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Liban - Législatives 2018

Metn : Le paradoxe Murr et la course aux coefficients électoraux

Les Kataëb décidés, en principe, à voler de leurs propres ailes.

C’est le flou le plus total qui règne à ce jour autour de la configuration des alliances électorales au Metn, même si certaines orientations générales sont d’ores et déjà perceptibles. La seule constante qui ressort des propos des représentants des formations concernées est que le panorama est confus et les perspectives en termes de gains ou de pertes d’autant plus nébuleuses qu’avec la nouvelle loi – dont on ignore encore les effets pervers –, les enjeux sont appelés à changer ainsi que les habitudes électorales aussi bien du côté des candidats que des électeurs.  

Pour reprendre les termes de l’un des candidats grecs-orthodoxes à sa propre succession, Ghassan Moukheiber, « les alliances au Metn sont à géométrie variable ».

À ce jour, « plus d’un tiers des candidats briguant les 8 sièges de la circonscription (quatre maronites, deux grecs-orthodoxes, un grec-catholique, un arménien) reste discret et évite de rendre publiquement sa candidature, encore moins ses alliances électorales », dit M. Moukheiber, qui affiche dès à présent sa volonté de prendre part à ce scrutin. Même s’il n’est pas encore décidé sur quelle liste il figurera, la priorité reste pour lui de perpétuer son alliance, en tant que candidat indépendant, avec le CPL.


(Lire aussi : Hariri tranche : Pas d’alliance avec le Hezbollah)


La bourse électorale

Plusieurs candidats potentiels ou chefs de campagne le diront : les alliances fluctuent comme à la Bourse et les changements peuvent survenir d’un instant à l’autre avec autant de combinaisons possibles que de candidats et de formations en lice qui aspirent à s’embarquer dans cette nouvelle aventure.

Pour l’heure, la seule alliance annoncée et qui semble irréversible est celle qui lie le CPL au Tachnag, deux formations qui affichent leur volonté de perpétuer leur relation politique et électorale de longue date. Le CPL pourrait également s’allier avec le PSNS mais la décision n’est pas encore tranchée.

D’ailleurs, Hagop Pakradounian, député et secrétaire général du Tachnag, a été récemment pressenti par le chef de l’État, Michel Aoun, pour gérer les pourparlers avec d’autres alliés potentiels, à savoir le député Michel Murr, connu pour être un dinosaure de l’opération électorale dans cette circonscription.

Hier, M. Pakradounian a déclaré dans un entretien à la MTV que « ses deux alliés au Metn étaient le CPL et M. Murr ». Ce que le député arménien n’a toutefois pas clarifié, c’est qu’à ce jour, aucune alliance n’a pu être atteinte entre le CPL et M. Murr, même si les négociations se poursuivent. C’est ce que confirme d’ailleurs une source proche de M. Murr, qui laisse entendre que des obstacles persistent, soulignant que ce dernier reste « ouvert à d’autres perspectives ».

Dans les coulisses, on affirme que c’est principalement Ibrahim Kanaan, député sortant et secrétaire général du bloc du Changement et de la Réforme, qui s’oppose à une alliance avec M. Murr, ainsi que certains candidats du bloc aouniste qui voient d’un mauvais œil un rapprochement avec un homme politique « passé maître dans l’art du clientélisme ».


(Lire aussi : Joumblatt chez Hariri : Malgré quelques soubresauts, la relation est solide)


« Tout le monde s’allie avec Michel Murr »  

C’est également cet argument qu’on avance dans les cercles proches des Kataëb qui justifient leur « grande hésitation » à s’allier avec M. Murr, sachant que le chef de cette formation, Samy Gemayel, se place clairement dans « une optique réformiste et de renouveau, en prônant un discours anticorruption ».

 « Tout le monde s’allie avec Murr. Si on décide au final de s’allier avec lui, personne ne nous le reprochera », confie une source proche des Kataëb qui estime toutefois que cette éventualité est plutôt minime.

Pour l’instant, les Kataëb semblent se diriger vers une liste complète que pourraient rejoindre des indépendants et des candidats issus du Mountada Loubnan (Forum du Liban) une plateforme regroupant des personnalités qui se revendiquent de l’opposition, peut-être même aussi un candidat du parti des Verts pour finir par concocter une liste complète, y compris avec un candidat arménien.

Une éventualité que M. Pakradounian a implicitement critiqué hier, en affirmant hier que « Samy Gemayel a certes le droit de présenter (sur sa liste) un candidat arménien, sauf qu’un député devrait être représentatif de sa communauté ».

Il reste les Forces ibanaises, qui, à ce jour, n’ont pas encore trouvé une liste d’accueil même si les informations qui circulent évoquent des négociations toujours en cours avec le CPL, sinon avec des personnalités indépendantes telles que Sarkis Sarkis, Ghazi Hajj, Michel Mekattaf.


