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À La Une - Syrie

Même après l'EI, la mort et les mines guettent les civils de Raqqa

"Mon frère et moi sommes allés inspecter notre atelier de céramique, une mine a explosé et il est mort".

Des civils attendent à un checkpoint des Forces démocratiques syriennes à l'entrée de Raqqa, le 26 octobre 2017. AFP / Delil Souleiman

Des dizaines de civils bloqués à un barrage dans la ville syrienne de Raqqa patientent nerveusement, dans l'espoir de pouvoir retrouver leur maison. Soudain, une explosion retentit: un habitant a réussi à se faufiler dans son quartier, déclenchant une mine.

Dans un hurlement de sirène, une ambulance débarque à toute allure. Des combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS), qui ont récemment repris la ville au groupe Etat islamique (EI), se précipitent aussi sur les lieux du drame.

"Mon frère et moi sommes allés inspecter notre atelier de céramique, une mine a explosé et il est mort", lâche un homme au visage livide, encore sous le choc, dans le quartier d'al-Dariya, dans l'ouest de Raqqa.
Son frère gît au sol, blanc de poussière. Il est encore agrippé à sa moto renversée, un énorme sac de jute attaché à l'arrière, entouré de débris.

Cela fait dix jours que l'alliance kurdo-arabe soutenue par Washington a annoncé avoir repris le contrôle total de Raqqa. Mais la ville reste entièrement bouclée en raison des opérations de déminage, et les habitants qui ont fui en masse les combats meurtriers ont interdiction formelle de rentrer chez eux.

En cause: l'océan de mines et d'explosifs posés par les jihadistes à travers leur ancienne "capitale" de facto dans le nord syrien pour freiner l'offensive des FDS.

 

(Voir : Raqqa : ville libérée, ville dévastée)

 

'Passer en douce'
Au milieu d'un paysage de désolation, d'immeubles aplanis et de carcasses en béton éventrées, une équipe médicale des FDS évacue le corps de la victime. Ces derniers jours, les mines ont fait au moins 14 autres morts, dont neuf civils, qui ont tenté de retourner chez eux après la fin des combats.

Malgré les dangers, des d'habitants se pressent aux portes de la ville, près du quartier de Sabahiya, dans la périphérie ouest de Raqqa. Des hommes assis sur leur moto, des femmes scrutant résolument l'horizon en direction de la métropole, patientent. Certains ont du mal à cacher leur frustration mais les FDS sont intraitables.

"Un homme est venu de Kobané pour voir sa maison, une mine a explosé et on vient à peine d'organiser son enterrement", s'énerve un jeune combattant, entouré par des civils qui l'implorent de les laisser passer.
"On vous dit de ne pas y aller, il y a des mines, mais vous passez en douce", lance-t-il, talkie-walkie à la main, accompagnant ses explications par d'amples mouvements de bras.

Le visage couvert de larmes, Oum Abdel Rahmane n'a pas réussi à rejoindre son quartier d'al-Roumaniya, dans l'ouest de Raqqa.
"Ma maison est là-bas, avec tous mes souvenirs, les photos de mon mariage", s'impatiente la jeune femme d'une vingtaine d'années, sans nouvelle de son époux depuis 18 jours. "Je veux juste voir ma maison, retrouver mon mari et mourir ensuite", lâche-t-elle.

 

(Lire aussi : Perte de Raqqa par l'EI : quelles conséquences géopolitiques en Syrie?)

 

'Portés disparus'
"On veut rentrer chez nous avant la pluie, l'hiver arrive et on n'a même pas de couvertures", se plaint Yasser Allouche, arborant une barbe discrète, la tête protégée par un foulard blanc.

"On veut retrouver notre quartier de Sabahiya. Tous les jours, ils nous promettent de nous laisser passer mais ne tiennent pas leur parole", poursuit le jeune homme de 28 ans.
Et alors que les civils n'ont pas le droit d'entrer, les véhicules militaires vont et viennent dans un ballet incessant, transportant des combattants qui font le signe de la victoire.

Deux des frères d'Amina sont portés disparus depuis quatre jours. "Ils étaient retournés voir notre maison à al-Dariya et ne sont jamais revenus", déplore la jeune femme, un foulard noir sur la tête noué à la manière traditionnelle, ne dévoilant que ses yeux et son nez.

"Mon petit frère déjà a été amputé d'un pied à cause d'une mine", se lamente-t-elle.
"Même si je vais mourir, je veux rentrer pour chercher mes frères. J'ai peur qu'ils aient été touchés par une mine", lâche-t-elle. Sur une hanche, elle porte une fillette joufflue à la moue boudeuse.

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PAUVRES RAQQIOTES... COMME TOUT LE PEUPLE SYRIEN ILS ONT UN TRISTE DESTIN !

LA LIBRE EXPRESSION

12 h 05, le 28 octobre 2017

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Commentaires (1)

  • PAUVRES RAQQIOTES... COMME TOUT LE PEUPLE SYRIEN ILS ONT UN TRISTE DESTIN !

    LA LIBRE EXPRESSION

    12 h 05, le 28 octobre 2017

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