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Liban - Réactions

Les propos de Jaafari qualifiés de « plus grave atteinte à la souveraineté du Liban »

Walid Joumblatt stigmatise « des diktats iraniens qui vont à l'encontre de l'intérêt des Libanais ».

Jeudi, le commandant des gardiens de la révolution, la force d’élite iranienne, Mohamed Ali Jaafari, avait rejeté tout désarmement du Hezbollah, ajoutant que cela est « non négociable ». Archives AFP

En acceptant de surseoir à sa démission « à la demande du président de la République, Michel Aoun », le Premier ministre, Saad Hariri, a pavé la voie à un nouvel accord politique, qui remplacerait celui de 2016. Or, à l'heure où M. Hariri plaide pour la tenue d'un dialogue autour de la question de l'arsenal du Hezbollah et de l'application effective de la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes régionaux, le chef des pasdaran (gardiens de la révolution en Iran), Mohammad Ali Jaafari, n'a pas tardé à s'immiscer dans le jeu. Jeudi, il a déclaré sans détour que « le désarmement du Hezbollah est non négociable ».

Si certains estiment que les propos du haut responsable iranien ont anéanti les chances de mettre en place un nouveau compromis national élargi, dans les milieux politiques libanais, on y voit un problème beaucoup plus grave : il s'agit de la plus grave atteinte à la souveraineté du pays, et d'intolérables diktats de la part de la République islamique.
Ce dernier point de vue a été avancé hier par le chef du Parti socialiste progressiste, Walid Joumblatt. Comme tous les matins, le leader druze a commenté l'actualité sur son compte Twitter. Évoquant le discours de M. Jaafari, le chef du PSP a écrit : « Tout comme les Libanais ont stigmatisé la façon inhabituelle de traiter avec Saad Hariri, dans certains milieux saoudiens, nous refusons ce diktat iranien de la part de Mohammad Ali Jaafari. » « Les Libanais ont suffisamment d'expérience et de sagesse pour résoudre leurs problèmes au moyen du dialogue. Nous ne voulons pas de diktats transnationaux qui vont à l'encontre de l'intérêt des Libanais », a ajouté M. Joumblatt.
Mais dans les milieux proches de Moukhtara, on se veut prudent. On estime que le discours du chef des pasdaran ne change pas trop la donne, au vu des temporisations arabes, d'une part, et internationales, d'autre part. « Il s'agit ainsi d'une tentative de mettre Saad Hariri au pied du mur », indique un proche de M. Joumblatt à L'Orient-Le Jour.

 

(Lire aussi : La balle est à nouveau dans le camp du Hezbollah)

 

La souveraineté, souci des FL et des Kataëb
Du côté de Meerab, les Forces libanaises, une des composantes politiques les plus hostiles au Hezbollah, et farouches opposants à la politique iranienne dans la région, stigmatisent « la plus grave atteinte à la souveraineté ». Un cadre du parti dirigé par Samir Geagea souligne dans une déclaration à L'OLJ qu'il s'agit « de la plus grande atteinte à la souveraineté du Liban », mais aussi et surtout d'une « ingérence flagrante et inacceptable dans les affaires intérieures du pays », appelant la communauté internationale à intervenir. « D'autant que l'Iran continue d'utiliser le Liban comme passage obligé vers son dangereux projet régional », ajoute-t-il. Le cadre FL trouve néanmoins un petit avantage dans les propos du responsable iranien : « C'est la preuve que l'arsenal illégal du Hezbollah est au centre de négociations internationales, ce qui pousse la République islamique à chercher à renforcer sa présence et son hégémonie régionales. »
Pour ce qui est du sort du compromis politique que prône le chef du gouvernement, le responsable FL souligne que « les déclarations de M. Jaafari ont anéanti toute tentative sérieuse de conclure un compromis politique qui redresserait l'État libanais ». Il aurait ainsi laissé entendre que le parti chiite n'acceptera pas de discuter de la question épineuse de son désarmement, encore moins de celle de son retrait de Syrie, comme le souhaite Saad Hariri.

Même son de cloche chez les Kataëb. Dans les milieux proches du chef du parti, Samy Gemayel, on lit entre les lignes des propos du cadre iranien une tentative de mettre des bâtons dans les roues des efforts déployés pour sortir le Liban de la crise actuelle, sur base du recouvrement de la souveraineté nationale. « Certains veulent continuer à faire du Liban une carte aux mains des acteurs régionaux, au détriment de sa stabilité, de sa sécurité et de sa prospérité », ajoute-t-on de même source.
De même Boutros Harb, député de Batroun, s'est dit « désolé » de constater qu'« à l'heure où les Libanais œuvrent pour consacrer la logique de l'État de droit et des institutions, le Hezbollah reste attaché à ses armes illégales ». Contacté par L'OLJ, M. Harb déclare que « les prises de position de Téhéran ne prennent pas en considération la position libanaise et n'aident aucunement à régler la crise actuelle ».

 

(Lire aussi : De quoi cette fameuse « distanciation » est-elle le nom ?)

