Rechercher
Rechercher

Santé - Oncologie

Lutte contre le cancer : oui, « nous pouvons »

Pour la troisième année consécutive, la journée mondiale de lutte contre le cancer a été l’occasion d’insister sur l’importance de la prévention et du dépistage précoce.

Selon l’Organisation mondiale de la santé, le tabagisme constitue le facteur de risque le plus important du cancer, responsable de près de 22 % de l’ensemble des décès. Photo Bigstock

À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, fixée au 4 février, le ministre de la Santé Ghassan Hasbani a tiré la sonnette d’alarme déclarant que l’incidence du cancer a sensiblement augmenté au Liban, passant de 100 cas pour 100 000 habitants en 2006 à 300 cas pour 100 000 habitants en 2016. Cette même année, 13 000 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés, a-t-il souligné lors d’une conférence de presse consacrée aux effets néfastes sur la santé de l’incinération sauvage des déchets.

Certes, la crise des déchets qui sévit au Liban depuis 2015 est un facteur majeur de l’augmentation des risques de cancer – et d’autres maladies –, puisque le lixiviat qui s’infiltre dans la terre et les émissions des fumées de l’incinération sauvage des immondices amplifient la pollution de l’eau et de l’air, l’un des principaux risques du cancer. « Mais la crise des déchets, dont l’effet néfaste se ressentira davantage dans quelques années, n’est pas la seule cause du taux croissant de la maladie », affirme le Dr Nagi el-Saghir, professeur d’oncologie médicale et chef du service d’hématologie et d’oncologie à l’Université américaine de Beyrouth. « Le tabagisme, la mauvaise alimentation, l’obésité, la sédentarité et la pollution sont autant de facteurs de risque évitables pointés du doigt, ajoute-t-il. Le facteur génétique augmente aussi les risques de la maladie. »

Selon l’Organisation mondiale de la santé, le cancer est l’une « des principales causes de morbidité et de mortalité dans le monde, avec près de 14 millions de nouveaux cas enregistrés en 2012 ». En 2015, la maladie a causé près de 8,8 millions de décès, « le tiers d’entre eux étant dus à des facteurs de risque comportementaux et alimentaires, principalement un indice élevé de masse corporelle, une faible consommation de fruits et de légumes, le manque d’exercice physique, le tabagisme et la consommation d’alcool ».
Toujours selon l’OMS, « le tabagisme constitue le facteur de risque le plus important du cancer, responsable de près de 22 % de l’ensemble des décès ». À cela s’ajoutent certaines infections comme l’hépatite et le virus du papillome humain (VPH ou HPV) qui provoquent jusqu’à 25 % des cas de la pathologie dans les pays à revenu faible ou intermédiaire.


(Lire aussi : Progrès dans la survie au cancer, mais inégal selon les pays)



Prévention et dépistage précoce
Si la tendance actuelle se poursuivait, « le nombre de nouveaux cas devrait augmenter de 70 % environ au cours des deux prochaines décennies », met en garde l’agence qui, pour la troisième année consécutive, a placé cette Journée mondiale sur le thème de « Nous pouvons, je peux » (We can, I can). L’objectif ? Insister sur l’importance de la prévention et du dépistage précoce du cancer.
En effet, « la maladie est évitable dans près des deux tiers des cas », affirme le Dr Saghir. Il explique qu’à cet effet certaines mesures doivent être prises à l’échelle individuelle et nationale. Aussi, souligne le spécialiste, « sur le plan personnel, il faut arrêter de fumer, le tabac étant à l’origine de plusieurs types de cancer, notamment du poumon et de la vessie, qui constituent d’ailleurs les cancers les plus fréquents chez l’homme au Liban, selon le Registre national du cancer, suivis du cancer de la prostate ». « Chez la femme, le cancer du sein reste le plus fréquent (un tiers des cas), suivi du cancer du poumon, en raison du tabagisme », poursuit-il.
« La modification du mode de vie est un autre moyen d’éviter le cancer, insiste le Dr Saghir. Cela sous-entend une activité physique régulière, une alimentation saine faible en sucre et en matières grasses et riche en légumes et fruits, ainsi qu’une perte de poids, au cas où l’on affiche une surcharge pondérale ou une obésité. » De plus, il faut limiter la consommation d’alcool responsable notamment du cancer du foie.
Sur le plan national, l’État doit, selon le spécialiste, prendre des mesures préventives comme le fait de veiller à « une application stricte et ferme de la loi 174 de lutte antitabac ».
Quid du dépistage ? « Depuis plus de quinze ans, nous effectuons au Liban des campagnes régulières de dépistage du sein, ce qui a amélioré le diagnostic précoce et les chances de survie, répond le Dr Saghir. La sensibilisation au cancer de la prostate et aux symptômes urologiques est également recommandée. Idem pour le vaccin contre le VPH, qui permet de prévenir certaines infections responsables du cancer du col de l’utérus. »


(Lire aussi : Les industriels de la vape en colère contre une étude controversée sur la cigarette électronique)



Prévention dans les deux tiers des cas
Prié de commenter les chiffres annoncés par le ministère de la Santé sur l’incidence du cancer au Liban, le Dr Saghir a souligné que « sans aucun doute, la maladie a augmenté ». « En tant que spécialistes, nous le constatons dans notre pratique quotidienne, observe-t-il. Néanmoins, pour évaluer cette incidence, plusieurs paramètres doivent être pris en considération, comme le taux standardisé sur l’âge, qui consiste à comparer des populations qui ont une structure d’âge identique à celle de la population de référence. De plus, il faut prendre en considération, dans le cas du Liban, le grand nombre de patients irakiens et de réfugiés syriens traités aux frais du ministère de la Santé, ainsi que les patients vivant à l’étranger, mais qui viennent se faire traiter au Liban. »
Le dépistage précoce ne donne-t-il pas une fausse impression d’une augmentation des cas ? « Cela était vrai au début des campagnes de dépistage, précise le Dr Saghir. Or celles-ci sont effectuées depuis plus de quinze ans. » Et d’insister : « L’incidence du cancer a augmenté au Liban, comme dans partout dans les pays en voie de développement. Des mesures préventives peuvent être prises dans au moins les deux tiers des cas, à condition de faire preuve de vigilance et de prendre les mesures nécessaires à tous les niveaux. »


Cancer du sein : entre vérités et idées reçues


À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le cancer, fixée au 4 février, le ministre de la Santé Ghassan Hasbani a tiré la sonnette d’alarme déclarant que l’incidence du cancer a sensiblement augmenté au Liban, passant de 100 cas pour 100 000 habitants en 2006 à 300 cas pour 100 000 habitants en 2016. Cette même année, 13 000 nouveaux cas de cancer ont...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut