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À La Une - diplomatie

A Bagdad, Aoun évoque la coopération anti-terroriste et la participation libanaise à la reconstruction de l'Irak

Il s'agit de la première visite d'un président libanais depuis des décennies.


Le président libanais Michel Aoun (g) lors d'une conférence de presse conjointe avec le Premier ministre irakien, Haïdar el-Abadi, mardi 20 février 2018 à Bagdad. Photo Dalati et Nohra

Le président Michel Aoun, arrivé mardi à Bagdad pour la première  visite d'un chef de l'Etat libanais en Irak depuis des décennies, a discuté avec son homologue Fouad Massoum et le Premier ministre Haider al-Abadi d'une éventuelle participation libanaise à la reconstruction de ce pays. Il a également abordé la question de la coopération entre Beyrouth et Bagdad en matière de lutte-anti-terroriste.

M. Aoun a entamé ses discussions avec son homologue irakien.  A l'issue de l'entretien, il a affirmé avoir eu avec le chef M. Massoum "des discussions constructives qui reflètent les liens de fraternité" entre le Liban et l'Irak. Il a salué "le peuple irakien pour sa résilience et sa force face aux circonstances difficiles, notamment le terrorisme" et a  félicité le président "pour les réalisations accomplies par l'Etat irakien ces derniers mois dans l'éradication du terrorisme". "Nous avons au Liban la même souffrance à la frontière orientale, et nous avons réussi à l'emporter dans une bataille grandiose à l'automne de l'an dernier", a-t-il souligné faisant allusion à la bataille de l'armée pour chasser le groupe Etat islamique (EI) d'une région libanaise frontalière de la Syrie.

"Nous avons discuté des relations bilatérales et des moyens de les activer dans plusieurs domaines, surtout que l’Irak a constamment été aux côtés du Liban", a ajouté M. Aoun. Il a également indiqué avoir affirmé au président irakien "que le Liban se tient avec force avec l'unité de l’Irak contre tous les projets et les conflits qui ont pour objectif de menacer cette unité".  "Nous avons également discuté de la situation régionale et j'ai réaffirmé dans ce contexte l'importance de l'unité de la position arabe", a poursuivi M. Aoun.  

Selon notre correspondante Hoda Chedid, les deux hommes ont évoqué une éventuelle participation des hommes d'affaires libanais à la reconstruction de l'Irak, dont le coût s’élèverait à 80 milliards de dollars. Par ailleurs, les ministres libanais de l'Intérieur, de l'Industrie et du Tourisme ont soulevé la nécessité de prendre des mesures pour faciliter l'accès au marché irakien. Le président irakien a assuré qu'il apporterait les facilités nécessaires aux compagnies libanaises désireuses de participer à la reconstruction de l'Irak.

Plus de 15.000 Libanais vivent en Irak, dont environ 5.000 qui travaillent au Kurdistan irakien, notamment à Erbil.  D’une manière générale, ils sont actifs dans divers domaines, notamment l’hôtellerie, la restauration, les banques et la construction. De nombreux étudiants de la communauté chiite suivent des études dans les lieux saints de leur communauté comme Najaf et Karbala. D’autres Libanais se rendent en Irak pour le pèlerinage.   


"Le modèle libanais"
Pour sa part Fouad Massoum a assuré à son interlocuteur qu'après "le changement de régime en Irak, nous avons commencé à chercher un modèle d'équilibre des composantes (religieuses) et nous avons trouvé le modèle libanais".
Après la chute du dictateur Saddam Hussein, l'Irak a adopté une nouvelle Constitution en 2006 avec pour règle non écrite, comme au Liban, une répartition des pouvoirs en fonction des communautés, la présidence étant dévolue à un kurde, le poste de Premier ministre à un chiite et celui de chef du Parlement à un sunnite.

Les menaces israéliennes étaient également à l'ordre du jour de la réunion des deux présidents. M. Aoun a affirmé que ces menaces "ont augmenté rapidement ces derniers temps" et qu'il a expliqué au président "la position unifiée du Liban face à ces menaces qui doivent être affrontées par tous les moyens à notre disposition".  Le président libanais a enfin invité son homologue irakien à se rendre au Liban. 

Après le déjeuner officiel, le chef d'Etat irakien a surpris son hôte pour son 83ème anniversaire en lui présentant un gros gâteau aux couleurs des drapeaux libanais et irakiens, selon notre correspondante Hoda Chedid. Michel Aoun est né le 18 février 1935 à Haret Hreik, dans la banlieue sud de Beyrouth.