 

« La balle est dans le camp de Aoun »
À cet égard, le courant du Futur semble soucieux de mettre les points sur les « i ». Selon Moustapha Allouche, le nouveau compromis serait conclu entre Michel Aoun et Saad Hariri. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, ne devrait pas en faire partie. À L'OLJ, M. Allouche explique : « Il s'agit, pour le Liban officiel, d'adhérer une bonne fois pour toutes à la politique de distanciation du Liban par rapport aux conflits des axes. »
Ce paysage complexe conduit Radwan Sayyed, journaliste, chercheur et cofondateur du Mouvement de l'initiative nationale, à renvoyer la balle dans le camp du chef de l'État, Michel Aoun. « D'autant que ce dernier s'est prononcé en faveur de l'arsenal illégal du parti, sachant que l'Iran ne fait qu'affirmer le maintien des armes de la formation de Hassan Nasrallah », rappelle-t-il à L'OLJ.
Ibrahim Chamseddine, ancien ministre opposé de longue date à la formation de Hassan Nasrallah, et fils de l'imam Mohammad Mahdi Chamseddine, va encore plus loin. Pour lui, « à travers les propos du chef des pasdaran, l'Iran a tracé les lignes rouges à ne pas franchir, dans un dossier qui le concerne ». « Cela prouve une nouvelle fois que le parti et son arsenal obéissent aux ordres de Téhéran », dit-il, interrogé par L'OLJ, notant toutefois que « c'est le gouvernement libanais dans son ensemble qui est pris en otage par la République islamique ».

 

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commentaires (7)

OU SONT LES TENORS QUI S,ETAIENT ACHARNES SUR LA SAOUDITE ? PAS UNE REACTION POUR LA DIGINITE DU PAYS, POUR LA LEUR ET POUR LA NOTRE ? CONTRE LES LIGNES ROUGES QUE LE CHEF DES PASDARANS TRACE DANS NOTRE PAYS ? LA DECADENCE EST TELLE QUE CA FAIT VOMIR...

LA LIBRE EXPRESSION. VERITES ! EQUITE !

09 h 44, le 27 novembre 2017

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Commentaires (7)

  • OU SONT LES TENORS QUI S,ETAIENT ACHARNES SUR LA SAOUDITE ? PAS UNE REACTION POUR LA DIGINITE DU PAYS, POUR LA LEUR ET POUR LA NOTRE ? CONTRE LES LIGNES ROUGES QUE LE CHEF DES PASDARANS TRACE DANS NOTRE PAYS ? LA DECADENCE EST TELLE QUE CA FAIT VOMIR...

    LA LIBRE EXPRESSION. VERITES ! EQUITE !

    09 h 44, le 27 novembre 2017

  • Une seule question: OU EST LE PRESIDENT AOUN????? Il semble qu'il soit aux abonnes absents, et qu'il n'est pas concerne par cette attitude iranienne. Bien sur, sa marge de manoeuvre est bien limite puisqu'il est l'allie deHezbollah.....

    IMB a SPO

    13 h 40, le 26 novembre 2017

  • N'y a-t-il pas de limite à l'arrogance et au mépris de certains iraniens envers les Libanais ? Notre ministre des Affaires étrangères Gébran Bassil pour ne pas le nommer, semble ne pas entendre Mohammad Ali Jaafari qui a déclaré : "Le désarmement du Hezbollah n'est pas négociable." Mais ce même ministre des AE Gébran Bassil, ne s'abstient pas d'une nouvelle bourde envers l'Arabie saoudite en déclarant : "Quelqu'un a essayé de porter atteinte à la dignité (sic) des Libanais et est sorti perdant." en allusion à l'Arabie saoudite.

    Un Libanais

    17 h 42, le 25 novembre 2017

  • LIBAN Les propos de Jaafari qualifiés de « plus grave atteinte à la souveraineté du Liban » PLUTOT QUE LES PROPOS DE JAAFARI CE QUI CONSTITUE LA PLUS GRAVE ATTEINTE A LA SOUVERAINETÉ DU LIBAN C'EST L'OCCUPATION IRANIENNE DU LIBAN TELLE QUE LÉGALISÉE PAR LA TRILOGIE DE L'ARMÉE,DU PEUPLE ET DE LA RÉSISTANCE HIZBOLLAHIE TELLE QUE CONFIRMÉE PAR LA CANAILLE DIRIGEANTE DU PAYS DU CÈDRE A DOHA

    Henrik Yowakim

    12 h 55, le 25 novembre 2017

  • tristement confirme , encore une fois : seuls les "responsables" qui n'on pas ou qui n'ont plus voix au chapitre choix s'indignent. Tout est la oh peuple du liban , abandonne aux hasards des strategies telles que DICTEES pour nous par l'une ou l'autre des forces regionalo-int'l . adieu independance, distanciation, neutralite , souverainete , fierte, dignite, "" IRRECOUVRABLES couvee "" Lafontaine savait bien ce qu'il disait.

    Gaby SIOUFI

    11 h 34, le 25 novembre 2017

  • OU SONT LES PROTESTATIONS DE TOUS LES TENORS QUI SE SONT DECHAINES CONTRE LA PRETENDUE INGERENCE DE LA SAOUDITE ? CHEF D,ETAT, PRESIDENT DE LA CHAMBRE, P.M. DEFENDEZ LA DIGNITE DU PAYS, LA VOTRE ET LA NOTRE CONTRE LA FLAGRANTE ET INACCEPTABLE INGERENCE PERSE !

    LA LIBRE EXPRESSION. VERITES ! EQUITE !

    08 h 31, le 25 novembre 2017

  • Une preuve de plus, s'il en fallait encore, que le soi-disant "parti de DIEU" est vendu à 100% à l'Iran et qu'il oeuvre uniquement pour les projets de ce pays, et non pour le Liban... ceci se nomme haute-trahison envers la patrie ! Donc, que Monsieur Hassan Nasrallah ne vienne plus nous parler de "résistance" et autres prétextes pour garder ses armes ! Le mieux serait qu'il les prenne et parte vivre en Iran, au plus près des ordres des responsables de ce pays ! Irène Saïd

    Irene Said

    08 h 29, le 25 novembre 2017

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