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Liban - Échelle des salaires

Les enseignants des écoles privées en grève, demain

Le chef de l’État a reçu hier une délégation de représentants du syndicat des enseignants des écoles privées.

Le chef de l’État, Michel Aoun, en compagnie des membres du syndicat des enseignants du privé, hier, à Baabda. Photo Dalati et Nohra

Les enseignants des écoles privées mettent leur menace à exécution. Demain mercredi, répondant à l’appel de leur syndicat présidé par Rodolphe Abboud, ils observeront une journée de grève dans l’ensemble du pays pour protester une nouvelle fois contre la non-application dans son intégralité de la loi 46 liée à la grille des salaires. « La grève n’est pas un objectif, mais un moyen », explique le syndicaliste à L’Orient-Le Jour. L’objectif étant « l’application totale de la grille des salaires, comme l’indique la loi ».
Sous l’impulsion de la Fédération des associations scolaires privées et du secrétariat général des écoles catholiques, le niet des directions d’écoles demeure, lui, ferme. Il est principalement lié à l’octroi des six échelons exceptionnels, car, dans l’ensemble, les établissements reconnaissent le droit des enseignants au réajustement salarial, ils appliquent partiellement la loi depuis décembre dernier, mais se disent dans l’incapacité d’assumer les coûts des six échelons, à moins d’augmenter les écolages de 24 à 36 % en moyenne.

Des solutions peu populaires
Le mouvement de grève s’adresse aussi aux autorités, dont il rejette les propositions de solution. « La loi dans son intégralité a été mise en application depuis août dernier pour les enseignants du public. Pourquoi n’est-elle toujours pas appliquée pour nous, enseignants du privé, alors que nous luttons depuis des années pour le respect de nos droits ? » gronde l’ancien président du syndicat des enseignants, Nehmé Mahfoud, contacté par L’OLJ.

C’est avec tiédeur que les enseignants voient donc le projet du ministre de l’Éducation faire lentement son chemin, dans le sens de l’étalement sur trois ans des effets de la grille des salaires, l’objectif du ministre Marwan Hamadé étant de limiter les hausses des écolages. Au terme de la médiation qu’il avait engagée, Marwan Hamadé a présenté au Premier ministre un projet d’amendement de la loi 46, mais ce projet n’a pas été examiné jeudi dernier en Conseil des ministres. Pas plus qu’il ne sera examiné cette semaine, Saad Hariri et Marwan Hamadé se trouvant à l’étranger. La promesse de solution imminente s’évapore donc, sans oublier que les enseignants sont peu enthousiastes à céder ce que leur a accordé la loi.

C’est avec autant de tiédeur que les enseignants ont accueilli la proposition du chef de l’État « des quatre quarts », visant à faire assumer une part de l’échelle des salaires à chaque acteur de l’éducation, État, directions d’établissements, parents d’élèves et enseignants. Hier, pour la première fois depuis le début de la crise, Michel Aoun a reçu au palais présidentiel une délégation de représentants du syndicat, guidée par Rodolphe Abboud. « Nous attendons quelque chose de positif, de concret, avait dit le syndicaliste à L’OLJ peu avant la réunion. Nous pourrions alors suspendre la grève. » Mais il avait reconnu que c’était « difficile ». En effet, les propositions du chef de l’État n’annoncent pas grand-chose de nouveau. Juste son souci de « concilier les droits de toutes les parties » et de voir « l’État parrainer la solution ».

Il est évident que ce bras de fer entre écoles et enseignants ne peut se poursuivre indéfiniment, à moins de mettre en péril l’année scolaire. D’autant qu’il implique désormais les parents d’élèves. Soucieux de ne pas voir les écolages flamber, ces derniers s’organisent. Les enseignants ne comptent pourtant pas s’arrêter en si bon chemin. Si leurs revendications ne sont pas accordées, ils envisagent d’observer trois journées consécutives de grève, les 5, 6 et 7 février prochain. Et même une grève ouverte, ultérieurement, si aucune avancée n’est constatée.


(Pour mémoire : Au Liban, l'école privée en crise aiguë depuis l'adoption de l'échelle des salaires)


Deux écoles se lancent
C’est donc dans un climat « particulièrement sombre » que se prépare la grève des enseignants. « Sombre, parce que, pour l’instant, nous ne voyons aucune solution poindre à l’horizon. En l’absence du PM et du ministre de l’Éducation, le Conseil des ministres ne se réunira pas cette semaine », déplore le père Boutros Azar, secrétaire général des écoles catholiques. Mais il persiste et signe. « C’est à l’État d’assumer le coût des six échelons, non seulement pour un an, mais définitivement », insiste-t-il, accusant l’État d’avoir « semé la zizanie entre les trois partenaires de l’école privée, les directions d’établissements, les enseignants et les parents d’élèves ».

Les rencontres se multiplient, certes, de part et d’autre. Les enseignants et des parents d’élèves se sont même réunis, hier, histoire d’enterrer la hache de guerre, d’échanger des propositions de solutions et de se mettre d’accord une fois pour toutes sur certains points. « Les parents réclament la séparation des législations entre les secteurs éducatifs public et privé, ce que nous refusons, observe M. Abboud. Quant aux enseignants, ils réclament un contrôle des budgets scolaires, car de nombreuses directions d’établissements ont augmenté les écolages de manière injustifiée au fil des ans, sans avoir donné d’augmentation aux instituteurs. »

Il reste à savoir si la grève sera suivie et par qui. Mais le jeu risque d’être faussé, vu « les pressions exercées » par des directions d’établissements à l’égard du corps enseignant. « Certains enseignants subissent un véritable chantage, révèle M. Abboud. Non seulement ils risquent de subir des coupes de salaire, en fonction du nombre de journées de grève. Mais certains établissements menacent de ne pas appliquer la grille des salaires aux grévistes, même partiellement. » Une accusation à laquelle répond tout de go le père Boutros Azar. « Il ne s’agit pas de pressions, plutôt de sensibilisation. Mais les écoles catholiques ne fermeront pas leurs portes », dit-il à L’OLJ. Dans ce sens, le secrétariat « a invité les directions d’écoles à dialoguer avec les enseignants et prendre des décisions qui ne portent préjudice ni aux intérêts des élèves ni à ceux des enseignants ». Et de préciser que les écoles privées sont tenues de respecter les 170 jours de classe imposés par l’État. « Nous avons l’obligation de compenser les jours de grève, autrement, les parents nous réclameront des comptes », dit-il. Si la mésentente semble totale entre les deux parties, le père Azar révèle que l’ancien ministre « Ziyad Baroud, également avocat du syndicat des enseignants du privé, pourrait prendre les choses en main et initier une nouvelle médiation ».

Dans l’attente d’une solution, certaines écoles privées ont visiblement pris les devants et payé toutes les augmentations dues à leurs corps enseignants, rubis sur l’ongle, six échelons et effet rétroactif inclus. Parmi elles, l’International College (IC) mais aussi le Collège Notre-Dame de Nazareth. Normal, dans cet état des lieux que leurs enseignants, en paix avec leurs directions, n’observent pas le mouvement de grève, mercredi.



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