Le président libanais, Michel Aoun, a plaidé jeudi à l'issue d'une rencontre avec son homologue arménien, Serge Sarkissian, pour une solution pacifique en Syrie et pour une entente internationale permettant le retour des réfugiés syriens dans des "zones sûres" de leur pays désormais sous le contrôle du régime de Damas.
Dans un communiqué publié à l'issue de l'entretien avec le président Sarkissian, le chef de l'Etat, en visite officielle en Arménie depuis hier, a souligné par ailleurs que les deux pays étaient d'accord pour renforcer leur "amitié et leur coopération, dans l'intérêt de nos peuples". "Nous avons eu une discussion positive et constructive, durant laquelle nous avons abordé les relations entre nos deux pays (...) et les moyens requis pour leur renforcement", a souligné le président Aoun.Les deux hommes ont en outre abordé la situation régionale et ont insisté sur la nécessité d'adopter des solutions pacifiques aux conflits de la région, notamment en Syrie. "La violence n'entraîne que la violence", a affirmé le président libanais. Il a fait part au président arménien des défis que pose "l'extension des menaces des organisations terroristes (syriennes) et de leurs cellules vers le Liban". Il a également évoqué le poids de la présence des réfugiés syriens au Liban. Le conflit qui ravage la Syrie depuis 2011 a fait plus de 340.000 morts et jeté des millions de déplacés et réfugiés sur la route de l'exil. Près d'un million d'entre eux ont trouvé refuge au Liban où ils vivent dans une extrême pauvreté, selon l'ONU. Fin novembre, le Haut-Commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR) a recensé 997.905 réfugiés syriens enregistrés au Liban, en grande majorité des femmes et des enfants.
"Il est nécessaire d’œuvrer pour parvenir à une entente internationale qui puisse garantir leur retour dans des zones sûres dans leur pays désormais sous le contrôle de l'Etat syrien", a dit le président.
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Le chef de l'Etat arménien a de son côté exprimé sa reconnaissance au Liban pour son accueil des survivants du génocide arménien qui a eu lieu au XXe siècle, ainsi que pour son accueil des réfugiés syriens.
Les Libanais d'origine arménienne sont estimés à quelque 140.000 et la majorité d'entre eux sont des descendants des survivants du génocide. Les Arméniens et plusieurs historiens estiment que 1,5 million de personnes ont été tuées de manière systématique entre 1915 et 1917, pendant les dernières années de l'Empire ottoman. Le Liban est le seul pays de la Ligue arabe à reconnaître officiellement le génocide arménien. La Turquie récuse ce terme, arguant d'une guerre civile en Anatolie, doublée d'une famine, dans laquelle 300.000 à 500.000 Arméniens et autant de Turcs sont morts.
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Menaces israéliennes
M. Aoun a par ailleurs passé en revue les menaces israéliennes contre le Liban, celles-ci ayant été exacerbées dernièrement en raison de conflits autour de l'exploitation de ressources gazières et pétrolières offshore dans une zone maritime contestée entre le Liban et Israël, et de la construction d'un mur en béton israélien dans un zone frontalière disputée. Le président Aoun a fait savoir à M. Sarkissian que le Liban comptait sur les amitiés du pays du Cèdre sur le plan international afin de faire face aux menaces israéliennes et lui a assuré que Beyrouth "est attaché à ses frontières maritimes et terrestres et à son droit à les défendre pour tous les moyens".
Serge Sarkissian a pour sa part rappelé que son pays contribuait modestement à la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) en ayant un contingent au Liban-Sud.
Le président Sarkissian a également évoqué le conflit militaire dans la région contestée du Nagorny-Karabakh avec l'Azerbaïdjan. Le Nagorny-Karabakh est une région peuplée majoritairement d'Arméniens qui a fait sécession de l'Azerbaïdjan au moment de l'éclatement de l'Union soviétique en 1991. Son indépendance n'est pas reconnue par la communauté internationale. "Toute solution doit prévoir la mise en application du principe d'auto-détermination des peuples", a affirmé le président Sarkissian devant son homologue libanais.
Le président Aoun s'est ensuite rendu au siège du Parlement arménien où il s'est entretenu avec le président de la Chambre, Ara Babloyan. Il a également eu un tête à tête avec le Premier ministre, Karen Karapetyan. M. Aoun a fait savoir à M. Karapetyan que les préparatifs de la visite de ce dernier les 12 et 13 mars au Liban se feront en coordination avec le chef du gouvernement libanais, Saad Hariri, et les ministres concernés, "afin que cette visite soit fructueuse et réussie". Le Premier ministre a de son côté précisé quatre secteurs où la coopération entre le Liban et l'Arménie est possible : le secteur bancaire, le secteur industriel, le secteur agricole et le secteur des télécommunications et des nouvelles technologies.
Mercredi, M. Aoun, qui venait de Bagdad, avait entamé sa visite par un entretien avec le catholicos arménien Karekine II. Le président Aoun s'était ensuite recueilli devant le Mémorial du génocide arménien où il avait déposé une gerbe de fleurs. Il avait également planté un cèdre dans le jardin du site. Le chef de l’État libanais avait en outre visité le Musée de la mémoire et écrit un mot sur son livre d'or. Michel Aoun avait ensuite rencontré des membres de la diaspora libanaise en Arménie.
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21 h 59, le 22 février 2018