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Économie - Démission de Hariri

Situation financière du Liban : l’orage est-il passé ?

Le retour du Premier ministre a accordé un « répit » au gouvernement qui doit se dépêcher de lancer les réformes structurelles attendues par les marchés.

L’Association des banques a augmenté son taux de référence sur la livre de 2 points. Une hausse que les établissements libanais ne sont pas obligés de répercuter. Mohammad Azakir/Reuters

Le retour au Liban du Premier ministre Saad Hariri au Liban, deux semaines et demie après l'annonce de sa démission surprise depuis Riyad, a allégé la pression sur la situation financière du pays du Cèdre.
Mercredi, les prix des eurobonds libanais avaient repris des couleurs, selon Reuters. Même constat pour les prix des Crédit Default Swap (CDS, contrats qui permettent de se couvrir contre le risque de défaut de l'État libanais), qui sont repartis à la baisse dans la foulée du discours du Premier ministre, après avoir atteint des sommets au début du mois. « Cette tendance s'est prolongée hier : les CDS ont reculé de 31 points pour arriver à 522,26 points de base, par rapport à lundi. Les prix des eurobonds ont globalement augmenté, toutes échéances confondues », résumé pour L'Orient-Le Jour le directeur du département de recherche du groupe Byblos Bank, Nassib Ghobril.

 

Réformes structurelles
« Les investisseurs étrangers savent que la situation financière du pays est étroitement liée au risque politique, ce qui explique les fluctuations du prix des eurobonds, même si la majorité de ces derniers sont détenus par des banques libanaises », note-t-il. Pour lui, la décision de M. Hariri de surseoir à sa démission offre « un répit » aux autorités du pays. « Les marchés sont très sensibles à la situation des finances publiques, et le gouvernement doit désormais se dépêcher de lancer les réformes structurelles attendues pour réduire le déficit public et sa dette », conclut M. Ghobril. Ces derniers ont respectivement atteint, d'après les données les plus récentes, 907 millions de dollars à fin juin (-53,2 % en un an) et 78,2 milliards de dollars à fin septembre (+4,4 %).

La Bourse de Beyrouth (BSE) a également profité de l'embellie, clôturant la session d'hier dans le vert (+0,94 %), pour une capitalisation boursière de près de 10,80 milliards de dollars. L'action Solidere A, émise par la société immobilière éponyme fondée par Rafic Hariri – le père de l'actuel Premier ministre – se négociait hier à 8,10 dollars, contre 8,15 dollars à la clôture le 3 novembre.

La situation monétaire est en revanche plus opaque même si les représentants du secteur bancaire ne semblent pas inquiets. Présent hier lors de l'inauguration de la conférence annuelle de l'Union des banques arabes (UBA) à l'hôtel Phoenicia, le gouverneur de la Banque du Liban, Riad Salamé, a affirmé dans son discours que la crise politique avait eu un « impact limité » sur le marché monétaire. « Le secteur bancaire a suffisamment de réserves pour faire face à tout ralentissement économique dans les années à venir », a encore déclaré le gouverneur, qui a multiplié les interventions dans les médias locaux et étrangers ces deux dernières semaines. Selon lui, la BDL a décidé de maintenir sa prévision de croissance pour 2017 à 2,5 %.

 

(Lire aussi : Démission de Hariri : les actifs de la BDL en baisse de 800 millions de dollars)

 

Hausse du Beirut Reference Rate
Une sérénité que partagent plusieurs banquiers interrogés par L'Orient-Le Jour, sous le couvert de l'anonymat. Selon eux, « seules une poignée de banques, de petite taille pour la plupart, ont rencontré certaines difficultés pendant la crise, notamment pour s'approvisionner en livres » suite à la hausse des taux interbancaires, qui oscillaient encore entre 115 % et 120 % en début de semaine. Tous les banquiers interrogés ont en outre soutenu que les opérations de conversion de livres en dollars « ont été limitées » depuis le début de la crise, sans communiquer de chiffres. Le bilan de la BDL du 31 octobre au 15 novembre a révélé une baisse de ses actifs en devises de 800 millions de dollars sur cette période, tandis que les réserves en devises se sont élevées à 42,8 milliards de dollars, selon les dernières données disponibles.

