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À La Une - proche-orient

Fidèles et touristes désenchantés devant les portes closes du Saint-Sépulcre

Les visiteurs, prévenus ou pris de court, affrontent la réalité avec déception, résignation et parfois humour, mais toujours sans tapage.

Des centaines de pèlerins et de touristes du monde entier ont trouvé, le lundi 26 février 2018, les portes du Saint-Sépulcre fermées pour le deuxième jour consécutif à Jérusalem, en guise d'exceptionnelle protestation contre les autorités israéliennes. REUTERS/Ronen Zvulun

Déconfits, des centaines de pèlerins et de touristes du monde entier ont trouvé lundi les portes du Saint-Sépulcre fermées pour le deuxième jour consécutif à Jérusalem, en guise d'exceptionnelle protestation contre les autorités israéliennes.

Les vastes battants en bois du site le plus saint de la chrétienté, franchis quotidiennement par des milliers de personnes en temps normal, sont obstinément clos depuis dimanche midi en réponse à des mesures fiscales de la municipalité de Jérusalem et à une proposition de loi touchant les biens des Églises chrétiennes. La mesure est exceptionnelle, à la mesure de la crispation qu'entendent exprimer les chefs des Églises grecque orthodoxe, arménienne et catholique, qui partagent la garde des lieux. Personne ne peut dire quand les vantaux antiques rouvriront pour laisser les fidèles s'agglutiner dans une lumière sépulcrale là où la tradition situe la crucifixion et le tombeau du Christ.

Sur le parvis devant la vaste bâtisse séculaire, les visiteurs, prévenus ou pris de court, affrontent la réalité avec déception, résignation et parfois humour, mais toujours sans tapage. Beaucoup, venus de loin et pour la première fois, se promettaient un des moments les plus intenses de leur séjour en Terre sainte. Tous ne comprennent pas. Des groupes improvisent une prière en plein air autour d'une croix en bois.


(Lire aussi : Saint-Sépulcre : le bras de fer continue entre les chefs des Églises chrétiennes de Jérusalem et la municipalité)



"Mauvais" pour le tourisme 
Aleana Doughty, une Américaine de 35 ans venue en groupe, n'a appris la nouvelle qu'une vingtaine de minutes auparavant, sans connaître les tenants et les aboutissants complexes de la querelle. "On nous a dit que c'était politique. C'est désolant, c'est un site tellement saint", dit-elle.
Michael Katten, déjà là quand il était adolescent, est revenu d'Inde 40 ans après avec sa femme Vanagakshi, chrétienne. "Les touristes sont pris en otage par les politiciens", s'exclame-t-il avec humour pour conjurer leur mauvaise fortune. Son épouse, elle, a l'air plus sérieusement démonté: "J'avais promis à ma mère de lui rapporter quelque chose de ce lieu saint et de dire une prière".

Le coup est "très mauvais pour les touristes", déplore leur guide sous couvert de l'anonymat. Comme ses collègues, il essaie de répondre aux demandes d'explication de son groupe, sans entrer dans les considérations politiques et compliquées propres à la ville trois fois sainte.

Les chefs des Églises dénoncent la décision récente de la municipalité israélienne de leur faire payer des impôts sur une partie de leurs biens immobiliers. Les taxes ne porteraient pas sur les lieux de culte comme le Saint-Sépulcre, mais les biens qui génèrent des revenus, des loyers par exemple, dit la municipalité. Les arriérés sont chiffrés par la mairie à quelque 150 millions d'euros. Autant d'argent qui ne financerait plus leurs importantes œuvres sociales, disent les Églises. Elles s'insurgent aussi contre une proposition de loi qui permettrait à l’État hébreu d'exproprier des terres vendues par l’Église orthodoxe à des investisseurs privés. Le texte, qui prévoit de compenser financièrement les investisseurs, vise à rassurer les habitants qui craignent de voir les investisseurs les expulser pour des programmes plus rentables.


"Fermer tous les sanctuaires"
La loi n'hypothèque pas seulement les activités des Églises, disent celles-ci : on cherche selon elles à amoindrir la présence chrétienne.

Dans une ville comme Jérusalem, proclamée par les Israéliens leur capitale indivisible mais revendiquée par les Palestiniens pour capitale de l’État auquel ils aspirent, le soupçon d'hégémonisme au détriment des minorités n'est jamais loin. Les quelque 50.000 chrétiens de Cisjordanie et de Jérusalem partagent largement avec les musulmans palestiniens une vision nationale de Jérusalem. Le Saint-Sépulcre se trouve dans la Vieille ville à Jérusalem-Est, annexée par Israël.

Cette fermeture a très peu de précédents au cours des 25 dernières années. Les responsables des Églises restent discrets mais laissent entendre leur détermination. Même si l'échéance est lointaine, les chrétiens célèbrent dans un mois Pâques, qui draine des masses de visiteurs et de revenus. "Nous avons fermé l'église pour des raisons précises et jusqu'à nouvel ordre", dit un responsable sous couvert de l'anonymat.
La représentante de la diplomatie européenne Federica Mogherini a l'espoir qu'une "solution sera trouvée rapidement", a-t-elle dit à la presse à Bruxellles.

Le père Kevin Peek, venu des Etats-Unis, est lui aussi déçu, mais dit "comprendre" cette décision. "Les dirigeants d'ici doivent comprendre que leur réussite dépend aussi du tourisme", dit-il, et s'ils persistent, "je crois qu'il serait bienvenu de fermer tous les sanctuaires" dans le monde, y compris le Vatican.


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Déconfits, des centaines de pèlerins et de touristes du monde entier ont trouvé lundi les portes du Saint-Sépulcre fermées pour le deuxième jour consécutif à Jérusalem, en guise d'exceptionnelle protestation contre les autorités israéliennes. Les vastes battants en bois du site le plus saint de la chrétienté, franchis quotidiennement par des milliers de personnes en temps...

commentaires (3)

Il faut tenir dur contre l'état Israélien. Je viens de voir à la TV que le parlement est entrain de revoir tout. Faites attention les chrétiens de ne pas vous disputer

Eleni Caridopoulou

18 h 10, le 27 février 2018

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Commentaires (3)

  • Il faut tenir dur contre l'état Israélien. Je viens de voir à la TV que le parlement est entrain de revoir tout. Faites attention les chrétiens de ne pas vous disputer

    Eleni Caridopoulou

    18 h 10, le 27 février 2018

  • LE CHRIST RECRUCIFIÉ !

    LA LIBRE EXPRESSION

    13 h 27, le 27 février 2018

  • C'est au tour des chrétiens palestiniens de passer à la casserole de lusurpation .

    FRIK-A-FRAK

    22 h 56, le 26 février 2018

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