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À La Une - Liban

Promotion 1994 : la tension monte d'un cran entre Aoun et Berry

Riachi et Kanaan insistent à Bkerké sur la solidité de l'alliance entre le CPL et les FL.

Le chef du Législatif, Nabih Berry. Photo d'archives. AFP/Ramzi Haidar

La tension est montée d'un cran mardi entre le président de la République, Michel Aoun, et le chef du Législatif, Nabih Berry, au sujet de la polémique portant sur l'avancement octroyé à la promotion 1994 des officiers entrés à l'École militaire à l'époque où le chef de l'État était à la tête du gouvernement militaire de transition.

Aujourd'hui, le président du Parlement a directement répondu aux propos tenus la veille par le président Aoun à l'issue d'un tête-à-tête avec le patriarche maronite, Béchara Raï, à Bkerké, à l'occasion de Noël. Le chef de l'État avait affirmé que "l'année d'avancement de cette promotion est un droit", appelant ceux qui ont des objections à s'adresser à la justice, en allusion à M. Berry.

"Ce sont les faibles qui ont recours à la justice. Je consulterai le ministère de la Justice lorsque le ministre qui le dirige n'est pas affilié à un parti quelconque", a rétorqué M. Berry, en allusion à Salim Jreissati, proche du Courant patriotique libre du président Aoun. Le chef du Législatif a dit regretter que le chef de l'État se soit exprimé sur cette question à l'occasion de Noël.

Les officiers en question, connus sous le nom de la "promotion Aoun", avaient subi des préjudices liés au fait qu'ils n'avaient pas été promus comme leurs camarades au sein de l'armée. Selon des sources proches du milieu aouniste, ce décret vient réparer une injustice qui date de 23 ans.

Sachant que le décret avait été signé samedi dernier par le chef de l’État et par le Premier ministre, Saad Hariri, sans la signature du ministre des Finances, Ali Hassan Khalil, une véritable épreuve de force entre Baabda et Aïn el-Tiné s'en est suivie. Le président du Parlement a jugé en effet que l'adoption du décret nécessite quatre signatures, en l'occurrence celles du président de la République, du chef du gouvernement, du ministre concerné (le ministre de la Défense, Yaacoub Sarraf), et du ministre des Finances.

Le président Aoun a dans ce contexte dénoncé lundi une "injustice politique qui a empêché cet avancement". Il a également affirmé que le décret d'avancement ne requiert que la signature du chef de l'État et du Premier ministre.

"Que Dieu ait l'âme de l'accord de Taëf, de la Constitution, de la coutume, et du gouvernement (...)", a répondu M. Berry, mardi. Il a également affirmé que le décret d'avancement comporte un coût financier. "Il aurait fallu faire examiner ce décret par le ministère des Finances, a souligné M. Berry. Il y a également des officiers des Forces de sécurité intérieure au sein de cette promotion. Pourquoi la signature du ministre de l'Intérieur a été outrepassée?", s'est également interrogé M. Berry. "Est-ce de cette manière qu'a lieu la coopération entre les institutions dont vous êtes le garant, M. le président?". Et le chef du Parlement de conclure : "Je vous laisse, M. le président, trancher cette question avec votre sagesse et votre justice".

Cette polémique n'a pas empêché M. Berry de féliciter M. Aoun par téléphone, à l'occasion de Noël.

Mardi soir, M. Jreissati a réagi auc propos de M. Berry, affirmant dans une déclaration à la LBCI que "les ministères au Liban ne sont la propriété de personne". "Ils appartiennent à la patrie et au symbole de l'unité de la patrie, qui est le président de la République", a-t-il ajouté. "Vous êtes celui qui veille sur le Pacte et la loi, a dit M. Jreissati en s'adressant à M. Berry. Nous vous appelons à reconsidérer votre position et à faire prévaloir la loi et la Constitution afin que nous puissions tous avoir recours à la justice, avec la force de la loi".

 

Affaire Marcel Ghanem
Sur un autre plan, le chef de l'État a commenté lundi l'affaire Marcel Ghanem, le journaliste vedette de la chaîne LBCI poursuivi pour avoir laissé s'exprimer dans son émission Kalam el-Nass deux journalistes saoudiens qui s'étaient livrés à des attaques personnelles contre Michel Aoun, Nabih Berry, et le ministre des Affaires étrangères Gebran Bassil, les accusant d'être "partenaires du Hezbollah dans le terrorisme".

"La liberté de la presse est protégée et la convocation pour témoigner n'est pas une atteinte à cette liberté et n'est pas prohibée par une quelconque immunité. Le journaliste Marcel Ghanem a été convoqué pour être écouté. Même un député peut l'être. Il s'agit d'une procédure judiciaire qu'il faut respecter", a expliqué le président. "Combien de journalistes sont en prison?", a-t-il demandé.

