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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Pourquoi la question de Jérusalem est-elle cruciale pour les évangélistes américains ?

Les chrétiens ultraconservateurs – plus de 50 millions de personnes – représentent une base électorale solide pour les républicains de manière générale, et Donald Trump en particulier.

Donald Trump entouré de ses conseillers et de leaders évangélistes, priant pour les victimes de l’ouragan Harvey. Kevin Lamarque/Reuters

Depuis l'annonce de Donald Trump sur Jérusalem, la droite religieuse américaine a de quoi se réjouir. Elle n'a d'ailleurs pas manqué de le faire savoir. « Le président a encore une fois démontré à ses partisans évangéliques qu'il fera ce qu'il dit qu'il va faire », s'est réjoui Johnnie Moore, porte-parole des conseillers évangéliques du président américain. Plus enthousiaste encore est Paula White, pasteure d'une « méga-église » de Floride : « Encore une fois, le président Trump a montré au monde ce que j'ai toujours su. Il est un leader qui est prêt à faire ce qui est juste, malgré les sceptiques et les critiques. Les évangéliques sont en extase, car Israël est pour nous un lieu sacré et le peuple juif est notre meilleur ami. »
Plusieurs facteurs ont contribué à la décision du président, il est vrai, mais l'un des plus déterminants reste la campagne intense menée par sa base électorale principale, à savoir les évangélistes américains. La question de Jérusalem leur tient particulièrement à cœur, et ce n'est pas un hasard si le Jerusalem Embassy Act de 1995 (loi qui prévoit le déplacement de l'ambassade américaine de Tel-Aviv vers la ville trois fois sainte) a été voté à leur initiative.


Ces chrétiens ultraconservateurs – plus de 50 millions de personnes – représentent une base électorale solide pour les républicains de manière générale, et Donald Trump en particulier : plus de 80 % d'entre eux ont voté pour lui, alors que la majorité de la communauté juive américaine a voté pour son adversaire démocrate Hillary Clinton. En termes de valeurs chrétiennes, il n'est pas exactement le candidat idéal : il est plusieurs fois divorcé, a bâti sa fortune sur les casinos et a souvent tenu des propos péjoratifs sur les femmes. Mais Hillary Clinton et ses idées libérales (comme son soutien au mariage gay et à l'avortement) représentaient une menace bien plus dangereuse pour cette tranche de la société américaine.

 

(Lire aussi : Trump attaque la paix au Moyen-Orient)


Depuis l'investiture du milliardaire en janvier dernier, ses conseillers évangélistes et plusieurs groupes, tels American Christian Leaders for Israel, My Faith Votes, la National Christian Leadership Conference for Israel, ou encore le Christian Zionist Congress, ont intensifié leurs appels à reconnaître Jérusalem comme « capitale indivisible » d'Israël et à y déplacer l'ambassade américaine. Leur présence quotidienne dans les couloirs de la Maison-Blanche pour évoquer la question est de notoriété publique. Rien d'étonnant quand on sait que leurs interférences dans la vie politique américaine peuvent être retracées jusqu'au XIXe siècle. Mais c'est surtout dans les années 1970 et 1980, en pleine guerre froide, que le rôle des évangéliques devient conséquent, grâce à des hommes tels Billy Graham et Jerry Falwell, des leaders évangélistes qui ont réussi à s'attirer l'engouement des foules. La tournée « I Love America » de 1976, organisée par le révérend Jerry Falwell, avait pour but de réveiller la conscience sociale, certes, mais aussi politique et patriotique de l'Américain moyen. Ces efforts portent leurs fruits puisque Ronald Reagan, ouvertement soutenu par Falwell, est élu à la présidence en 1980, en pleine crise des otages américains en Iran.


L'attachement des évangélistes à la question de Jérusalem, évoquée dans les programmes de tous les prédécesseurs, ou presque, de Donald Trump, est avant tout dû à leur interprétation de la Bible et de ses prophéties. Pour nombre de chrétiens conservateurs, et plus particulièrement ceux de la « Bible Belt » (ou « ceinture » d'États américains où le protestantisme rigoriste est fortement pratiqué), le retour du Christ sur terre, imminent, relève de la reconnaissance d'un État juif : c'est en Israël que doit avoir lieu l'avènement du Messie, au terme d'un combat final entre les forces du Bien et celles du Mal au pied de la colline Armageddon.

