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Moyen Orient et Monde - Crise

En Iran, les pasdaran contre-attaquent

L'armée d'élite du régime proclame la fin de la sédition.

Des Iraniens manifestant leur soutien au régime à Najafabad. Tasnim News/Morteza Salehi/AFP

L'armée d'élite du pouvoir iranien a proclamé hier la fin du mouvement de contestation, qui a fait 21 morts et entraîné des centaines d'arrestations depuis une semaine, dans la foulée de manifestations massives de soutien au régime. Le chef des gardiens de la révolution (pasdaran), Mohammad Ali Jafari, a affirmé que le nombre de « fauteurs de troubles » « n'avait pas dépassé les 15 000 personnes sur l'ensemble du pays ».

Et il a ajouté être en mesure d'annoncer « la fin de la sédition », dans des propos publiés par le site internet des pasdaran, l'armée d'élite du régime. « Un grand nombre de fauteurs de troubles, au centre de la sédition, ont reçu une formation de la part de la contre-révolution et des monafeghine (hypocrites, NDLR) », a-t-il par ailleurs commenté, en utilisant un terme désignant les Moudjahidine du peuple, principale formation de l'opposition en exil. Ceux-ci « ont été arrêtés et il y aura une action ferme contre eux ». Dans la foulée, les pasdaran, troupe d'élite des forces armées iraniennes, ont été déployés hier dans trois provinces. Les « pasdaran » ont été envoyés dans les provinces d'Ispahan, de Lorestan et de Hamadan, a précisé, le général Mohammad Ali Jafari.

Dans l'ensemble du pays, seules quelques petites protestations sporadiques en province ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi, selon des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et impossibles à vérifier, contrastant avec les précédentes nuits de contestation contre l'austérité économique et le pouvoir. À Piranshahr, trois membres des services de renseignements ont été tués hier dans des affrontements, a annoncé l'agence Mehr, citant une déclaration des gardiens de la révolution. Les trois agents sont morts « dans un affrontement avec des éléments contre-révolutionnaires », précisent-ils, sans dire si l'accrochage était lié aux manifestations. Le bilan des manifestations ne tient pas compte de ces trois décès. En outre, un Européen, dont la nationalité n'a pas été précisée, a été arrêté lors d'une manifestation antigouvernementale dans la région de Borujerd, dans l'ouest de l'Iran. « Un citoyen européen a été arrêté dans la région de Borujerd (...) Cette personne, entraînée par des services de renseignements européens, conduisait les émeutiers », a précisé Hamidreza Abolhassani, responsable judiciaire de la préfecture de Borujerd, à l'agence de presse Tasnim.

 

(Lire aussi : À Téhéran, les habitants restent sceptiques)

 

Manifestations progouvernementales
Des milliers de partisans du gouvernement ont par ailleurs manifesté dans plusieurs villes du pays pour marquer leur attachement au régime et dénoncer les « ennemis » et « mercenaires » étrangers accusés de fomenter les troubles. La télévision iranienne a diffusé des images des rassemblements progouvernementaux à Kermanshah, à Ilam et à Gorgan, dans le nord du pays, où des manifestants ont défilé en brandissant des drapeaux iraniens et des portraits du guide de la révolution islamique, l'ayatollah Ali Khamenei. Dans la ville sainte de Qom, la foule a défilé en criant « Mort aux mercenaires américains ! » Il y a également eu des rassemblements à Ispahan, la troisième ville du pays, à Abadan et à Khorramshahr, dans le sud-ouest du pays. Ces manifestations en faveur du pouvoir visaient à réaffirmer un soutien sans faille à l'ayatollah Khamenei. « Nous ne laisserons pas notre chef seul » ou « notre sang est un cadeau pour notre chef », ont scandé des manifestants.

D'autres manifestations prorégime sont prévues aujourd'hui à Ispahan et Machhad. Des photos et des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent des forces antiémeute déployées en nombre dans plusieurs villes. Ali Khamenei a accusé les ennemis de l'Iran d'être à l'origine de ces troubles. Le mouvement de contestation, motivé à l'origine par la hausse des prix et la dénonciation de la corruption, a pris une tournure politique, de nombreux jeunes Iraniens se joignant aux cortèges pour appeler au départ de Khamenei.

Sur Twitter, Donald Trump a déclaré hier que les États-Unis soutiendraient « le moment venu » ceux qui manifestent en Iran. La Maison-Blanche a expliqué plus tard dans la soirée qu'elle envisageait de nouvelles sanctions contre des représentants du régime iranien et ses partisans impliqués dans la répression du mouvement de contestation débuté il y a une semaine dans le pays, a indiqué un haut responsable de l'administration américaine. Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s'est pour sa part inquiété des décès aux cours des manifestations. Le président turc Recep Tayyip Erdogan a quant à lui jugé « adaptée » l'attitude de son homologue iranien Hassan Rohani face aux manifestations. De source proche de la présidence turque, on précise qu'Erdogan a eu un entretien téléphonique avec Rohani, qui lui a dit espérer un retour à la normale « d'ici à quelques jours »

 

 

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