Certains observateurs, comme le président du conseil économique et social des Kataëb, Jean Tawilé, s'inquiètent cependant de la hausse de deux points du Beirut Reference rate (BRR) sur la livre, décidée par l'Association des banques du Liban (ABL) en début de semaine. « Ce taux de référence, qui va passer à 10,65 % au 1er décembre, ne s'impose pas au banques, mais ces dernières peuvent décider de s'aligner dessus, pour les prêts comme pour les dépôts en livres », explique-t-il. Pour lui, « une hausse généralisée des taux sur les prêts en livres va un peu plus accentuer la pression sur une économie essoufflée, » dans la mesure où la majorité de crédits sont à taux variables. « M. Tawilé ajoute qu'il n'y a aucun indication qui permet pour l'instant de prévoir combien de temps l'ABL va maintenir le BRR à ce niveau. » L'ABL examine le BRR tous les mois, même si cette variation est cette fois-ci plus importante que d'habitude, temporise pour sa part M. Ghobril, qui interprète cette décision comme un ajustement ponctuel. » Il n'y a absolument aucun risque qui pèse sur la livre, ajoute-t-il.

Il reste que l'augmentation du BRR sur la livre s'inscrit dans un contexte de hausse des taux sur les dépôts à termes en livres lancée par plusieurs banques il y a environ une semaine – pour des périodes allant de trois à six mois. Une démarche que la BDL semble soutenir : selon un courrier de l'ABL que L'Orient-Le Jour a pu consulter, la Banque centrale s'est dit « prête à supporter le coût de la hausse des taux d'intérêt » pour les dépôts à terme en livre de trois mois au moins. « Plusieurs banques ont commencé à proposer des taux allant jusqu'à 12 % ces dernières semaines », relève encore M. Tawilé, évoquant le scénario d'une possible hausse – d'un demi-point – du BRR sur le dollar à moyen terme.

 

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commentaires (2)

L,ORAGE EST EN GESTATION SI IL N,Y A PAS UN VRAI CHANGEMENT SURTOUT EN CE QUI CONCERNE LES ARMES DE LA MILICE DES PASDARANS DANS NOTRE PAYS... P.M. HARIRI VOUS JOUEZ VOTRE AVENIR POLITIQUE MAIS AUSSI L,AVENIR DU PAYS SI VOUS ENTREZ DANS DES ENTENDEMENTS DOUTEUX COMME PAR LE PASSE !

LA LIBRE EXPRESSION

08 h 01, le 24 novembre 2017

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Commentaires (2)

  • L,ORAGE EST EN GESTATION SI IL N,Y A PAS UN VRAI CHANGEMENT SURTOUT EN CE QUI CONCERNE LES ARMES DE LA MILICE DES PASDARANS DANS NOTRE PAYS... P.M. HARIRI VOUS JOUEZ VOTRE AVENIR POLITIQUE MAIS AUSSI L,AVENIR DU PAYS SI VOUS ENTREZ DANS DES ENTENDEMENTS DOUTEUX COMME PAR LE PASSE !

    LA LIBRE EXPRESSION

    08 h 01, le 24 novembre 2017

  • Du jargon de financier qui nous dit: « mais à part ça, Mme la marquise, tout va très bien, tout va très bien... Ce cirque financier ne profite qu'à une minorité bien nantie. Alors que la proportion des gens qui s’appauvrissent ne fait qu’augmenter, cherté de vie étouffante, les taxes qui se multiplient etc... Cessez de prendre le commun des mortels pour un cave!

    Saliba Nouhad

    02 h 56, le 24 novembre 2017

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