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Liban - Grève des écoles privées

Hamadé prône l’étalement dans le temps des augmentations de salaires des enseignants

Encouragées par le ministre de l'Éducation à faire preuve de bonne volonté, les écoles catholiques jettent du lest, dans l'attente de l'avis du département de législation et de consultation sur les zones d'ombre de la loi 46. Mais les enseignants maintiennent leur ordre de grève, aujourd'hui.

Marwan Hamadé lors de l’interview à « L’Orient-Le Jour », hier, dans les bureaux du quotidien « an-Nahar ». Photo Michel Sayegh

À la veille de la grève des enseignants du secteur privé qui se déroule aujourd'hui, jeudi 2 novembre, en guise d'avertissement contre la non-application de l'échelle des salaires, le ministre de l'Éducation, Marwan Hamadé, lance un appel aux enseignants du privé : « Ne mettez pas en péril l'année scolaire. Ne mettez pas les élèves à la rue. Votre grève n'est pas nécessaire. » Dans une interview exclusive à L'Orient-Le Jour, celui qui rappelle son « combat » en faveur de la grille des salaires et qui est à l'origine de la médiation entre établissements, enseignants et parents pour trouver une issue à la crise au sein de l'école privée prône une solution qui « respecte les droits de tous ». En revanche, au cas où les enseignants s'entêteraient et opteraient pour une grève ouverte, le ministre agite la menace d'un projet ou d'une proposition de loi qui « séparerait les deux législations du public et du privé ». « Elle est latente », précise-t-il, même si elle n'est pas aujourd'hui envisagée.

 

(Pour mémoire : Le 2 novembre sera un jour de grève, confirme le syndicat des enseignants du privé)

 

La loi 46 est une obligation
Marwan Hamadé tient à rassurer les enseignants du privé. Leurs droits sont désormais « admis ». La loi 46 a été adoptée. Elle est donc une « obligation pour tous ». « Elle a déjà été mise en application dans son intégralité pour les enseignants du secteur public et pour l'ensemble des fonctionnaires », souligne-t-il. Il observe toutefois que « des zones d'ombre » figurent dans cette loi appliquée au secteur privé. Elles concernent notamment les grades appliqués aux enseignants, la date de mise en vigueur, l'effet rétroactif de la composante liée à la cherté de vie et l'application des effets de cette loi aux contractuels.

Dans l'objectif de lever ces zones d'ombre, M. Hamadé a « adressé une requête au département de législation et de consultation au sein du ministère de la Justice », l'invitant « à donner son avis sur ces points ». Parallèlement, explique-t-il, « la Caisse des indemnités des enseignants du privé a adressé une requête à cette même instance, lui faisant part de ses craintes qu'une augmentation des salaires des enseignants n'entraîne des déficits tels qu'ils mettraient en danger les indemnités de fin de service ». Le ministre de l'Éducation invite « à la souplesse dans les positions, dans l'intérêt des élèves ». Partant « d'hypothèses » inaliénables, il martèle : « Il ne doit pas y avoir de faillite dans les écoles privées, car elles rendent service à la société libanaise ; il ne faut pas spolier les droits des professeurs ; il ne faut pas que les parents soient écrasés par un fardeau financier. »

Réuni samedi dernier, le comité d'urgence présidé par Marwan Hamadé a envisagé une « initiative positive ». « J'ai invité les écoles privées à faire preuve de bonne volonté, explique-t-il. J'ai prôné l'étalement dans le temps des augmentations de salaires des enseignants telles qu'envisagées par la loi 46, mais également des hausses de scolarité. » En même temps, il insiste sur la nécessité pour les écoles privées « d'établir leur budget de manière très précise, de le faire signer par les comités de parents et de le présenter au ministère ».

 

(Pour mémoire : Les contractuels de l’UL menacent d’observer une grève ouverte)

 

Une application partielle à partir de fin décembre
La réponse des écoles catholiques ne s'est pas fait attendre. Mardi, le secrétariat général des écoles catholiques a fait part, dans un communiqué, de son « intention de faire preuve de bonne volonté » et « d'appliquer la loi 46 à partir de la fin du mois de décembre 2017, pour les articles de loi qui ne sont pas conflictuels ». Et ce au vu des éclaircissements qu'attendent les établissements privés. « À cette date, les élections de comités de parents auront eu lieu et les comités de parents nouvellement élus auront approuvé les budgets des établissements », poursuit le communiqué.

Nombre d'établissements catholiques, comme les frères des écoles chrétiennes et les frères maristes, mais aussi d'établissements privés ont pris la décision unilatérale de se conformer à l'échelle des salaires, ou du moins pour certains de commencer à l'appliquer, dès le mois d'octobre. Se disant « apaisé par le communiqué des écoles catholiques qui reconnaît les droits des enseignants », et par « la progression des discours dans le sens de l'application de la loi », M. Hamadé observe que « tout est en attente des élections d'associations de parents et de l'avis de l'instance consultative ». « Toute précipitation serait d'ailleurs néfaste aux élèves », conclut-il.

La confirmation de la grève des enseignants apporte un bémol à ces appels à la souplesse. La journée d'aujourd'hui ne peut qu'être décisive. Mais déjà le président de la Commission épiscopale des écoles catholiques, l'évêque Hanna Rahmé, menace les enseignants grévistes de déductions de salaire.

 

Pour mémoire

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