Le président Aoun s'est ensuite rendu à l'église Notre-Dame-du-Salut à Bagdad où il a été accueilli par plusieurs dignitaires chrétiens. Le 31 octobre 2010, une attaque d'el-Qaëda contre cette église, située dans le principal quartier commerçant de la capitale irakienne, avait coûté la vie à 44 fidèles, en majorité des femmes et des enfants, et deux prêtres. M. Aoun a assisté à un sermon de l'archevêque syriaque catholique de Bagdad, Ephrem Youssef Abba, qui a remercié le Liban d'accueillir des Irakiens ayant fui leur pays à cause de la guerre et des menaces extrémistes.


Michel Aoun à l'église Notre-Dame-du-Salut à Bagda. Photo Dalati et Nohra


Avec le Premier ministre irakien, Haïdar el-Abadi, le président Aoun a également passé en revue les relations bilatérales et la coopération en matière de lutte anti-terroriste. "Nous avons évoqué avec M. Abadi les moyens pratiques pour une coopération entre le Liban et l'Irak,surtout que les deux pays sont passés par des situations similaires et ont fait face à des défis économiques, sécuritaires et politiques qui ont affecté la croissance et la prospérité de nos peuples", a déclaré le président Aoun à l'issue de l'entretien. "Nous avons insisté sur l'importance des échanges d'informations et des efforts internationaux dans le domaine de la lutte anti-terroriste (...)", a ajouté M. Aoun. "Nous avons enfin insisté sur l'importance du retour de l'unité dans les rangs arabes et d'aboutir à de réelles réconciliations, tout en préservant le principe de non-ingérence dans les affaires internes des pays", a-t-il conclu.

Le président doit encore rencontrer le président du Parlement Salim al-Joubouri et le vice-président Iyad Allawi.

Une première depuis des décennies
C'est la première fois depuis la guerre entre l'Iran et l'Irak (1980-1988) qu'un président libanais vient à Bagdad en visite officielle. Aucun chef d'Etat n'avait posé le pied dans ce pays après l'invasion irakienne du Koweït et l'embargo international qui avait suivi.  Amine Gemayel, en tant qu'ancien président de la république libanaise (1982-1988) était venu à Bagdad pour tenter une médiation en 2003 afin de tenter d'empêcher l'invasion de l'Irak par une coalition menée par les Etats-Unis. Le quotidien gouvernemental irakien a dans ce contexte titré "Bienvenue général", en raison de la carrière militaire du chef de Michel Aoun.

Michel Aoun et sa délégation avaient été reçus mardi matin à l'aéroport de Bagdad par le président irakien, Fouad Massoum et le ministre des Affaires étrangères, Ibrahim al-Jaafari, ainsi que l'ambassadeur du Liban en Irak Ali Habhab et l'ambassadeur d'Irak au Liban Ali Abbas Bandar al-Amri. 

Le président est notamment accompagné du ministre de l'Industrie, Hussein Hajj Hassan, de l'Intérieur, Nohad Machnouk, du Tourisme, Avedis Guidanian ainsi que du ministre d'Etat pour la Lutte contre la corruption, Nicolas Tuéni. Le secrétaire général du Tachnag, Hagop Pakradounian, l'ancien ministre, Elias Bou Saab, la fille et première conseillère du président, Mireille Aoun Hachem et la directrice du ministère de la Justice, Mayssam Noueiri font également partie de la délégation de M. Aoun   

Le président devrait quitter Bagdad demain, mercredi, pour Erevan où il devrait s’entretenir avec son homologue arménien Serge Sargsian. Il se rendra auprès des instances religieuses arméniennes, visitera le Musée de la mémoire et plantera un cèdre.



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commentaires (3)

La blague de ce début d'année, de quelle infrastructure va t-il s'occuper de reconstruire? Eau? électricité? ramassage des ordures? Loool!

Christine KHALIL

18 h 06, le 20 février 2018

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Commentaires (3)

  • La blague de ce début d'année, de quelle infrastructure va t-il s'occuper de reconstruire? Eau? électricité? ramassage des ordures? Loool!

    Christine KHALIL

    18 h 06, le 20 février 2018

  • Je trouve que cette distribution par communauté est quand-même bizarre : "une répartition des pouvoirs en fonction des communautés, la présidence étant dévolue à un kurde, le poste de Premier ministre à un chiite et celui de chef du Parlement à un sunnite" - mais aussi comme désavantage que la politique de "consensus" mène à une sorte de blockage permanent. Comme quand l'américain Tillerson il a visité le Liban, il a du s'entretenir avec 3 présidents (Berri, Hariri, Aoun) et apparement les iraquins font l'inverse des libanais en ce qui concerne le chef du parlement et le premier ministre.

    Stes David

    17 h 59, le 20 février 2018

  • Espérons pour l'Irak une paix durable et une reconstruction et prospérité rapide.

    Sarkis Serge Tateossian

    12 h 36, le 20 février 2018

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