Le ministre libanais des Affaires étrangères, Gebran Bassil, en visite vendredi à Moscou pour s'entretenir avec son homologue russe, Sergueï Lavrov, au sujet de la crise à laquelle fait face le Liban depuis la démission de son Premier ministre, Saad Hariri, a affirmé que "certains Libanais sont impliqués" dans cette crise dans le but de "déloger le chef de l’État libanais", Michel Aoun. Il a également dénoncé une "tentative d'instaurer le chaos" au Moyen-Orient.
"Il y a une tentative de semer le chaos dans la région, et ce à quoi fait face le Liban aujourd'hui en est une preuve", a prévenu M. Bassil, dans des propos à la chaîne télévisée russe Russia Today. "Ce qui se passe au Liban relève de la sécurité internationale, nous n'exagérons pas en disant cela, et plusieurs chefs de diplomatie que j'ai rencontrés m'ont dit que la stabilité du Liban est un intérêt stratégique pour l'Europe ", a-t-il ajouté. "Toute atteinte à la stabilité du Liban aura des répercussion sur la stabilité de l'Europe".
Saad Hariri avait annoncé sa démission depuis Riyad, le 4 novembre, et n'est plus retourné au Liban depuis. Il devrait quitter la capitale saoudienne pour Paris vendredi soir, à l'initiative du président français Emmanuel Macron, puis rejoindre Beyrouth dans quelques jours pour, selon divers milieux, présenter officiellement sa démission. L'initiative française pour débloquer ainsi la crise est intervenue après que Michel Aoun ait haussé le ton contre l'Arabie saoudite, affirmant que le Liban considérait M. Hariri "en captivité et détenu" à Riyad. La démission de M. Hariri a provoqué une crise aiguë au Liban, où la classe politique réclame unanimement son retour, mais reste divisée entre partisans et détracteurs de l'Arabie saoudite.
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"Acculés à nous défendre"
"Si le Premier ministre libanais a commis des erreurs, c'est au peuple libanais de le juger et de le remplacer, cela ne doit pas se faire à l'étranger", a insisté M. Bassil. Il a ensuite révélé que "certains Libanais sont impliqués dans ce qui arrive aujourd'hui". Le chef de la diplomatie a ainsi accusé certaines parties qu'il n'a pas nommées de chercher à "déloger le chef de l’État libanais", élu avec le soutien actif du Hezbollah, qui a des ministres au gouvernement, dans le cadre d'un compromis politique qui avait conduit Saad Hariri à la présidence du Conseil.
"Le but est de porter atteinte à la stabilité du Liban. Ce genre de tentatives a eu lieu par le passé et pourrait se reproduire", a-t-il prévenu.
Gebran Bassil a ensuite insisté sur la volonté du Liban "de garder des liens fraternels avec l'Arabie saoudite" et son refus de s'ingérer dans les affaires internes du royaume. "Mais si nous sommes acculés à nous défendre, nous le ferons", a prévenu le ministre des Affaires étrangères.
"Tentative d'intimidation"
Gebran Bassil a plus tard dans la journée rencontré Sergueï Lavrov, une rencontre qui conclut sa tournée européenne entamée mardi. A l'issue de la réunion, M. Lavrov a affirmé que Moscou est "concerné par le rétablissement de la sécurité au Liban et par le bon fonctionnement de ses institutions gouvernementales".
"Le Liban est victime d'une tentative d'intimidation visant à le détourner du chemin positif qu'il avait emprunté dernièrement", a de son côté estimé M. Bassil. Il a souligné que "le pays est victime de tentatives d'affaiblir les points forts qui lui avaient permis de faire face au terrorisme". Et d'insister : "L'affaire (la crise gouvernementale, ndlr) est liée à la stabilité au Liban et dans la région".
"Nous réclamons le retour de Saad Hariri au Liban sans la moindre restriction afin qu'il puisse prendre la décision qu'il souhaite depuis Beyrouth", a encore déclaré M. Bassil. "La stabilité du Liban, qui constitue l'une de nos priorités absolues, est bâtie sur l'unité nationale, même si cela impliquait de neutraliser les Libanais qui tenteraient d'y porter atteinte", a-t-il ajouté. "Je m'attends à ce que M. Hariri rentre au Liban vendredi prochain", a également annoncé M. Bassil. "S'il rentre au Liban libre, nous aurons clos un chapitre de cette crise, et le Liban aura prouvé devant tous les pays du monde qu'il est souverain".
Dans une interview accordée à la télévision turque et diffusée dans la journée, M. Bassil a déclaré que la question des armes du Hezbollah était "une question interne qui se règle par le dialogue national". M. Hariri avait annoncé sa démission, en invoquant la "mainmise" du Hezbollah soutenu par l'Iran sur la vie politique au Liban et des craintes pour sa vie.
M. Bassil effectuait depuis plusieurs jours une tournée des capitales européennes à la lumière de cette crise gouvernementale. M. Bassil était jeudi en Allemagne où il s'est entretenu avec son homologue allemand, Sigmar Gabriel, avant de s'envoler pour la Turquie où il a été reçu par le président Recep Tayyip Erdogan. Il avait entamé sa tournée mardi à Paris où il a été reçu par Emmanuel Macron. Mercredi, le chef de la diplomatie libanaise s'était entretenu avec ses homologues italien, Angelino Alfano, et britannique, Boris Johnson.
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commentaires (10)
Heureusement que le ridicule ne tue pas! Voila une semaine que le grand Bassil est en vadrouille pour se reunir avec les grands de ce monde. Pourquoi tant de gesticulations? Pour montrer qu'il fait qq chose? Mais il aurait pu aussi convoquer les Ambassadeurs a Beyrouth et leur faire passer son message. Non, il veut faire croire aux libanais que en fait si Hariri qui l'Arabie c'est bien grace alui et a son BeauPere. Quelle rigolade quelle betise....
IMB a SPO
17 h 43, le 17 novembre 2017