Le président de la République libanaise, Michel Aoun (c), recevant lundi 12 février 2018 au palais de Baabda le Premier ministre, Saad Hariri (d) et le chef du Législatif, Nabih Berry. Photo Dalati et Nohra
Le président de la République libanaise, Michel Aoun, a mis en garde lundi contre le déclenchement de "nouvelles guerres si Israël venait à traduire en actes ses provocations" alors que les tensions se sont accrues ces dernières semaines entre le Liban et l’État hébreu au sujet de la construction du mur frontalier et de l'exploitation d'un gisement de gaz offshore.
"Si Israël venait à traduire ses déclarations provocatrices en actes, il y aura de nouvelles guerres", a déclaré le chef de l’État dans un entretien télévisé accordé à la chaîne égyptienne ON live, selon des propos rapportés par le compte Twitter de la présidence libanaise.
Le chef de l’État a également évoqué la construction du mur controversé à la frontière. "Israël ne peut pas construire un mur sur notre territoire", a-t-il déclaré, appelant à une solution au conflit autour des points litigieux.
Il a dans ce contexte de tension assuré que "personne ne peut empêcher la tenue des élections législatives", prévues en mai.
Les autorités libanaises ont exprimé à plusieurs reprises leur opposition aux travaux israéliens de construction d'un mur en béton, estimant que 13 points litigieux, sur lesquels Israël compte édifier ce mur, se trouvent en territoire libanais. Les 13 points frontaliers sont historiquement revendiqués par le Liban. La délimitation de la frontière entre le Liban et la Palestine avait été effectuée par le comité Paulet-Newcombe en 1923. L’État hébreu a déjà édifié un mur en 2012 au niveau du village de Kfar Kila.
Dans cette interview, M. Aoun a en outre déclaré que les autorités du pays avaient réussi à créer "une atmosphère positive" sur laquelle la guerre en Syrie n'aura pas de conséquences. Par ailleurs, le président a affirmé que des "surprises" conduisant à geler la décision des États-Unis de transférer son ambassade en Israël à Jérusalem, pourraient survenir.
(Lire aussi : Axe syro-iranien/Israël : Malgré les tensions et les inquiétudes, la guerre semble improbable)
Le Liban officiel affiche à nouveau son unité
Plus tôt dans la journée, Michel Aoun avait réuni au palais présidentiel de Baabda le Premier ministre, Saad Hariri, le chef du Législatif, Nabih Berry, ainsi que le directeur général de la Sûreté générale, le général Abbas Ibrahim et le représentant du gouvernement auprès de la Force intérimaire des Nations unies (Finul), le brigadier breveté état-major Malek Chamas, pour discuter des violations israéliennes. Une première rencontre Aoun-Hariri-Berry avait déjà eu lieu mardi dernier sur ce même sujet. Dans l'après-midi, M. Berry a reçu M. Hariri dans sa résidence à Aïn el-Tiné. Les deux hommes ont discuté des derniers développements.
Au palais de Baabda, M. Chamas a rendu compte de la réunion tripartite qui s'est déroulée dans la matinée au siège de la Finul à Naqoura, en présence des représentants des armées libanaise et israélienne. Il a indiqué lors de cette réunion qu'Israël refusait d'assouplir sa position au sujet du mur.
Les responsables libanais ont à nouveau affiché leur unité face aux "violations" israéliennes de ces dernières semaines. "Nous avons évoqué les défis et nous veillons à toujours adopter une position unifiée concernant les agressions israéliennes contre le Liban", a indiqué M. Hariri à l'issue de cet entretien élargi. Les responsables libanais se sont accordés sur la nécessité de poursuivre les contacts.
De son côté, le général Abbas Ibrahim a déclaré que "la sécurité à la frontière est assurée". Samedi, le ministère libanais des Affaires étrangères avait annoncé qu'il allait déposer une lettre à l'ONU pour protester contre la violation par l'aviation israélienne de son espace aérien lors de l'offensive aérienne menée par Tel-Aviv sur le territoire syrien. Des débris de missiles avaient atterri dans la Békaa.
Les propositions américaines en vue de maintenir le calme à la frontière, présentées par le secrétaire d’État adjoint américain par intérim aux Affaires proche-orientales, David Satterfield, qui s'était rendu au Liban la semaine dernière dans le cadre d'une mission de médiation, ont également été évoquées. Les trois présidents ont dans ce cadre affirmé que les propositions de M. Satterfield sont toujours à l'étude, réitérant que la position du Liban officiel est claire et qu'aucune concession ne sera consentie. Le secrétaire d’État Rex Tillerson est, lui, attendu à Beyrouth jeudi.
Concernant l'exploitation d'un gisement de gaz offshore, Tel-Aviv insiste à revendiquer sa souveraineté territoriale sur le bloc 9 de la zone économique exclusive libanaise en Méditerranée, alors que le Liban vient de signer un accord avec un consortium mené par le géant français Total, et composé de l’italien ENI et du russe Novatek pour l’exploration d’hydrocarbures offshore, au niveau des blocs 4 (au centre) et 9 (au sud) de sa ZEE.
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commentaires (6)
LA SAGESSE DOIT ETRE DE RIGUEUR ET DOIT PREVALOIR ! ON PESE ET ON AGIT EN CONSEQUENCE... POLITIQUEMENT !
LA LIBRE EXPRESSION
18 h 48, le 12 février 2018