En l'espace d'un mois, un journaliste a été arrêté, un autre a été convoqué pour une audience devant la justice, un artiste a été arrêté dans le cadre d'une affaire de collaboration avec Israël aux contours encore obscurs, et une enquête a été ouverte suite à des propos tenus par du député Samy Gemayel.

"L'unité nationale se base au Liban sur la diversité. C'est pour cela que le pays a besoin des efforts de toutes les composantes, par respect pour le système démocratique et le principe de l'opposition", a pour sa part insisté le patriarche Raï, lors de son homélie. "L'objectif commun doit être le renforcement de l'intérêt national suprême par respect du Pacte national et de la Constitution", a insisté Mgr Raï.

 

(Pour mémoire : Aoun : Nous avons réussi à dépasser la crise grâce à notre unité nationale)

 

CPL-FL
Le ministre de l'Information, Melhme Riachi, s'est lui aussi rendu à Bkerké lundi : "La réconciliation inter-chrétienne qui a eu lieu après l'accord de Meerab est toujours en vigueur et tiendra la route, car elle est là pour de bon", a-t-il confié aux journalistes à sa sortie. "Personne ne peut éliminer les Forces libanaises", a assuré le ministre, en référence au parti dirigé par Samir Geagea auquel il est affilié.

Les FL et le Courant patriotique libre avaient scellé en 2016 une alliance qui a pavé la voie à l'accession de Michel Aoun à la présidence de la République, grâce au soutien de son ancien rival. Toutefois, des tensions sont récemment apparues entre les FL et le CPL, sur fond de divergences autour de plusieurs dossiers traités au sein du gouvernement.

"Nombreux sont ceux qui tentent de faire tomber l'entente inter-chrétienne. Mais ce sont eux qui vont s'effondrer. Cette alliance ne tombera pas, et la réconciliation va perdurer", a pour sa part assuré Ibrahim Kanaan, député membre du CPL, qui s'est également rendu à Bkerké.

Interrogé ensuite sur une éventuelle rencontre entre M. Geagea et M. Hariri, alors que les relations entre les deux sont au plus bas, Melhem Riachi s'est contenté de répondre : "Tout chose en son temps".

Toujours à Bkerké, Taymour Joumblatt s'est entretenu avec le patriarche maronite afin de lui transmettre les vœux de son père, le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt, à l'occasion de Noël.

Par ailleurs, le métropolite de Beyrouth pour les grecs-orthodoxes, Mgr Élias Audi, s'est élevé contre la corruption, lors de son homélie. Il a appelé à "reconstruire le Liban uni, libre et indépendant, loin des marchandages, des marchés douteux et du rabibochage".

 

Pour mémoire

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commentaires (5)

Les détails se règlent en interne. L'union et l'Union et seulement l'Union

Sarkis Serge Tateossian

22 h 38, le 26 décembre 2017

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Commentaires (5)

  • Les détails se règlent en interne. L'union et l'Union et seulement l'Union

    Sarkis Serge Tateossian

    22 h 38, le 26 décembre 2017

  • bien parler Mr Riachi et Mr Kanaan ... oui il y a des gens qui veulent desunir ces 2 partie car ne servant pas leur interet ... ce sont ceux la meme qui voulaient foutre dehors de force les FL du gouvernement

    Bery tus

    18 h 50, le 26 décembre 2017

  • Mgr. Elias Audé vise toujours juste. Je suis d'accord 100% avec lui. Le Liban patauge dans un marécage de marchandages, des marchés douteux et de rabibochages.

    Un Libanais

    17 h 07, le 26 décembre 2017

  • LES PROBLEMES MAJEURS DU PAYS VONT DE TERGIVERSATION EN TERGIVERSATION ET DE REPORT EN REPORT ET ON SE DIVERTIT AVEC DU MENU...

    LA LIBRE EXPRESSION

    14 h 08, le 26 décembre 2017

  • Les divisions inter chrétiennes, comme les divisions intermusulmanes ne sont que le fait de positionnement politique pure. Rien avoir avec la foi ou des contradictions religieuses, il ne s'agit que de sensibilité politique , le CPL du PHARE AOUN Commandante KHENERAL est allie à une RÉSISTANCE LIBANAISE, et les fl de geagix se battent pour les idées proches de l'oppresseur USURPATEUR de terre . Je dis bien que les fl tendent à suivre la direction politique de l'oppression et je dis bien que ce parti est victime de cette politique , comme le sont tous ceux qui ont été bernés par leurs chants de sirene venant de ce côté.

    FRIK-A-FRAK

    11 h 48, le 26 décembre 2017

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