Zahlé : Hariri et les FL... face au CPL ?

Tout comme la bataille dans la circonscription à dominante chrétienne du Liban-Nord (Zghorta-Bécharré-Koura-Batroun), la compétition attendue à Zahlé revêt une importance certaine.
Plusieurs observateurs voient d’ailleurs quelques similitudes entre les deux circonscriptions, même si les enjeux politiques et électoraux ne sont pas identiques. D’autant que ce sont les grandes formations chrétiennes, ainsi que le Hezbollah et plusieurs notables de la ville, qui se disputeront les sept sièges répartis sur toutes les communautés comme suit : deux grecs-catholiques, un grec-orthodoxe, un maronite, un sunnite, un chiite et un arménien- orthodoxe.
La bataille promet donc d’être « chaude » entre le Courant patriotique libre (CPL), les Forces libanaises, les Kataëb, le Hezbollah et le Tachnag. Il y a aussi les personnalités indépendantes, dont le député Nicolas Fattouche et la présidente du Bloc populaire, Myriam Skaff.

Si Zahlé est communément appelée « capitale des catholiques », il reste que le courant du Futur dispose du plus grand réservoir électoral de la circonscription, ce qui fait des sunnites l’électeur décisif. À la faveur de cette logique, les regards sont d’abord braqués sur les choix de la formation haririenne dans cette circonscription, dans la mesure où ils influenceraient les résultats du scrutin du 6 mai prochain. À cela, on ajoute le fait que ce sont principalement les alliés du Premier ministre Saad Hariri qui mènent la bataille de Zahlé.

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Mais, dans les milieux proches du chef du gouvernement, on semble soucieux de mettre les points sur les i au sujet des choix électoraux. Conscient des « nouvelles donnes » qui se sont invitées dans le tableau politique sunnite, les haririens estiment que leur parti n’a peut-être pas d’influence sur la totalité des électeurs sunnites zahliotes. C’est en tout cas le point de vue qu’avance à L’Orient-Le Jour Moustapha Allouche, coordinateur du courant du Futur à Tripoli. Il reconnaît toutefois que le Futur pourrait être mis au pied du mur face à ses deux alliés, le CPL et les FL. « L’idéal serait de réunir les deux partis dans une même liste. Mais cela est impossible au vu des calculs dictés par le vote préférentiel que se disputent les FL et le CPL », souligne M. Allouche, avant de déclarer : « Je crois que la meilleure solution serait de former une liste propre au courant du Futur. » Il fait toutefois valoir que plusieurs personnalités indépendantes souhaitent mener la bataille aux côtés de la formation de Saad Hariri.

Une autre source proche de Saad Hariri est plus précise. À L’OLJ, elle indique que la question de l’alliance avec les FL à Zahlé devrait être tranchée une fois pour toutes dans les prochaines 48 heures, même si ce choix semble définitif dans une bonne partie des circonscriptions.
Commentant un possible recours à une liste purement haririenne, on insiste sur l’importance de ne pas porter un nouveau coup aux rapports entre la Maison du centre et Meerab, même si cette éventualité fait l’objet de discussions au sein du courant du Futur.

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De même, les proches de Samir Geagea font état de « progrès » dans leurs négociations avec le courant du Futur «. Selon un responsable FL interrogé par L’OLJ, les pourparlers se poursuivent avec tous les protagonistes, dont le CPL et les Kataëb. » Les négociations sont en cours, mais il est difficile de s’allier aux aounistes «, confie ce proche de M. Geagea, qui exclut toute alliance avec Myriam Skaff, encore moins Nicolas Fattouche proche du Hezbollah. À une question portant sur les candidatures, le responsable FL se contente d’indiquer qu’elles seront annoncées prochainement.
À leur tour, les aounistes continuent d’effectuer de minutieux calculs politiques avant de dévoiler les noms de leurs candidats et définir leurs alliances électorales. Après avoir nommé Salim Aoun candidat au siège maronite de Zahlé (il l’avait remporté lors du scrutin de 2005), le CPL poursuit ses contacts avec plusieurs notables de la ville pour compléter sa liste. De source bien informée, on apprend qu’il s’agit principalement d’Assaad Nakad, PDG d’Électricité de Zahlé (grec-orthodoxe), de l’homme d’affaires Michel Daher (grec-catholique) et Michel Skaff (cousin de l’ancien président du Bloc populaire Élie Skaff, également grec-catholique).

Pour ce qui est des alliances électorales, dans les milieux proches de Gebran Bassil, on se veut optimiste. Fort du compromis conclu en 2016 entre le chef de l’État, Michel Aoun, et Saad Hariri, le CPL semble confiant de pouvoir s’allier à la formation haririenne aux législatives. Même si cela devrait le pousser à abandonner son allié traditionnel, le Hezbollah. Une source aouniste indique, dans ce cadre, à L’OLJ que les partis de Hassan Nasrallah et Gebran Bassil se sont entendus sur le fait que les rapprochements strictement électoraux ne modifieront en rien leurs rapports solides depuis la signature du document d’entente de 2006. De même source, on explique que l’alliance avec les Kataëb n’est pas envisagée et que Mme Skaff refuse de se joindre au parti de Gebran Bassil.

(Lire aussi : Les candidatures d’Amal et du Hezbollah aux législatives : beaucoup de partisans, peu de changements)

Les Kataëb et le Bloc populaire
À leur tour, les forces de l’opposition s’apprêtent à se lancer dans la compétition électorale à Zahlé. C’est le cas des Kataëb, qui semblent de plus en plus déterminés à mener la bataille à partir de leur positionnement politique actuel. Cela fait dire à d’aucuns que le parti de Samy Gemayel serait amené à voler de ses propres ailes à Zahlé. Mais Élie Marouni, député du caza, se veut plus optimiste. Il assure à L’OLJ que « les contacts avec les FL ne sont pas interrompus, en dépit de leurs rapports politiques troublés », notant aussi qu’il oppose son veto à une alliance avec Myriam Skaff (pour des raisons liées au meurtre de son frère Nasri en 2008).
Quant au Bloc populaire, ses proches affirment qu’il compte prendre part à une bataille » démocratique et existentielle « pour empêcher l’élimination de l’héritage politique d’Élie Skaff ». Mme Skaff est forte du résultat des municipales de 2016 et mise sur l’attachement des gens, indique-t-on dans les mêmes milieux, avant de faire valoir que les alliances ne se feront pas aux dépens du poids populaire du parti.
Nicolas Fattouche s’est, quant à lui, abstenu de commenter pour L’OLJ les péripéties électorales de Zahlé.

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