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Moyen Orient et Monde - Conflit

La « force frontalière » de Washington en Syrie, nouvelle épine dans le pied d’Erdogan

Damas, Moscou et Téhéran dénoncent le projet américain, Ankara menace de le « tuer dans l'œuf ».

Des combattants des Forces démocratiques syriennes dans le Nord syrien, près de Raqqa, lors de l’offensive pour reprendre la ville en février 2017. Rodi Said/Reuters

Les États-Unis n'entendent pas s'effacer en Syrie. Au contraire, comme semble le prouver l'annonce de la création d'une « force frontalière » par la coalition internationale sous commandement américain. Cette « Force de sécurité frontalière » devrait être constituée de 30 000 hommes, dont la moitié seraient des membres des Forces démocratiques syriennes (FDS). L'autre moitié serait composée de nouvelles recrues, dont quelques centaines sont déjà en formation. D'après la coalition, cette force devrait être stationnée le long des frontières à l'est et au nord de la Syrie, soit à l'orée de l'Irak et de la Turquie, mais aussi sur les lignes de démarcation qui séparent les territoires dominés par les Kurdes du reste du pays. Son objectif affiché ? Empêcher une renaissance de l'État islamique, aujourd'hui en pleine déroute en Syrie et en Irak.

Alors qu'une politique américaine en Syrie était difficile à décrypter depuis l'arrivée de Donald Trump à la présidence il y a un an, l'annonce de la création de cette « force frontalière » fait l'effet d'une bombe. Il y a quelques jours déjà, le secrétaire d'État adjoint par intérim pour les Affaires du Proche-Orient David Satterfield avait révélé, lors d'une audience du Comité sénatorial des Affaires étrangères, un maintien « à durée indéterminée » d'une présence militaire américaine – quelque 2 000 soldats américains sont déjà déployés en Syrie et appuient les FDS, selon des chiffres avancés en décembre par le Pentagone – dans le Nord et l'Est syriens, une nouvelle politique qui a pris même les sénateurs par surprise. Il avait donné plusieurs raisons à cette décision : stabiliser cette zone, protéger les FDS, « alliés vaillants » des États-Unis, créer un modèle politique alternatif en Syrie à celui de Bachar el-Assad et, surtout, contrer « l'Iran et sa capacité à renforcer sa présence en Syrie ». Washington n'a jamais caché son intention d'endiguer, par tous les moyens, l'influence de l'Iran dans la région. Le fameux croissant chiite, tant craint par les États-Unis, l'Arabie saoudite et Israël, et qui va de Téhéran à la Méditerranée en passant par Bagdad, Damas et Beyrouth, ne passerait justement pas par le Nord syrien. L'intérêt de cette nouvelle stratégie américaine reste donc opaque, puisque la présence militaire iranienne est plus au sud.

 

(Lire aussi : Quel visage pour la Syrie de demain ?)

 

 

Objectifs US
« Quel peut donc être l'objectif de cette armée de terroristes, si ce n'est la Turquie ? » a par conséquent demandé hier le président turc Recep Tayyip Erdogan. « L'Amérique a avoué qu'elle était en train de constituer une armée terroriste à notre frontière. Ce qui nous revient, à nous autres, c'est de tuer dans l'œuf cette armée terroriste », a-t-il ajouté. La Turquie ne cache pas son inquiétude de voir la formation d'un territoire dominé par les Kurdes dans le Nord syrien, c'est-à-dire le long de sa frontière. Elle considère que les membres des Unités de protection populaire (YPG), qui représentent une grande partie des FDS, sont une émanation du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), mouvement séparatiste kurde de Turquie classé sur la liste des organisations terroristes. D'où l'avertissement d'Ankara à Washington hier : « Voilà ce que nous avons à dire à tous nos alliés : ne vous mettez pas entre nous et les organisations terroristes, ou alors nous ne serons pas responsables des conséquences fâcheuses qui cela pourrait entraîner », a prévenu, menacé même Recep Tayyip Erdogan, qui a affirmé hier que l'armée turque est « prête » à lancer une opération « à tout moment » contre les fiefs des YPG à Afrine et Manbij, dans le Nord syrien. L'agence de presse officielle Anadolu a de son côté avancé que l'armée turque a envoyé hier une vingtaine de blindés à la frontière. Mais des informations circulent, depuis dimanche soir, sur les réseaux sociaux et les médias kurdes sur les débuts d'une opération turque. Deux villages kurdes syriens, Basufan et Khazwe, auraient été visés par l'artillerie de l'armée turque. Une telle initiative n'aurait rien de nouveau : à l'été 2016, la Turquie avait lancé une offensive dans le Nord syrien pour empêcher l'expansion territoriale des Kurdes dans le cadre de l'opération Bouclier de l'Euphrate.

Comme Ankara, Damas et ses alliés ont eux aussi réagi avec virulence à l'annonce américaine. « La Syrie condamne fermement l'annonce américaine concernant la formation d'une milice armée dans le nord-est du pays », selon une source du ministère des Affaires étrangères, citée par l'agence officielle SANA. « La Syrie considère tout citoyen syrien qui rejoint ces milices (...) comme un traître à la nation », souligne la source non identifiée. Le ministère dénonce également « une atteinte flagrante à la souveraineté et à l'intégrité du territoire syrien, et une violation du droit international ». Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a quant à lui exigé des « explications détaillées », considérant que le projet américain signifie « la sécession d'une grande partie du territoire (syrien) le long de la frontière avec la Turquie et l'Irak ». Et à Téhéran, un haut responsable iranien, Ali Shamkhani, secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale, a jugé, selon l'agence de presse nationale Fars, que la force frontalière parrainée par Washington est « vouée à l'échec ».

 

 

 

 

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commentaires (2)

MINI SULTAN ERDO... LA ROUE TOURNE... FAITES ATTENTION !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 37, le 16 janvier 2018

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Commentaires (2)

  • MINI SULTAN ERDO... LA ROUE TOURNE... FAITES ATTENTION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 37, le 16 janvier 2018

  • Ce qui ressort de plus en plus de ces agissements otaniques , c'est une situation de conflit interne entre arabes du golfe , Qatar et les autres types de wahabites , et un conflit ouvert avec un de ses membres les plus puissants , la Turquie d'erdo . De l'autre côté cad l'axe de la résistance , on a plus l'impression d'ne force soudée , unifiée et prête à faire face à toutes ces manigances , même si on constate aussi que ces forces de l'axe des résistance est constamment sur la défensive . VOUE A L'ECHEC !

    FRIK-A-FRAK

    13 h 06, le 16 janvier 2018

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