Le sous-secrétaire d’État américain pour le Proche-Orient, David Satterfield, a présenté mercredi lors d'une visite express à Beyrouth une nouvelle proposition de compromis au sujet des ressources d'hydrocarbures offshore au large des côtes du Liban-Sud faisant l'objet d'un contentieux entre le Liban et Israël. Il s'agit de la troisième visite au Liban en trois semaines de David Satterfield qui venait d'Israël.
M. Satterfield, qui mène une médiation sur ce sujet entre les deux parties, s'est entretenu pendant près d'une heure avec le ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil. Aucune déclaration n'a été faite à l'issue de cette rencontre. Selon des sources au sein du ministère des Affaires étrangères citées par la chaîne locale LBCI, M. Satterfield a présenté une nouvelle proposition autour du bloc 9 de la Zone économique exclusive (ZEE) libanaise, dont une partie se trouve dans une zone maritime revendiquée par Israël. "On ne peut parler ni de progrès ni de recul", ont commenté ces sources, indiquant que le diplomate US va quitter le Liban pour Genève.
Toujours selon ces sources, M. Bassil a proposé de son côté "une solution dans l'intérêt du Liban". "Nous ne ferons aucune concession", ont ajouté ces sources, conformément au refus ferme de négocier exprimé par les responsables libanais sur ce dossier. "Nous ne voulons pas de répercussions sur les opérations de prospection car cela toucherait aussi bien Israël que le Liban", précisent ces sources. Le Liban a récemment signé son premier contrat d'exploration d'hydrocarbures au large de ses côtes avec un consortium comprenant le groupe pétrolier français Total, l'italien ENI et le russe Novatek.
De son côté, le président du Parlement libanais, Nabih Berry, a déclaré lors de sa réunion hebdomadaire avec des députés que "la position du Liban est unifiée concernant la défense de notre souveraineté, nos ressources pétrolières, nos frontières". "L'équation israélienne selon laquelle 'ce qui est à nous est à nous et ce qui est à vous est à vous et nous' est inacceptable et ne passera pas", a ajouté M. Berry.
M. Satterfield avait atterri dans la matinée dans la capitale libanaise en provenance d'Israël. Outre, M. Bassil, il a rencontré le Premier ministre, Saad Hariri, et le commandant en chef de l'armée, le général Joseph Aoun, en présence de l'ambassadrice des Etats-Unis, Elizabeth Richard. Le général Aoun a réitéré devant le diplomate américain l'attachement de l'armée à la souveraineté du Liban sur son territoire, ses eaux territoriales et sa Zone économique exclusive.
Dimanche, M. Satterfield avait rencontré le ministre israélien de l'Energie, Youval Steinitz, qui avait déclaré, à l'issue d'un entretien, qu'"une solution diplomatique est préférable pour les deux parties".
Lire aussi
Le canon et la bétonnière, l'éditorial d'Issa GORAIEB
Des menaces... et des négociations, le décryptage de Scarlett HADDAD
Un conflit entre le Hezbollah et Israël serait le "pire des cauchemars", estime l'ONU
Le Liban n’écarte pas la voie militaire si Israël poursuit ses violations
commentaires (7)
"refus ferme de négocier": que voilà une position désastreuse! Il y a litige concernant la souveraineté de cette zone. Si nous refusons toute négociation avec Israël, celui-ci prendra - de force si nécessaire - ce qu'il prétend lui appartenir. Le Liban n'aura d'autre choix que s'incliner ou risquer une guerre qui l'anéantira. Seule solution, celle qu'appliquent dans un cas semblable tous les pays civilisés: un arbitrage international.
Yves Prevost
07 h 13, le 22 février 2018