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Des chrétiens ont célébré Noël sous haute protection à Quetta après l'attentat de l'EI

"La peur nous hantait durant l'office", a confié Rukhsana Nazir, une mère de famille dont six proches ont été blessés dans l'attaque kamikaze perpétrée le 17 décembre à la porte d'une église.

Des snipers sur le toit, des larmes sur les visages : les fidèles de l'église méthodiste de Quetta, capitale du sud-ouest pakistanais, ont célébré Noël avec émotion et sous haute protection une semaine après avoir été victimes d'un attentat sanglant revendiqué par le groupe Etat islamique. Sur la photo, une survivante de l'attaque (2e à droite). AFP / BANARAS KHAN

Des snipers sur le toit, des larmes sur les visages : les fidèles de l'église méthodiste de Quetta, capitale du sud-ouest pakistanais, ont célébré Noël avec émotion et sous haute protection une semaine après avoir été victimes d'un attentat sanglant revendiqué par le groupe Etat islamique.

Un survivant, blessé, a éclaté en sanglots tout en rejoignant l'autel pour communier. D'autres se sont mis à pleurer en le regardant. "J'ai perdu ma mère qui emmenait tout la famille à l'église chaque dimanche. Mais hier et aujourd'hui, pour Noël, elle n'était plus là", a raconté Mahvash, une infirmière désespérée.
"Normalement, c'est un jour heureux. Mais là, ça fait mal", a soupiré Aftab, un jeune croyant, pour qui tous les fidèles lundi "se souvenaient du jour de l'attaque et de leurs proches".

Dimanche 17 décembre, un kamikaze s'est fait exploser à la porte de l'église, faisant neuf morts et trente blessés à Quetta, capitale du Baloutchistan, la plus instable des provinces pakistanaises. Un deuxième assaillant a été abattu par la police sur le parvis, empêchant un carnage pire encore, selon les autorités.

Un dispositif de sécurité impressionnant avait donc été mis en place pour Noël. Des snipers étaient à l'affût sur le toit pointu de l'église. Des commandos paramilitaires et d'importantes forces policières surveillaient les alentours du bâtiment en briques vieux de plus d'un siècle.

Malgré ce dispositif, les fidèles étaient moins nombreux qu'à l'accoutumée, environ 250 contre 350 ou plus en cette période de l'année. "La peur nous hantait durant l'office", a confié Rukhsana Nazir, une mère de famille dont six proches ont été blessés dans l'attentat.

 

(Lire aussi : Dans les pays musulmans d'Asie, les chrétiens fêtent Noël dans l'inquiétude)



Fidèles armés
Alors que des dignitaires musulmans et des politiciens étaient présents par solidarité, certains chrétiens, dont Kashif Shamshad, ont réclamé le droit d'être armés durant les offices. "Nous sommes menacés", a justifié cet homme de 40 ans blessé par trois balles durant l'attaque.

L'idée a été acceptée par le haut clergé, a déclaré Sadiq Denial, l'évêque du diocèse de Karachi-Balouchistan, assurant que la police était désormais en quête de volontaires pour leur enseigner le maniement des armes.
"Il est douloureux que les fidèles doivent prier sous haute sécurité", a-t-il toutefois regretté. Par opposition au dispositif décidé pour Noël, "il n'y avait aucun policier ni aucun véhicule en dehors de l'église" le jour de l'incident, même si "ceux présents à l'intérieur ont combattu bravement", a-t-il observé. Et l'évêque d'ajouter qu'il envoie depuis dix ans des lettres aux autorités pour réclamer davantage de protection.

Les chrétiens représentent moins de 2% de la population du Pakistan, deuxième pays musulman au monde avec 207 millions d'habitants. Mais ils font face depuis longtemps à de fortes discriminations, notamment sur le marché du travail, et peuvent être accusés de blasphème, crime pour lequel ils risquent la peine de mort.

Tout comme d'autres minorités religieuses, les chrétiens sont en outre devenus la cible de groupes armés islamistes au fil des années. En 2013, 82 personnes sont mortes dans l'attaque d'une église à Peshawar (Nord-Ouest). L'an passé, 70 autres, dont beaucoup d'enfants, ont été tués par un kamikaze dans un parc de Lahore, la deuxième ville du pays, le jour de Pâques.

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Un survivant, blessé, a éclaté en sanglots tout en rejoignant l'autel pour communier....

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