L'association féministe libanaise Kafa a organisé samedi une manifestation, place de l'Etoile, au centre-ville de Beyrouth, pour dénoncer les violences envers les femmes après plusieurs cas de violences meurtrières encore enregistrées cette semaine.
L'ONG a placé des mannequins en carton de couleur rouge, sur lesquels ont été apposées des plaques commémoratives, symbolisant les femmes qui ont payé de leur vie les violences à leur encontre.
Photo Matthieu Karam
Interrogée par notre correspondante sur place Nada Merhi, le ministre d’État aux Droits de la femme, Jean Oghassabian, présent à ce sit-in, a appelé la justice à prononcer des peines exemplaires contre les hommes reconnus coupables de violence envers les femmes. Le ministre a également indiqué que la mise en place d'un programme d'éducation sur l'égalité des sexes dans les écoles était à l'étude. Également présente sur place, la soeur de Malak M., 23 ans, poignardée à mort par son mari le 24 décembre dernier, réclame la condamnation du meurtrier de sa soeur "afin que justice soit rendue".
Les manifestants réclament notamment l'amendement de l'article 252 du code pénal libanais qui permet au coupable de bénéficier de "circonstances atténuantes" s'il a commis son crime "sous le coup d'une violente colère due à un acte injuste et dangereux de la victime". Les manifestants réclament également que les amendements apportés à certains articles de la loi 293 pour la lutte contre la violence domestique, approuvés en Conseil des ministres, soient transmis au Parlement.
Enfin, ils demandent à la justice à accélérer les procédures judiciaires.
En décembre, des dizaines de personnes s'étaient déjà rassemblées devant le musée national de Beyrouth pour protester contre les violences envers les femmes.
Un panneau montrant les noms des victimes de violences domestiques depuis 2010. Photo Matthieu Karam
Par ailleurs, le Comité libanais de lutte contre la violence envers les femmes a organisé au même moment un sit-in à Tripoli, au Liban-nord, pour dénoncer les violences envers les femmes.
Depuis début décembre, au moins neuf cas de violences meurtrières envers les femmes ont déjà été recensés par Kafa. Dernier cas en date, l'assassinat lundi en pleine rue d'une femme, Nada Bahlawan, par son mari dans le quartier de Ras el-Nabeh, à Beyrouth. Après cinq jours de cavale, le meurtrier présumé a été arrêté vendredi au poste-frontière de Masnaa, entre le Liban et la Syrie.
L'année dernière, 17 cas au total ont été rapportés ; et 37 victimes en deux ans. Parmi ces cas figurent des femmes tuées par leur mari, mais aussi une adolescente de 15 ans qui s'est suicidée après un mariage précoce. L'ONG rappelle également le meurtre en décembre 2017 de la Britannique Rebecca Dykes, travaillant pour l'ambassade de son pays au Liban, étranglée par un chauffeur de taxi qui a tenté de la violer.
En 2014, le Liban a adopté une loi qui, pour la première fois, punit les violences domestiques. Cette loi a été adoptée à la suite d'une campagne sans précédent de la société civile après le meurtre de plusieurs femmes sous les coups de leurs maris.
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L'homme qui ne sait pas respecter sa mère, sa fille, sa femme, sa cousine, sa sœur est un individu méprisable sans respectabilité aucune. l'honneur de l'homme réside dans son respect des femmes. La force physique n'a jamais été un critère d'intelligence ou de supériorité. il n' y a que des imbéciles qui pensent ainsi Vive l'harmonie des familles et des sociétés respectueuses des droits des femmes, des hommes et des enfants. Vive l'humanité dans sa sagesse.
03 h 19, le 28 janvier 2018