La campagne de dénigrement menée depuis l’Égypte par le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel Jubeir contre l’Iran et le Hezbollah a coïncidé avec la création, annoncée le 11 janvier courant par la justice américaine, d’une unité spéciale pour enquêter sur le Hezbollah, accusé de se financer par le trafic de drogue.
Cette « équipe sur le financement et le narcoterrorisme du Hezbollah » (HFNT) est chargée « d’enquêter sur les individus et réseaux fournissant un soutien au Hezbollah et les poursuivre le cas échéant », avait précisé le département US de la Justice dans un communiqué.
Saisissant cette opportunité, M. Jubeir a cherché à enfoncer le clou en affirmant que l’Iran est le parrain du terrorisme par excellence dans le monde. Selon lui, le régime iranien fait fi de la souveraineté de l’État et prône l’exportation du terrorisme. Le chef de la diplomatie saoudienne a insisté sur la nécessité pour l’ensemble des pays arabes de faire figurer le Hezbollah sur la liste du terrorisme, justifiant sa position par le fait que le parti chiite a commis des actes de belligérance dans ces contrées.
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Ces propos sont survenus en même temps que la mise sur pied de l’unité d’investigation américaine qui devrait entamer incessamment ses visites dans les pays arabes. Le Liban pourrait être l’une de ses premières destinations et le point de départ de l’enquête. Celle-ci consistera à vérifier certains faits et à recueillir les informations pertinentes aux soupçons de narcoterrorisme dont le Hezbollah fait l’objet. Composée de responsables sécuritaires, cette unité devra opérer dans le plus grand secret et loin des médias. Il est prévu que ses membres effectuent des visites discrètes auprès de certains banquiers libanais, d’économistes et d’hommes d’affaires pour collecter les informations recherchées. Il est très probable qu’ils éviteront les réunions avec des responsables politiques.
Des sources politiques proches du Hezbollah affirment que le parti chiite ne s’inquiète pas outre mesure des suites de cette enquête qui, de toute évidence, vise le parti, un objectif constant dans la politique des États-Unis mais qui n’a jamais abouti. Ce remue-ménage ne parviendra pas d’ailleurs à pousser le Hezbollah à changer de parcours, loin de là. Par conséquent, rien ne sert de chercher à lui coller des accusations de trafic de drogue d’autant qu’aucune unité d’investigation ne pourra parvenir à des résultats tangibles puisque ces accusations sont dénuées de tout fondement, et ce quelle que soit la nature des informations que fait circuler le président américain Donald Trump, insistent ces sources. Si l’administration américaine concentre actuellement tous ses efforts en direction du Hezbollah, c’est tout simplement parce qu’elle est incapable de remporter le bras de fer avec l’Iran en dépit de ses multiples tentatives. Preuve en est, poursuivent les sources proches du parti chiite, l’échec de ses tentatives visant à saboter l’accord nucléaire, après l’opposition formulée par les pays européens concernés qui ont toutefois demandé que certaines limites soient imposées à la République iranienne. Telle est la conclusion à laquelle sont d’ailleurs parvenus les pays européens, lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères à Bruxelles la semaine dernière.
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Un député proche du Hezbollah tient à rappeler que le financement du parti provient directement d’Iran et non d’une autre source. C’est d’ailleurs ce qu’avait déclaré publiquement le secrétaire général du parti, Hassan Nasrallah, sans honte ni détour. Il a également assuré que le parti n’a aucun compte dans les banques au Liban pour qu’il puisse s’inquiéter ou dont il doit rendre compte.
La crainte est que ce type de pression et les limitations désormais imposées au secteur bancaire ne finissent par se répercuter sur le Liban et les citoyens qui devront en payer le prix. Quoi qu’il en soit, le parti ne restera pas les bras croisés face à cette guerre déclarée contre lui, poursuit le responsable qui précise que le parti chiite réagira en multipliant les efforts en vue de protéger son rôle et sa mission de résistance contre Israël. Le parti s’apprête ainsi à contrer toute politique destinée à lui couper les ailes et à réduire son influence en envisageant d’élargir son réseau de contacts aux plans local et international, ainsi que sa coopération avec divers mouvements et fronts politiques sous le titre de l’unification du front de la résistance. Il œuvrera en même temps à consolider, localement, la formule « peuple-armée-résistance », qui depuis un certain temps a été occultée par le lexique politique, dans la déclaration ministérielle, voire dans le discours d’investiture au lendemain de l’élection à la présidence de Michel Aoun.
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Les anglais disaient qu'ils se batteraient contre les allemands jusqu'au dernier français. Le hezb en tenant à sa tryptique légendaire pense se battre jusqu'au dernier libanais dans sa bataille contre les pressions US... Son argent viens de l'Iran alors que l argent des libanais viens de leur sueur et leur patience face à toutes ses et ces rethoriques...
17 h 15, le 18 janvier 2018