Le Premier ministre libanais, Saad Hariri, a affirmé lundi qu'il démissionnerait si le Hezbollah ne veut pas changer, dénonçant à nouveau les ingérences du parti chiite, soutenu par l'Iran, dans les affaires intérieures des pays arabes.
"Choc positif"
Si l'Iran et le Hezbollah acceptent le nouvel équilibre qu'il propose, "bien sûr" il restera en fonction, a assuré M. Hariri lors d'une interview télévisée accordée à la chaîne française d'information en continu CNews à la Maison du centre, sa résidence privée, et diffusée dans la soirée. S'ils refusent, "oui" il partira, a-t-il ajouté.
Il s'agit du premier entretien télévisé du chef du gouvernement libanais depuis son retour au Liban et l'annonce, à la demande du président Michel Aoun, du gel de sa démission qu'il avait annoncée le 4 novembre dernier depuis Riyad. Saad Hariri avait alors accusé l'Iran et le Hezbollah de mainmise sur le Liban.
"J'aimerais rester Premier ministre", a déclaré M. Hariri, ajoutant que l'annonce de sa démission avait été un "choc positif". "C'était une manière de dire aux Libanais qu'il y avait un très grand problème", a-t-il justifié lors de cet entretien conduit par le journaliste français Jean-Pierre Elkabbach.
(Retrouvez l'intégralité de l'interview ici)
"Je veux rester"
"Là, on est en train de faire le dialogue, mais moi je voudrais rester", a dit Saad Hariri, souhaitant une issue positive aux concertations en cours. "Je voudrais que la stabilité du Liban soit la première chose pour tout le monde".
Prié de dire s'il resterait au pouvoir dans l'hypothèse où l'Iran et le Hezbollah entravaient les concertations, Saad Hariri a répondu par la négative. Mais "je crois que le Hezbollah est en train de faire un dialogue positif", a-t-il relevé. "Ils savent. On doit être neutre dans la région", a-t-il insisté.
"Le Liban a besoin de quelqu'un qui rassemble. Et lors de cette année où j'étais Premier ministre, j'ai rassemblé les Libanais", a ajouté le chef du gouvernement. "Ce qui s'est passé, et comment les Libanais se sont réunis autour de moi, montre peut-être que je suis le symbole de la stabilité. J'estime qu'il est de mon devoir de faire régner cette stabilité au Liban".
(Lire aussi : Le Hezbollah se retirerait vers Qoussair « pour faciliter la tâche à Aoun »)
"Je le garde pour moi"
"J'attends la neutralité sur laquelle nous nous sommes mis d'accord au sein du gouvernement (...) On ne peut dire quelque chose et faire quelque chose d'autre". L'équilibre gouvernemental, a-t-il précisé, pourra être modifié en fonction des résultats des concertations.
Dans la journée, le chef de l'Etat avait convié les principaux dirigeants politiques du pays à des concertations portant sur les moyens d'appliquer la politique dite de "distanciation" par rapport aux conflits régionaux. Les discussions, qualifiées de "positives" par la présidence de la République, doivent se poursuivre après le retour vendredi du chef de l'Etat d'Italie où il effectuera une visite officielle de deux jours.
Des résultats de cette concertation dépendra le sort de la démission provisoirement gelée par le chef du gouvernement. Mais les chances d'une relance de l'exécutif, sans modification de la déclaration ministérielle, sont plausibles, affirme-t-on dans les milieux politiques.
Par ailleurs, le Premier ministre est revenu sur son séjour en Arabie saoudite au cours duquel des rumeurs persistantes autour de sa liberté de mouvement avaient progressivement émergé. "Ce qui s'est passé en Arabie saoudite, je le garde pour moi", a-t-il déclaré, en réponse aux questions insistantes du journaliste, tout en niant avoir été forcé à démissionner. M. Hariri a ajouté que le prince héritier saoudien Mohammad Ben Salmane (MBS) était un "grand réconciliateur".
M. Hariri avait quitté l'Arabie saoudite pour la France sur invitation du président français, Emmanuel Macron, qui avait fait un saut imprévu à Riyad, alors qu'il se trouvait aux Emirats arabes unis, pour s'entretenir avec "MBS" et tenter de débloquer la crise.
Par ailleurs, M. Hariri s'est dit ouvert à des élections législatives anticipées. "J'aimerais bien. Pourquoi pas?" a-t-il dit. "Je n'ai pas de problème avec des élections anticipées". Le scrutin est prévu en mai 2018.
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commentaires (11)
"CE QUI C'EST PASSÉ EN ARABIE .SAOUDITE, JE LE GARDE POUR MOI " C'EST FORMIDABLE COMME RÉPONSE. MÊME LE PLUS GRAND ENFANT GATÉ NE PARLE PAS COMME ÇA ! ON APPELLE CE MONSIEUR UN "HOMME POLITIQUE" QUI VA DIRIGER UN GOUVERNEMENT ! ON DOIT AVOIR DES MINISTRES DES MOUTONS. IL FAUT ÊTRE LIBRE À 100% AVANT DE DONNER DES LEÇONS DE PATRIOTISME À HEZBOLLAH, POUR ESPÉRER QUE CE DERNIER MET L'INTERET DU LIBAN DEVANT L'INTERET DE L'IRAN. CE QUI EST IMPOSSIBLE POUR HASSAN NASRALLAH. C'EST UNE PERTE DE TEMPS SI ON RESTE SUR CETTE PISTE.
Gebran Eid
13 h 33, le 28 novembre 2017