(Lire aussi : Pharaon à « L’OLJ » : Mon alliance avec les FL et Nadim Gemayel est naturelle)


Parallèlement aux partis ou forces conventionnelles, une pléthore de candidats issus de la société civile se prépare à la bataille du Metn, en concoctant des alliances dans la constellation de forums et mouvements qui ont procédé du mouvement de contestation civile de l’été 2015, provoqué par la crise des déchets.

C’est le cas de la campagne « Tan3eech » (mieux vivre) parrainée notamment par Nadine Moussa, avocate et activiste, qui a officiellement annoncé sa candidature. À l’instar de plusieurs plateformes de la société civile, celle-ci est actuellement en pourparlers avec d’autres formations qui œuvrent à rassembler les forces éparses de ces milieux dans une liste commune pour réduire l’éparpillement de ces forces de l’opposition.

L’incertitude qui entoure le jeu des alliances devrait en principe se terminer dans les trois semaines qui s’étendent entre le 6 mars, date limite des dépôts de candidatures, et le 26 mars, date limite de la remise des listes électorales, croit savoir un observateur. D’ici là, le suspense se poursuit sur fond de manœuvres et de calculs arithmétiques.

À l’instar des autres circonscriptions d’ailleurs, la plupart des partis, formations politiques ou groupes indépendants semblent condamnés à s’allier entre eux pour pouvoir obtenir le coefficient électoral. « Sauf peut-être pour les formations véritablement solides, telles que les Kataëb ou le CPL qui pourront échafauder des alliances ponctuelles pour préserver leurs relations avec leurs alliés dans d’autres circonscriptions », commente un observateur.

Autre constante à retenir, l’idée qu’il n’est plus possible, avec la nouvelle loi, de transférer des votes à un député tiers comme ce fut le cas entre le Tachnag et Michel Murr en 2009.


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C’est le flou le plus total qui règne à ce jour autour de la configuration des alliances électorales au Metn, même si certaines orientations générales sont d’ores et déjà perceptibles. La seule constante qui ressort des propos des représentants des formations concernées est que le panorama est confus et les perspectives en termes de gains ou de pertes d’autant plus nébuleuses...

commentaires (5)

Il me semble que jusqu'à présent il n'y a pas eu au Liban deux grands partis, l'un loyaliste et l' autre opposant. Mais des leaders (Zaïms) à la recherche d' électeurs genre moutons de panurge, bien sûr sans généraliser. Heureusement, un grand nombre d' électeurs libanais, font la différence! Il existe pourtant une tendance à boicoter les élections tel que ladite majorité silencieuse. Pourvu que ça change le 6 Mai prochain!!

Zaarour Beatriz

15 h 04, le 18 février 2018

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Commentaires (5)

  • Il me semble que jusqu'à présent il n'y a pas eu au Liban deux grands partis, l'un loyaliste et l' autre opposant. Mais des leaders (Zaïms) à la recherche d' électeurs genre moutons de panurge, bien sûr sans généraliser. Heureusement, un grand nombre d' électeurs libanais, font la différence! Il existe pourtant une tendance à boicoter les élections tel que ladite majorité silencieuse. Pourvu que ça change le 6 Mai prochain!!

    Zaarour Beatriz

    15 h 04, le 18 février 2018

  • "Le CPL pourrait également s'allier avec le PSNS." Le CPL fondé par Michel Aoun et présidé par son gendre Gébran Bassil pourrait donc s'allier avec le PSNS l'auteur de deux tentatives de coups d'Etat en juin 1949 et décembre 1961... C'est une occasion à ne pas manquer, j'appelle les électeurs, tous les électeurs à voter contre tous les candidats du CPL sur l'ensemble du territoire national. Vive le Liban libre et indépendant.

    Un Libanais

    13 h 24, le 17 février 2018

  • Votez pour le renouveau et surtout pas pour ceux qui s'allient au PSNS.

    Achkar Carlos

    12 h 32, le 17 février 2018

  • À la lecture de l'article on constate le manque de capacité des partis politiques a engager une dynamique d'alliance, le savoir faire dans les négociations fait défaut, (peu de professionnalisme dans ces négociations), De ce fait, l'enthousiasme électoral est absent, et l'électorat, risque de se démobiliser ... Il reste peu de temps pour élaborer les projets, (selon les alliances formées), les rendre intelligibles et compréhensibles par l'électorat, avant de lancer véritablement la campagne électorale. Je souligne un fait i Portant : Un député ou un candidat n'est pas obligatoirement sensé représenter sa communauté.... La constitution libanaise est fondée sur des principes et partage communautaire, mais en aucun cas elle n'interdit pas qu'un chiite dirige ou participe à la formation d'un bloc maronite, ou un arménien participe dans un bloc sunnite ou maronite.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 23, le 17 février 2018

  • michel murr....qu'est-ce qu'il a reussi a faire en politique tout au long de ces decennies????? au mieux le neant...pourquoi voter pour lui ou sa famille????

    George Khoury

    07 h 37, le 17 février 2018

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