Une vidéo poignante, circulant depuis jeudi sur les réseaux sociaux, de chiens errants empoisonnés par des agents de la municipalité de Ghobeiry, dans la banlieue sud de Beyrouth, a fait réagir vendredi la municipalité incriminée, les principales associations libanaises de défense des animaux ainsi que les responsables politiques. Sur les images, on observe des chiens couchés à même le sol, tremblant et crachant de la salive, sous l'effet du poison.
Dans un communiqué publié dans la matinée, la municipalité a dénoncé "un acte isolé, condamnable et répréhensible", ajoutant que ces agents municipaux ne répondaient pas à des ordres émanant du conseil municipal. Ce dernier a annoncé que les individus mis en cause ont été arrêtés et qu'une enquête allait être ouverte.
Des habitants du quartier ont de leur côté organisé un sit-in devant le siège de la municipalité pour dénoncer l'empoisonnement des chiens.
Plusieurs associations de défense des animaux se sont aussi exprimées. "Ce niveau écœurant d'abus, de torture et de souffrance, au mépris de la vie et de la loi, est absolument choquant", ont ainsi souligné les associations BETA et Animals Lebanon dans un texte conjoint publié sur leurs pages Facebook, expliquant que, selon la municipalité, ces chiens étaient agressifs et ont attaqué plusieurs personnes. Par ailleurs, BETA a indiqué être en relation avec les ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture afin qu'il soit officiellement notifié à toutes les municipalités que ces actes sont "illégaux et inacceptables".
Le chef de l'Etat, Michel Aoun, a lui aussi réagi à la polémique, en publiant le message suivant sur sa page Facebook : "Les chiens errants peuvent constituer un danger pour les gens de différentes manières, mais les solutions à ces dangers sont aussi nombreuses. Ces solutions ne sont sûrement pas celles que nous avons vues à travers les chaînes de télévision et les réseaux sociaux, surtout après le vote, en début d'année, de la loi sur la protection des animaux". Le président Aoun a joint à son message une photo de lui en compagnie d'un chien.
Le leader druze, Walid Joumblatt, connu pour son affection pour son chien Oscar, a lui aussi dénoncé ces abus.
اذا كان من كائن ليذكرنا بإنسانيتنا ويعلمنا الاخلاص والمحبة والوفاء والحنان فهو الكلب .ان تسميم الكلاب في الغبيري وبالسابق في الشويفات مرورا بغيرها من المناطق هو اجرام ودليل تخلف وجهل مطلق في الترببة العامة .كم من درس علينا ان نتعلم للحفاظ على الطبيعة والبيئة للوصول الى المواطنة pic.twitter.com/4xdcx3ACks
— Walid Joumblatt (@walidjoumblatt) December 29, 2017
"C'est le chien qui nous rappelle notre côté humain et nous apprend la fidélité, l'amour et la tendresse. L'empoisonnement de chiens à Ghobeiry, et auparavant à Choueifate et ailleurs, est un crime qui révèle un haut degré d'ignorance. Que de choses à apprendre pour le respect de la nature et de l'environnement pour atteindre la citoyenneté", a écrit le chef du Parti socialiste progressiste sur son compte Twitter, dans un message accompagné d'une photo de lui, caressant son chien Oscar.
En soirée, le ministre de l'Intérieur, Nohad Machnouk, a ordonné une enquête "rapide afin de prendre les mesures nécessaires".
En septembre dernier, la première loi pour la protection des animaux au Liban avait été promulguée. Elle établit notamment les règles pour la possession d'animaux domestiques ainsi que les régulations des zoos et animaleries et interdit la possession d'animaux sauvages ou menacés.
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commentaires (7)
Quand une municipalité autorise de tuer les chiens ainsi de quoi peut-on encore espérer dans ce pays ou avoir confiance et en qui ou tout crime est impuni !!!
Antoine Sabbagha
20 h 32, le 29 décembre 2017