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Liban - Liban

Loi d’amnistie générale : la course contre la montre a commencé

L'absence, jusqu'ici, de consensus politique ainsi que des difficultés techniques risquent d'empêcher l'adoption de ce texte avant les législatives.

Au Liban, 50 % de la production de cannabis va à l’exportation. Photo d’archives/L’Orient-Le Jour

Une course contre la montre est désormais engagée pour l'adoption d'une loi d'amnistie générale, alors que la volonté de certaines des principales composantes politiques de faire adopter ce texte avant les législatives de mai prochain se heurte aux difficultés techniques et politiques que cette loi pose.

Bien qu'il soit public depuis quelques jours seulement, le débat autour de cette amnistie générale avait déjà lieu dans les coulisses politiques où l'on concocte, en fait, le projet depuis plus de cinq mois. Le ministre de la Justice, Salim Jreissati, avait alors commencé à plancher sur un avant-projet de texte et sur la sélection des crimes et délits susceptibles d'être pris en considération pour pouvoir établir ensuite la liste des détenus ou des personnes poursuivies susceptibles d'être amnistiés.

S'il n'y a plus aucun doute sur le timing souhaité, ce projet étant intrinsèquement lié à la tenue des législatives dans moins de quatre mois, il reste à voir quelles en seront les parties politiques bénéficiaires et si le projet pourra faire l'objet d'un consensus politique général, incontournable pour faire passer une loi aussi importante.

 

(Lire aussi : Amnistie générale probable à Baalbeck-Hermel)

 

 

Les bénéficiaires
Il apparaît de prime abord que seules deux communautés pourraient tirer profit d'une amnistie qu'elles ont commencé d'ores et déjà à promouvoir auprès de leur base électorale. Il s'agit d'abord des sunnites. Le courant du Futur, dont le chef, Saad Hariri, dans une ultime tentative de séduction visant les milieux islamistes (à Tripoli et Saïda) qui comptent plusieurs des milliers de détenus et de personnes faisant l'objet de mandats d'arrêt, a promis à leurs familles respectives de trouver une « solution rapide à leur problème ». Des parents, de leur côté, assurent que le Premier ministre a carrément évoqué devant eux l'adoption prochaine de la loi d'amnistie.

La seconde partie qui pourrait en tirer crédit est le Hezbollah, même si le troc proposé pourrait bien l'embarrasser, des islamistes sunnites devant être amnistiés en même temps que des criminels de tous calibres, impliqués dans des affaires de drogue et de vols de véhicules, originaires essentiellement de Baabeck-Hermel.

Le parti chiite a confié le dossier à un député de son bloc, Nawwar Sahili, qui doit effectuer le suivi et scruter les listes. Selon les informations qui ont circulé à ce jour, le Courant patriotique libre, qui travaille activement à la mise en place de cette loi, ne semble pas espérer de cette transaction un gain direct exploitable durant les élections. Il viserait toutefois des bénéfices indirects, en cherchant à contenter ses partenaires politiques et potentiels alliés électoraux, ce qui élimine d'emblée la possibilité d'une quote-part chrétienne envisagée, du moins pour l'heure.

La communauté druze, ne voulant pas être en reste, aurait quant à elle réclamé la prise en compte d'une liste de près de 500 prisonniers impliqués dans des affaires de drogue. Selon une source proche du dossier, des responsables de cette communauté auraient soumis à un officier du bureau de la lutte antidrogue une longue liste pour tenter de l'inclure dans le package-deal, arguant du fait que ces détenus sont de simples « cultivateurs ». « Il s'est avéré que parmi les noms se trouvaient des revendeurs et de grands trafiquants », affirme la source, qui précise que l'officier a émis un avis négatif à l'idée de les faire amnistier. Les jeux ne sont donc pas encore faits, la bourse des noms devant fluctuer au fur et à mesure que monte la fièvre électorale.

D'ailleurs, ironise un responsable qui suit de près ce dossier, « on se demande s'il est plus sûr de garder ces trafiquants et revendeurs en prison, sachant qu'ils ont de toute manière monté sur place tout un réseau de trafic et effectuent leurs deals à partir de leurs cellules, transformées en une véritable chambre d'opérations ».

 

(Pour mémoire : Amnistie : le décor a été planté)

 

 

Bazar « préélectoral  »
Il n'en reste pas moins que la loi d'amnistie est encore loin d'être acquise, n'ayant pas encore reçu l'aval de l'ensemble des acteurs politiques. Si certaines parties comme le mouvement Amal, les Kataëb et les FL ne souhaitent pas se prononcer publiquement à ce sujet tant que le projet n'a pas été rendu officiel, dans les coulisses, plusieurs formations expriment leur doute quant à l'adoption de la loi avant les législatives. D'autres rejettent purement et simplement ce projet. Qualifiant cette initiative de bazar « préélectoral », une source proche des FL indique que la formation chrétienne « s'opposera à cette initiative qui, en définitive, viendra légaliser le crime selon une formule de distribution équitable des quotes-parts entre sunnites et chiites ».
C'est ce qui fera d'ailleurs dire à un responsable cité par notre correspondante Hoda Chédid qu'avec la libération de tous ces malfaiteurs et l'absolution accordée à plusieurs centaines de personnes recherchées par la loi, le Liban deviendrait en somme une grande prison gouvernée par d'anciens criminels...

 

 

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Une course contre la montre est désormais engagée pour l'adoption d'une loi d'amnistie générale, alors que la volonté de certaines des principales composantes politiques de faire adopter ce texte avant les législatives de mai prochain se heurte aux difficultés techniques et politiques que cette loi pose.
Bien qu'il soit public depuis quelques jours seulement, le débat autour de cette...

commentaires (2)

LES UNS ETAIENT TOUJOURS AMNISTIES D,AVANCE... C,EST LE TOUR DES AUTRES BIEN QU,EN RETARD !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 06, le 17 janvier 2018

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Commentaires (2)

  • LES UNS ETAIENT TOUJOURS AMNISTIES D,AVANCE... C,EST LE TOUR DES AUTRES BIEN QU,EN RETARD !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 06, le 17 janvier 2018

  • Alors comme ca on va mettre dans la rue des terroristes, des bandits et des voyous pour faire plaisir aux parties politiques en s'en foutant carrement des citoyens....C'est beau la democratie a la Libanaise qui veut se donner en exemple!

    IMB a SPO

    14 h 10, le 17 janvier 2018

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