Ali Abdallah Saleh avec le roi Abdallah d’Arabie saoudite et le président syrien Bachar el-Assad, le 23 septembre 2009. Omar Salem/AFP
La guerre au Yémen semble prendre un nouveau tournant avec l'assassinat, hier, de l'ancien président Ali Abdallah Saleh, annoncé par ses anciens alliés, les houthis, quelques jours après la rupture totale de l'alliance entre les deux camps, à l'origine d'affrontements meurtriers dans la capitale Sanaa.
Quelles pourraient être les conséquences au Liban, alors que l'Arabie saoudite a récemment accusé – à plusieurs reprises – le Hezbollah de soutenir sur place les houthis et que la récente crise née de la démission du Premier ministre Saad Hariri de Riyad, le 4 novembre, découlait, entre autres, d'un missile lancé de Sanaa vers la capitale saoudienne peu avant ? Les avis de spécialistes interrogés divergent, alors même que la situation reste très brumeuse au Yémen.
Interrogé par L'Orient-Le Jour, le journaliste Khairallah Khairallah, expert du Yémen, estime que « le meurtre de Ali Abdallah Saleh est une preuve que les houthis ne respectent pas les accord passés », notant que Ali Abdallah Saleh sentait son heure approcher et savait que ses troupes étaient infiltrées. Selon lui, l'ancien président Saleh avait décidé d'écrire lui-même le dernier chapitre de son histoire en appelant à un soulèvement de Sanaa contre la milice.
La question la plus importante, selon le journaliste, reste de savoir ce que fera l'Iran « après le meurtre de celui qui a défié l'autorité de l'un de ses outils au Yémen ». « Quelles répercussions régionales aura cet événement que l'Iran considère comme une grande réalisation au Yémen ? Comment cela se reflétera-t-il sur l'Irak, la Syrie et le Liban, où les milices relevant de l'Iran devraient ressentir un nouveau regain de confiance ? » En effet, selon M. Khairallah, Ali Abdallah Saleh, aussi controversé soit-il, se révélera probablement difficile à remplacer dans l'optique d'autres tentatives sérieuses de soutirer la capitale à l'influence des houthis. Il considère le soulèvement de Sanaa comme une « surprise » et l'assassinat de Saleh comme une autre, alors « quelles autres surprises nous réserve le Yémen ? » se demande-t-il. Plus de questions que de réponses, donc...
(Lire aussi : Autopsie (libanaise) d’un meurtre, l'édito d'Elie FAYAD)
Renforcer et clarifier le compromis interne
Pour l'économiste et analyste politique Sami Nader, le Liban est nécessairement concerné par les derniers bouleversements au Yémen car il s'agit du même conflit saoudo-iranien dans la région, même si les scènes sont multiples : au Yémen, en Irak, en Syrie et au Liban. Il estime que le meurtre de l'ancien président Saleh est de nature à envenimer la crise, un acte qui mènera fatalement à une intensification des combats. « Il est nécessaire, pour que le Liban ne paye pas le prix de cette situation, que le compromis politique interne soit renforcé, en vue d'éloigner le pays des conflits extérieurs, dit-il à L'OLJ. D'un autre côté, il est indispensable que ce compromis soit élaboré en termes clairs pour être en mesure de protéger le pays, sinon il ne pourra pas être considéré comme une garantie par les Saoudiens par exemple. » Tout en estimant qu'il est nécessaire d'attendre quelques jours pour que la situation se précise au Yémen, Sami Nader souligne que le Liban pourrait devenir une scène de confrontation en cas de déclic extérieur, à l'instar d'un nouveau missile tiré sur l'Arabie saoudite.
À l'agence al-Markaziya, l'expert militaire Nizar Abdel Kader donne un autre son de cloche. Il pense que « ce qui se passe au Yémen n'aura pas d'incidence sur la crise au Liban, étant donné que le cas de ce pays est très différent et reste surtout centré sur le rôle interne du Hezbollah, ainsi que son rôle en Syrie et les prises de position de son secrétaire général Hassan Nasrallah concernant l'Arabie saoudite ». Les bouleversements au Yémen, selon lui, impacteront la situation générale dans la région, étant donné que ce dossier est intimement lié à l'influence iranienne dans ce pays et ailleurs. « Si les forces légales yéménites prennent le contrôle de Sanaa, il y aura un changement effectif dans la capacité de l'Iran à imposer son influence dans la région », ajoute-t-il.
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commentaires (7)
OUI BIEN SUR MAIS POUR DES RAISONS CONFESSIONNELES ET NON POLITIQUE .. QUOI QUE POUR LE FRONT DU REFUS LES 2 DEUX SONT DU PAREIL AU MEME .. DONC ILS SAVENT JOUER SUR CE FAIT !! dommage pour le liban qui avait une occasion d'en finir une fois pour toute ... j'ai une question les moumana3istes avaient declarer etre prets a attaquer israel ... PQ NE LE FONT ILS PAS !?!?!?!
Bery tus
16 h 00, le 05 décembre 2017