C'est l'un des défis majeurs auxquels est confronté l'Irak post-EI. Après l'annonce la semaine dernière par le Premier ministre irakien Haider al-Abadi de la victoire contre le groupe État islamique (EI), les interrogations sur l'avenir des milices chiites se font de plus en plus pressantes. Dans un sermon très attendu, à la mosquée de Kerbala hier, le grand ayatollah Ali Sistani a fait savoir, à travers son représentant, que les miliciens chiites qui ont pris part aux combats contre les jihadistes de l'EI doivent être intégrés dans les services de sécurité de l'État et que toutes les armes doivent être remises à ces derniers.
« Le dispositif de sécurité a toujours désespérément besoin d'hommes héroïques qui ont soutenu l'armée et la police fédérale ces dernières années et se sont battus avec elles sur différents fronts », a déclaré le cheikh Aboulmehdi al-Karbalaï, chargé de lire le sermon de la grande figure spirituelle du pays. « Les combattants qui ont participé à la guerre contre Daech doivent soutenir l'appareil de sécurité », a-t-il poursuivi, ajoutant qu'« il est nécessaire d'intégrer les combattants au sein de structures officielles et constitutionnelles ». Les propos de l'ayatollah Sistani ont d'autant plus d'importance que c'est lui qui avait appelé en 2014 à la mobilisation contre l'EI. Un appel qui avait été suivi par la création des troupes paramilitaires du Hachd al-Chaabi, en grande majorité chiite. S'il n'a pas demandé à ces milices de déposer les armes, le clerc, âgé de 87 ans, a insisté sur le fait qu'il était nécessaire qu'elles soient placées sous l'autorité de l'État. La déclaration de Ali Sistani est en adéquation avec les appels de Haider al-Abadi, également chef des armées, et de Moqtada al-Sadr, le chef de la puissante milice de Bagdad, à encadrer les milices. « Nous conseillons à nos frères de toutes les factions du Hachd al-Chaabi de remettre leurs armes au gouvernement fédéral et de travailler pour le renforcer en lui permettant d'imposer son contrôle sur tout le territoire irakien », a déclaré Moqtada al-Sadr lundi à la télévision.
(Lire aussi : Colère chiite après l’appel de Macron à démanteler le Hachd el-Chaabi)
L'objectif est d'empêcher les chefs de milices de s'appuyer sur leur pouvoir et leur influence durant la guerre pour peser sur les élections législatives du 12 mai prochain. Alors qu'une partie des milices chiites répond directement aux ordres de Téhéran, l'ayatollah Sistani a fait passer hier un message pour préserver l'indépendance du pôle chiite irakien, par rapport au modèle iranien du « Velayet el-Faqih ». La question de l'influence de l'Iran sur le Hachd était revenue au centre du débat en octobre, alors que le secrétaire d'État américain Rex Tillerson avait appelé « les milices iraniennes » à « rentrer chez elles ». M. Abadi avait vivement rejeté ces propos, multipliant les déclarations de soutien au Hachd, tout en rappelant leur intégration à l'appareil étatique. Les responsables politiques sunnites et kurdes demandent au Premier ministre irakien de désarmer les Unités de mobilisation populaire, qu'ils accusent de nombreux abus. Le Parlement irakien avait voté le 26 novembre 2016 une loi stipulant que le Hachd fait partie intégrante du système de sécurité du pays. Le nombre exact de ses membres fait débat : le Parlement en compte 110 000, alors que les estimations des experts varient entre 60 000 et 140 000.
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commentaires (10)
ET NOS PSEUDO-DIVINS NOUS VEULENT SOUMIS AU FAKIH ! MAIS LE COMPLOT NE PASSERA PAS... L,HYDRE EST EN AGONIE !!!
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 23, le 18 décembre 2017