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Moyen Orient et Monde - Focus

James Mattis, un militaire plutôt modéré au Pentagone

Le secrétaire américain à la Défense, James Mattis, serrant la main au ministre norvégien de la Défense, Frank Bakke-Jensen, hier, à Bruxelles. Reuters/Virginia Mayo/POOL

Rassurer les pays alliés. Telle est la principale mission du secrétaire américain à la Défense, James Mattis, devenu un véritable expert pour désamorcer les bombes diplomatiques provoquées par les tweets du président américain Donald Trump. Le chef du Pentagone était ainsi hier à Bruxelles pour s'entretenir avec ses alliés de l'OTAN de tous les dossiers chauds, de la Corée du Nord à l'Iran. Et pour tenter de rendre un peu plus lisible la politique étrangère de la première puissance mondiale.

Ancien général issu du corps des marines et ayant participé aux campagnes américaines d'Afghanistan et d'Irak en 2001 et 2003, James Mattis, avant d'être appelé par Donald Trump, était connu pour ses bons et loyaux services au sein de l'armée américaine, ses prises de position franches et directes, mais aussi, point commun avec son président, ses propos polémiques. « Il y a des trous du cul dans ce monde qu'il faut juste tuer », déclarait-il par exemple dans un discours prononcé à ses soldats en Irak en 2003.
Mais l'actuel chef du Pentagone n'a rien d'un général fraîchement débarqué à la tête du lourd et prestigieux ministère de la Défense. Fin connaisseur du Moyen-Orient pour y avoir effectué la plus grande partie de sa carrière militaire, ferme à l'égard de l'Iran et critique vis-à-vis de l'accord de Vienne signé entre Téhéran et Washington en juillet 2015, celui que l'on surnomme « le chien fou » est un parfait contrepoids à l'impulsivité du locataire de la Maison-Blanche. « Le président américain avait besoin de s'entourer de collaborateurs expérimentés, qui traduisent sa volonté d'une politique étrangère pragmatique et d'inspiration réaliste », explique Barthélémy de Saint Courmont, directeur de recherche à l'Institut des relations internationales et stratégiques (IRIS), interrogé par L'Orient-Le Jour.

Un an après l'élection de Donald Trump à la tête de la première puissance économique mondiale, les divergences de points de vue se font pourtant déjà sentir entre un homme politique dont la vision du monde fluctue au gré des discours et des tweets et un ancien militaire chevronné plus féru de diplomatie qu'il n'en paraissait. « Trump avait besoin de travailler avec des experts, mais surtout il voulait une équipe qui ne discute pas ses choix militaires », affirme Barthélémy de Saint Courmont.

 

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« Il déteste l'absence d'ordre du jour »
« James Mattis n'est dans la tête du président qu'un exécutant et pas un décideur », ajoute-t-il. Mais, alors que le secrétaire d'État Rex Tillerson peine à trouver sa place, le chef du Pentagone n'a de cesse de corriger, depuis quelques mois, les déclarations du chef de la Maison-Blanche, se muant en défenseur d'une politique étrangère en phase avec les convictions de l'establishment républicain. Ce qui implique un changement notable par rapport à la politique de l'ancien président Barack Obama au Moyen-Orient.

« Les grands fondamentaux de la politique américaine au Moyen-Orient se sont radicalisés », estime Thierry Garcin, chercheur associé à l'université Paris Descartes, interrogé par L'OLJ. « Au point qu'on ne peut plus parler d'une politique américaine au Moyen-Orient. Nous sommes dans l'ère de l'impulsivité simpliste », ajoute-t-il. La fragilisation de l'accord avec Téhéran semble en témoigner. « Trump s'évertue à démanteler tout ce qu'a entrepris Obama, tant en politique intérieure que sur la scène internationale », précise Barthélémy de Saint Courmont. L'absence d'une véritable ligne à Washington en matière de politique étrangère, sinon celle de chercher à effacer l'héritage de Barack Obama, participe à accentuer les déclarations contradictoires entre James Mattis et Donald Trump. « Le chef du Pentagone déteste l'absence d'ordre du jour », explique Thierry Garcin.

Mais James Mattis, ainsi que le général McMaster, conseiller à la Sécurité nationale à la tête du département de la Défense, ont réussi à convaincre leur président de ne pas déchirer l'accord nucléaire. Si James Mattis tente de minimiser les prises de position tranchées du président américain mais aussi les quelques différends qui le séparent de son président, ces contradictions pourraient avoir, à terme, raison du chef du Pentagone. « Si elles sont trop fortes, ces divergences conduiront inexorablement au remplacement du secrétaire à la Défense », estime Barthélémy de Saint Courmont.

 

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