqué en ce sens. Le Premier ministre a ainsi appelé à "écarter cette affaire des tensions politiques et de l'arène médiatique et de cesser de l'exploiter en faisant du tort à la réputation de la justice et des forces de l'ordre". 

"Cette affaire est entre les mains de la justice et des forces de l'ordre qui assument leurs responsabilités en vertu de la loi, loin de toute politisation. C'est ce qu'a fait d’abord le département de la Sécurité de l'Etat, et c'est ce que font actuellement les Forces de sécurité intérieure (FSI) et leurs services de renseignement, suite à une décision de justice", a ajouté M. Hariri. 

Hier soir, Nouhad Machnouk avait présenté des excuses "au nom de tous les Libanais" à Ziad Itani, arrêté le 23 novembre 2017 et accusé de collaboration avec Israël, des sources proches du ministère affirmant à L’Orient-Le Jour que toute l’affaire était "un dossier monté de toutes pièces".

"Tous les Libanais s’excusent auprès de Ziad Itani. L’innocence ne suffit pas. Notre fierté envers lui et son patriotisme constituent la seule vérité. Malheur aux haineux, aux idiots, aux communautaristes qui n’ont trouvé que cette cible digne, ce Beyrouthin authentique et arabe, qui ne s’est jamais départi de son arabité et de son appartenance beyrouthine", avait écrit M. Machnouk sur son compte Twitter, exprimant sa "gratitude au Premier ministre Saad Hariri qui a suivi le dossier depuis le début".

"Le peuple libanais ne présente d'excuses à personne, et il est indigne qu'un responsable présente ses lettres de créance électorales en réclamant de telles excuses. L'innocence ou l'inculpation relève uniquement de la Justice, qui énonce ses verdicts seule, au nom du peuple libanais", a réagi aujourd'hui le ministre de la Justice, Salim Jreissati, dans un message signé par ses initiales sur son compte Twitter, dans une critique claire à l'adresse de Nohad Machnouk.


"Le peuple libanais n'est pas concerné par les excuses présentées à Ziad Itani. C'est à vous, les responsables au pouvoir, de présenter des excuses pour ce fiasco sécuritaire et juridique et démissionnez (...)", a pour sa part écrit sur Twitter le leader druze Walid Joumblatt.

M. Itani, dont l’arrestation avait causé une onde de choc, avait fait des aveux relatifs à la surveillance de personnalités politiques pour le compte d’Israël, selon un communiqué du service de la Sécurité de l’Etat, puis s’était par la suite rétracté, démentant les accusations portées contre lui.

Des sources proches du ministère de l’Intérieur contactées par L’OLJ ont qualifié l’affaire Itani de "dossier monté de toutes pièces", assurant que "d’autres personnes impliquées dans la fabrication de ce dossier seront bientôt désignées". Ces sources ajoutent que M. Machnouk était convaincu de l’innocence de M. Itani depuis quelque temps, notamment depuis que l’affaire a été transférée de la Sécurité de l’Etat aux renseignements des FSI.


"Ziad Itani a payé très cher"

L’ancienne directrice du bureau de lutte contre la cybercriminalité au sein des FSI, Suzanne Hajj, est interrogée dans le cadre de cette affaire. Mme Hage, démise de ses fonctions en octobre et transférée au bureau du directeur général des FSI, Imad Osman, était interrogée par les services de renseignements des FSI. 

Selon un analyste qui suit de près le dossier, Suzanne Hajj avait perdu son poste à la suite d’un retweet "malheureux" d’un message ironique contre l’Arabie saoudite. Un certain Ziad Itani avait diffusé la capture d’écran de son retweet et elle aurait monté l’affaire pour se venger, mais se serait trompée de victime en raison de l’homonymie.

L'avocat de Ziad Itani, Rami Itani, a annoncé samedi que son client sera libéré "très prochainement".

Lors d'une conférence de presse aujourd'hui, l'association de la famille Itani a remercié Saad Hariri, Nouhad Machnouk et les autorités judiciaires compétentes "pour avoir déjoué le complot qui se tramait" contre Ziad Itani et appelé les dirigeants à ne pas instrumentaliser l'affaire pour des causes électorales, alors que les législatives sont prévues le 6 mai.

"Nous demandons que cette affaire soit tenue à l'écart du bazar politique et de la question des élections législatives car certains tentent de se faire une popularité en exploitant ce dossier", a martelé un porte-parole de la famille, lors d'une conférence de presse. 

"Nous avons toujours cru en l'innocence de Ziad Itani. Nous n'accusons personne, nous attendons la suite de l'enquête", a insisté la famille Itani. "Ziad Itani a payé très cher, et nous ne laisserons pas cette affaire passer comme si de rien n'était", a-t-elle conclu.


Pour mémoire

Les interrogations autour de l’arrestation de Ziad Itani se multiplient

Le président libanais, Michel Aoun, et le Premier ministre, Saad Hariri, ont appelé samedi à ne pas politiser l'affaire Ziad Itani, du nom du comédien libanais accusé de collaboration avec Israël, au lendemain des propos du ministre de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, qui a affirmé que "tous les Libanais s'excusent auprès de Ziad Itani", après avoir révélé que le dossier était...

commentaires (6)

L,AFFAIRE EST POLITIQUE DE PAR SON ESSENCE !

LA LIBRE EXPRESSION

18 h 17, le 03 mars 2018

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Commentaires (6)

  • L,AFFAIRE EST POLITIQUE DE PAR SON ESSENCE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    18 h 17, le 03 mars 2018

  • Le peuple libanais a besoin que NOS RESPONSABLES POLITIQUES du premier au dernier s'excusent d'avoir laissé notre pays s'enfoncer dans un tel marasme généralisé, un pays où plus rien, dans tous les domaines, ne fonctionne selon les règles. Nous vivons dans une jungle inimaginable dans laquelle seul le plus fort en corruption et malhonnêteté peut régner en écrasant tous ceux qui essayent de s'opposer à lui... Irène Saïd

    Irene Said

    17 h 13, le 03 mars 2018

  • C'est à s'y perdre. On dit qu'il est innocent puis que l'enquête continue.... Parfait...parfait!

    Sarkis Serge Tateossian

    15 h 30, le 03 mars 2018

  • C'est vrai aussi. Le peuple libanais aussi a besoin qu'on lui presente des excuses.

    FRIK-A-FRAK

    13 h 00, le 03 mars 2018

  • Assez de baratin ce type a été injustement accusé de trahison alors qu'il faisait son travail avec le plus grand professionnalisme, une sincérité, éthique et courage. De nos jours il n y a pas beaucoup au Liban qui puissent agir avec tant d'amour et de passion pour son pays. C'est au nom du peuple libanais certains ont voulu l'atteindre très injustement, et il serait juste de lui présenter des excuses au nom de ses concitoyens. On est une famille avec nos différences et divergences parfois...et ça certains ne l'ont pas bien compris.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 36, le 03 mars 2018

  • Ou allons nous.. Certains derapages deviennent inquietants !

    Cadige William

    12 h 28, le 03 mars 2018

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