 

Entouré de nombreux chrétiens évangéliques, comme son vice-président Mike Pence, son ex-conseiller Steve Bannon, chrétien sioniste autoproclamé, ou Tom Cotton, sénateur de l'Arkansas, Donald Trump se devait de récupérer cette base. Selon des sondages récents, dont celui du Pew Research Center, ils étaient 78 % à le soutenir en décembre dernier, mais ne sont que 61 % aujourd'hui. Englué dans les méandres d'une enquête nationale sur une possible collusion avec Moscou au cours de sa campagne présidentielle, le président américain en perte de popularité ne pouvait repousser l'échéance plus longtemps. En Israël même, des dizaines de milliers de citoyens manifestent chaque semaine contre leur Premier ministre, Benjamin Netanyahu, qui fait lui aussi l'objet d'une enquête, pour corruption cette fois. Sans grand effet concret pour l'instant – le statut de Jérusalem n'a été reconnu qu'oralement par Washington et un déménagement de l'ambassade américaine prendra des années –, l'annonce de Donald Trump sur la ville sainte aura eu le mérite de détourner, ne fût-ce que pour un temps, l'attention de l'opinion publique, tout en satisfaisant ses alliés et mécènes.

 

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Depuis l'annonce de Donald Trump sur Jérusalem, la droite religieuse américaine a de quoi se réjouir. Elle n'a d'ailleurs pas manqué de le faire savoir. « Le président a encore une fois démontré à ses partisans évangéliques qu'il fera ce qu'il dit qu'il va faire », s'est réjoui Johnnie Moore, porte-parole des conseillers évangéliques du président américain. Plus enthousiaste...

commentaires (5)

Ces Évangélistes sont une secte, c' est le diable qui les guide, à dire la vérité ils font peurs si je me trompe pas c' est le Klux Klux clan ?

Eleni Caridopoulou

02 h 01, le 16 décembre 2017

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Commentaires (5)

  • Ces Évangélistes sont une secte, c' est le diable qui les guide, à dire la vérité ils font peurs si je me trompe pas c' est le Klux Klux clan ?

    Eleni Caridopoulou

    02 h 01, le 16 décembre 2017

  • L'engouement de la droite religieuse américaine pour Israël remonte aux années Reagan et à l'émergence de prédicateurs influents tels Jerry Falwell, proche de l’AIPAC, qui ont profondément modifié le parti républicain. C'est à leur initiative qu'a été vote en 1995 le “Jerusalem Embassy Act”, la loi qui prévoit le déplacement de l'ambassade américaine de Tel Aviv vers Jerusalem. Trump pense déjà aux prochaines élections. Son geste vise deux cibles: sa base chrétienne conservatrice, ainsi que l'un des principaux donateurs du parti républicain, le roi des casinos Sheldon Adelson.Très proche de Benyamin Netanyahu, Adelson avait manifesté son mécontentement à l'annonce d'un report de cette décision, au printemps dernier. Ces protestants évangéliques, partisans inconditionnel de la droite israélienne, constituent le socle le plus solide de l'électorat républicain: 80% d'entre eux ont voté pour Trump, plus encore que pour le “born again” George W.

    Fredy Hakim

    17 h 14, le 15 décembre 2017

  • EN FAIT IL DIT CE SERA LA SECONDE PARUTION DU CHRIST. EXACTEMENT CE EN QUOI CROIENT CES GENS !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 58, le 14 décembre 2017

  • UNE CROYANCE RELAYEE DE PERE EN FILS ET ATTRIBUEE A SAINT JEAN QUI ECRIVIT L,APOCALYPSE DIT QUE QUAND LES JUIFS ERIGERONT UN ETAT AVEC JERUSALEM POUR CAPITALE CE SERA LA FIN DU MONDE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    09 h 30, le 14 décembre 2017

  • J’avais donné les mêmes explications que dans votre article dans un long commentaire il y’a quelques jours sur les raisons pourquoi les évangélistes américains style southern Baptists, born again et consorts, alliés aux ultra-orthodoxes juifs, sont extrêmement dangereux dans leur fanatisme et théories bibliques pour la paix mondiale! En effet, le problème, c’est qu’ils croient ferme dans ces propheties bibliques et ne s’arrêteront à rien avant de les accomplir, même s’ils doivent sacrifier la paix, entraîner les massacres de leurs voisins, car c’est révélé par les prophètes et la reconstruction du temple de Jérusalem dans la capitale éternelle d'Israël serait une étape préalable à la venue du Messie promis qui va les mener à la bataille finale du Armageddon. Ils rejettent tout ce qui s’appelle avancées scientifiques, renient les théories de l’évolution, le réchauffement climatique, les droits de la femme, etc...sont racistes en se cachant derrière les théories chretiennes car se considèrent élus par Dieu qui va les sauver au ciel avec les juifs pratiquants et tout le reste du monde finira en enfer... Et là, ils ont un allié de taille avec ce stupide Trump qu’ils manipulent... Heureusement, qu’ils commencent à perdre beaucoup de leurs jeunes, et leur nombre diminue... Ils sont même plus dangereux que Daech car leur fanatisme est plus subtil, intelligent et sournois!

    Saliba Nouhad

    03 h 54, le 14 décembre 2017

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