Je suis née de tes olives

Je suis fière d'être née de toi, mon pays de miel et d'encens, ma patrie de fiel et de sang. Mon cœur bat au rythme de ton peuple dansant. Je suis fière d'être née de ton eau saphir, au diable ses âpres relents, de la rosée de ta terre fraîche au printemps, du haut de tes orgueilleux manteaux blancs qui percent ton soleil levant. Je suis fanatique de tes jasmins fébriles, adepte de tes obstinations fertiles, habituée de tes combats stériles et intoxiquée de tes plaisirs faciles. Je viens de tes flancs meurtris, de ton giron inclouable qui se relève au rythme de tes hanches frénétiques, d'un Ya emm Sleiman tic tic tic, d'un Hanna el-sekran, d'un Nehna wal amar jiran, de notre Koullouna lil watan. Je suis la fille des festins de ta table, le témoin de tes étoiles sacrifiées sur l'autel de la paix. Je guette tes démons calmés qui ne cessent de te hanter et tes volcans à feux doux qui menacent tout et nous. Je suis ta fille, toi, lâche truand, enfant de ton courage hallucinant. Je bois du vin de tes seins et prie pour les miracles de tes saints. Je suis née de tes olives, de tes pins, de ton thym, du Cana divin. Par l'âme, par le sang, je suis née de toi, ô mon Liban.