Des propos du ministre des Affaires étrangères, Gebran Bassil, jeudi dernier, concernant une éventuelle normalisation des relations libano-israéliennes continuent de susciter des remous. Si d'aucuns y voient un message implicite du Hezbollah et de l'Iran, d'autres crient au scandale et appellent au respect de la cause palestinienne.
Interviewé par la chaîne panarabe al-Mayadine, M. Bassil avait déclaré que le Liban « ne refuse pas l'existence d'Israël et son droit de jouir de la sécurité ». Les propos de M. Bassil interviennent après qu'il a critiqué de façon virulente la décision du président américain, Donald Trump, de reconnaître Jérusalem comme capitale de l'État hébreu. M. Bassil avait notamment formulé ces critiques lors de la dernière réunion des ministres arabes des Affaires étrangères au Caire.
Interrogé par L'Orient-Le Jour sur le silence radio du Hezbollah à la déclaration du chef de la diplomatie, le journaliste et analyste politique Imad Komeiha (opposition chiite) estime que les propos de M. Bassil « ne sont pas le fruit du hasard ». « Gebran Bassil a accordé cette interview exprès pour dire ce qu'il a dit, sur demande du Hezbollah et de l'Iran, affirme-t-il. Il y a là un message iranien rassurant adressé aux États-Unis et à Israël pour leur dire: "Nous n'avons pas de problème avec la nouvelle donne" », souligne M. Komeiha. Tout ce que M. Bassil a dit avant sur la préservation du statut de Jérusalem, c'est de la propagande », assure-t-il.
« Il y a une certaine dualité dans le discours du Hezbollah, précise M. Komeiha. Il a, d'un côté, un discours destiné à exciter son public en organisant par exemple une tournée à Kfarkila du commandant de la brigade chiite syrienne Imam al-Baqer (mercredi dernier). De l'autre côté, se trouve la vraie position politique du Hezbollah qui n'est pas contre une normalisation avec Israël. Tout ce qui lui importe, c'est de préserver les intérêts iraniens dans la région », souligne M. Komeiha.
Une « catastophe »
Dans une déclaration à l'agence al-Markaziya, l'ancien ministre Farès Boueiz s'est quant à lui insurgé contre les propos de Gebran Bassil, appelant le gouvernement à adopter une position claire au sujet d'Israël et de la cause palestinienne. « Si les propos de M. Bassil concernant Israël ont été dits par inadvertance, c'est une catastrophe de traiter un sujet aussi critique avec autant de légèreté, a déclaré M. Boueiz. Si ses propos ont été dits exprès et pour des raisons tactiques servant à faire un équilibre avec sa déclaration à la Ligue arabe, c'est une catastrophe plus grande à cause des dégâts que cela va engendrer pour la crédibilité du Liban », indique l'ancien ministre qui appelle par ailleurs le gouvernement à « publier un communiqué qui neutraliserait les effets des propos de M. Bassil et qui confirmerait la position de l'État concernant la cause palestinienne ».
Pour le secrétaire général du 14 Mars, l'ancien député Farès Souhaid, « le Hezbollah sera tolérant avec M. Bassil pour donner l'impression au public chrétien qu'il n'est pas dépendant de lui ». « Je suis contre le ministre Bassil, mais il n'est pas sorti du cadre de l'initiative arabe de paix (2002) », souligne-t-il dans un tweet.
Pour mémoire
Interviewé par la chaîne panarabe al-Mayadine, M. Bassil...
commentaires (7)
"La Voix de son maître" donc?
Wlek Sanferlou
15 h 27, le 30 décembre 2017