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À La Une - Syrie

Évacuations au compte-gouttes dans la Ghouta orientale

Au total 16 personnes ont ainsi pu sortir de cette région assiégée en proie à une crise humanitaire aiguë, un nombre encore très éloigné des 500 personnes que l'ONU appelle à évacuer.

Des secouristes syriens s'occupant de nourrissons dans une ambulance, au deuxième jour d'une évacuation pilotée par le Croissant-Rouge syrien et le Comité international de la Croix-Rouge à Douma, dans la Ghouta orientale, près de Damas, le 28 décembre 2017. AFP / ABDULMONAM EASSA

Les évacuations de civils gravement malades d'une région rebelle de Syrie assiégée par le régime se poursuivaient au compte-gouttes avec 12 patients sortis mercredi soir, un responsable de l'ONU s'inquiétant de l'utilisation d'enfants comme "monnaie d'échange".

Douze malades, en majorité des enfants, ont quitté la Ghouta orientale, région rebelle proche de Damas, avec des membres de leur famille mercredi soir pour être transportés vers des hôpitaux de Damas, a affirmé jeudi à l'AFP la porte-parole du CICR en Syrie, Ingy Sedki.

Un correspondant de l'AFP à Douma, grande ville de la Ghouta, a vu dans une des ambulances Abdel Rahmane, un bébé de sept mois dans les bras de sa mère avec un appareil d'assistance respiratoire. Un ambulancier tentait de faire sourire un autre bébé avant de le déposer dans le véhicule médicalisé pour son transfert.

"La plupart souffrent de cancer, de maladies chroniques et de maladies du cœur", a précisé Ingy Sedki. La veille, quatre patients avaient été évacués par le Croissant-Rouge syrien et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Au total 16 personnes ont ainsi pu sortir de cette région assiégée en proie à une crise humanitaire aiguë, un nombre encore très éloigné des 500 personnes que l'ONU appelle à évacuer. Avec les retards et blocages sur ce dossier, 16 patients sont déjà morts depuis novembre.

Quelque 400.000 habitants sont pris au piège dans la Ghouta orientale, une région à l'est de Damas assiégée depuis 2013 par les troupes du régime de Bachar el-Assad et touchée par de graves pénuries alimentaires et médicales.

 

 

"Monnaie d'échange"
Les évacuations médicales comme les livraisons d'aide humanitaire dans la Ghouta ne peuvent se faire qu'avec l'autorisation du régime syrien, qui a réussi avec l'appui militaire russe et iranien à reprendre la majorité des territoires contrôlés par les rebelles.

Selon le groupe rebelle de la Ghouta, Jaich al-Islam, un accord a été passé avec le pouvoir de Damas sur ces évacuations. "Nous avons accepté la libération d'un nombre de prisonniers en échange de l'évacuation des cas humanitaires les plus urgents", a-t-il précisé. Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), l'accord entre rebelles et régime a été conclu avec le soutien de la Turquie, soutien des insurgés.
Vingt-six personnes détenues par les rebelles de Jaich al-Islam, ont ainsi été libérées en vertu de l'accord en échange de l'évacuation des malades.

Le chef du groupe de travail humanitaire de l'ONU pour la Syrie, Jan Egeland, s'est montré critique de l'accord. Ce n'est "pas un bon accord s'ils échangent des enfants malades contre des détenus. Cela veut dire que les enfants sont devenus une monnaie d'échange dans cette lutte acharnée", a-t-il affirmé à la BBC. "Cela ne devrait pas arriver. Ils (les malades) ont le droit d'être évacués et nous avons l'obligation de les évacuer", a-t-il ajouté.

 

(Lire aussi : Lueur d’espoir dans la Ghouta après les premières évacuations médicales)

 

Dernier fief de la rébellion près de Damas, la Ghouta fait partie des quatre "zones de désescalade" définies en mai par la Russie et l'Iran, alliés du régime, et la Turquie, pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu durable en Syrie. Mais le régime y a récemment intensifié ses bombardements. Autrefois région agricole importante, la Ghouta a été ravagée par les combats. Des immeubles sont éventrés et des rues entières inhabitables. Le siège a provoqué une flambée des prix.

Fin octobre, l'ONU a condamné la "privation de nourriture délibérée de civils" comme une tactique de guerre, après la publication de photos "choquantes" d'enfants squelettiques dans la Ghouta. Et en novembre, l'Unicef a dénoncé la pire crise de malnutrition en Syrie depuis le début de la guerre en 2011, avec 11,9% des enfants de moins de cinq ans souffrant de sévère malnutrition, contre 2,1% en janvier.

La guerre complexe en Syrie impliquant de multiples acteurs a fait plus de 340.000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011.

 

 

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