Les embouteillages inextricables qui bouchent les rues du Grand Beyrouth atteignent désormais un seuil intolérable. La commission parlementaire des Travaux publics, présidée par Mohammad Kabbani, membre du bloc du Futur, devrait se pencher sur cette situation difficile lors d'une réunion prévue lundi autour du thème « Le drame du trafic routier : le Grand Beyrouth commence à suffoquer », afin de faire un état des lieux et examiner les solutions à cette menace d'asphyxie.
« C'est un cri que nous voulons lancer pour sensibiliser les Libanais et le gouvernement », déclare à L'Orient-Le Jour M. Kabbani, estimant à cet égard que « si beaucoup doit être fait au niveau de l'État, les Libanais devraient également contribuer à mettre du leur pour parvenir à un désengorgement des routes ».
Mais comment les usagers pourraient-ils se passer de leur véhicule alors que le réseau des transports publics est défaillant, voire inexistant ? Le président de la commission parlementaire des TP préconise, le temps d'organiser un réseau de transports publics, le recours aux taxis et aux taxis-services. Il juge que de tels modes de transports « sont moins coûteux que d'entretenir une voiture, avec tout ce que la possession d'un véhicule comporte comme frais de consommation, d'amortissement et de dépréciation ».
Mais les Libanais n'habitent pas tous à Beyrouth, et en ce début d'hiver, ne leur est-il pas difficile d'user de ce moyen de transports, d'autant que leur lieu de résidence se situe souvent loin des rues principales ? « À l'étranger, qu'il pleuve ou qu'il vente, de nombreux habitants parcourent de grandes distances à pied avant de pouvoir monter à bord de véhicules de transports en commun », rétorque M. Kabbani.
Le parlementaire ne voit pas d'autre solution immédiate, affirmant que les bouchons se multiplieront davantage dès le début du mois prochain, à l'approche des fêtes de fin d'année. Selon lui, l'alternative, pour le moment, « est d'abandonner la voiture individuelle et de se mettre à plusieurs » dans un véhicule, afin de remédier au décalage qui va grandissant entre la capacité des routes et le nombre des véhicules.
(Lire aussi : Transport public déficient et bouchons quotidiens : deux milliards de pertes par an pour le Liban)
Le périphérique, prévu depuis plus de 25 ans
M. Kabbani indique à L'OLJ qu'il existe un plan à moyen terme, à savoir un réseau d'autobus dans les rues intérieures de Beyrouth. « S'il est mis à exécution, ce plan d'une valeur de 70 millions de dollars sera prêt dans un an », souligne le député, précisant que son financement sera à la charge de l'État.
M. Kabbani rappelle qu'à plus long terme, une ligne de bus à haut niveau de service, Bus Rapid Transport (BRT), devrait voir le jour sur l'autoroute nord, allant de la gare routière Charles Hélou jusqu'à Maameltein. Le BRT doit desservir seulement quelques stations sur toute la traversée, ce qui garantit sa rapidité. Le président de la commission des TP estime que « s'il est mis en place, ce réseau contribuerait à réduire d'environ 30 % les embouteillages ». Financés par la Banque mondiale, « ses travaux nécessitent une durée de 4 à 5 ans », ajoute-t-il, soulignant par ailleurs que le même programme prévoit qu'une ligne sud et une ligne est (route de Damas) seront également desservies dans une deuxième phase.
Pourquoi ces solutions tardent-elles à être appliquées ? « Nous nous trouvons dans un pays qui pâtit souvent et longtemps de vacance au niveau du gouvernement et de la présidence de la République », soupire M. Kabbani, en allusion à la défaillance des institutions politiques empêchant l'État de mettre à exécution ses plans d'infrastructures. Et de rappeler dans ce cadre qu'« il existe depuis plus de 25 ans une décision de créer un boulevard périphérique autour de Beyrouth... »
En attendant, les usagers devraient se résigner à rester empêtrés dans ces embouteillages, sans fin, bruyants et polluants.
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