L'amnistie générale dont on parle déjà depuis plusieurs jours servira-t-elle d'excuse pour un nouveau bazar politique à quelques mois des élections ?
Si l'on en croit les chiffres approximatifs qui circulent sur les personnes qui pourraient figurer sur les listes des candidats potentiels à l'amnistie, l'on devine d'ores et déjà les marchandages qui auront lieu en coulisse et les combinaisons de noms qui seront concoctées entre les parties politiques qui s'empressent à mettre au point la loi d'amnistie, susceptible de leur attirer le plus grand nombre d'électeurs en vue du prochain scrutin, prévu en mai.
Le « butin » s'annonce gros lorsque l'on apprend notamment que les personnes recherchées dans la seule région de Baalbeck-Hermel ont déjà annoncé publiquement la teneur du troc : « Ce sera l'amnistie pour nous, ou le boycott des élections de la part de nos familles et clans », a déclaré hier, le visage enfoui sous un keffieh, l'un des fugitifs dans un entretien à la LBCI. La chaîne a indiqué par la même occasion que le ministère de la Justice planche, dès à présent, sur le tri des crimes que pourraient inclure l'amnistie, pour pouvoir ensuite passer au crible ceux qui en profiteront.
La question de l'amnistie générale est revenue en force depuis quelques jours à la faveur notamment de l'annonce faite, mercredi dernier, par le mohafez de la région de la région de Baalbeck-Hermel, Bachir Khodr, appelant les personnes faisant l'objet d'un mandat d'arrêt dans cette région à se rendre à la justice en vue de profiter de cette amnistie qui pourrait bientôt être décrétée. Le mohafez faisait allusion aux personnes recherchées par la justice ou faisant l'objet de rapports des services de renseignements et de « mesures de soumission » (mouzakkarat ikhdah). On avance un chiffre de 1 200 à 1 500 personnes recherchées dans cette localité qui pourraient en bénéficier.
(Lire aussi : Amnistie générale probable à Baalbeck-Hermel)
L'amnistie devrait probablement, comme le dicte la logique des quotas communautaires, inclure certains islamistes qui croupissent en prison, certains depuis plusieurs années, purgeant des peines « qui ne correspondent pas à la gravité du crime commis », comme l'affirment dans tous les cas ceux parmi les politiques qui défendent leur cause.
Il reste à voir quelle sera la partie politique qui réussira à « récupérer » à son avantage le crédit du « troc », sachant notamment qu'à ce jour, le parrainage de cette cause, à Tripoli, revenait à l'ancien ministre Achraf Rifi, qui avait évincé en mai 2016 durant les élections municipales son adversaire politique, le chef du courant du Futur Saad Hariri.
En mai dernier, le ministre libanais de l'Intérieur, Nouhad Machnouk, avait annoncé la création d'une commission mixte chargée d'étudier l'aspect juridique d'une loi d'amnistie générale qui concernerait en grande partie de nombreux détenus islamistes, après concertation avec le Premier ministre Saad Hariri et le mufti de la République, Abdellatif Deriane. « La commission mixte sera formée "dans les prochains jours", mais le climat actuel n'est pas propice à une amnistie générale », avait-il dit, en soulignant que la priorité, à l'époque, était « à la loi électorale ». Maintenant que le nouveau code est adopté, le projet d'amnistie peut être relancé.
Les familles des détenus islamistes avaient pour leur part manifesté à plusieurs reprises pour réclamer une amnistie pour leurs proches. Ces derniers sont, pour nombre d'entre eux, impliqués dans des combats contre l'armée libanaise ou les forces de l'ordre. Beaucoup de ces détenus croupissent en prison depuis des années dans l'attente de leur jugement. Plusieurs dizaines de jeunes Tripolitains font également l'objet de rapports des services de renseignements et de « mesures de soumission ». D'autres sont en outre impliqués dans des affaires de drogue.
Évoquant la question de ce fléau qui gangrène le pays, le chef de l'État, Michel Aoun, qui recevait une délégation de l'association Jeunesse antidrogue (JAD), a déclaré : « Petits et grands sont mobilisés pour réduire la vente et la consommation de drogue. Personne ne sera couvert. » Il a pointé du doigt « tous ceux qui sont impliqués, y compris les commerçants, les dealers, les intermédiaires et tous ceux qui les protègent ».
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AH OUI MAUVAIS... MAIS UNE PARTIE ON N,OSE MEME PAS Y TOUCHER POUR QU,IL Y AIT AMNISTIE DE CE COTE ! L,AMNISTIE LEUR EST ACCORDEE D,AVANCE POUR TOUS LEURS DELITS !
14 h 09, le 13 janvier 2018