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À La Une - conflit

Raqqa remise à une autorité civile après le déminage

Les FDS se sont félicitées d'une "victoire historique" dédiée aux "victimes du terrorisme du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et dans le monde".

Des combattantes des Forces démocratiques syriennes (FDS), le 19 octobre 2017, à Raqqa, ancien fief de l'Etat islamique en Syrie. AFP / BULENT KILIC

La ville dévastée de Raqqa, en Syrie, va être transférée à une autorité civile une fois que les combattants antijihadistes soutenus par Washington qui l'ont libérée auront achevé le long processus de ratissage et de déminage.

Ce transfert a été annoncé vendredi par l'alliance des Forces démocratiques syriennes (FDS) qui se sont félicitées d'une "victoire historique" dédiée aux "victimes du terrorisme du groupe Etat islamique (EI) en Syrie et dans le monde", après avoir chassé l'EI de Raqqa mardi.
Elles faisaient référence aux atrocités commises par le groupe ultraradical dans le pays en guerre et à ses attentats sanglants perpétrés notamment en Europe.

Les FDS n'ont toutefois pas annoncé, comme attendu, le transfert immédiat de la ville septentrionale ravagée par plus de quatre mois de combats meurtriers, au conseil civil de Raqqa.
"Nous allons transférer la gestion à une autorité civile dès la fin des opérations de ratissage", a annoncé lors d'une conférence de presse à Raqqa un porte-parole des FDS, Talal Sello.

Il s'exprimait devant un parterre de dignitaires locaux, de membres du conseil civil local de Raqqa et des combattants des FDS dans le stade municipal, dernière position jihadiste dans la ville avant sa reprise.

 "Pendant que l'on se débarrasse des mines posées par les terroristes, nous, le conseil civil, assumerons nos responsabilités et respecterons notre mission qui est de servir les nôtres", a indiqué la vice-présidente de cet organisme, Laila Mustafa.

(Lire aussi : L'EI a perdu Raqqa, mais où sont passés les jihadistes?)

 

Ville désertée
Créé il y a six mois, le conseil civil s'est déjà penché sur les plans de reconstruction de l'ancienne "capitale" de l'EI en Syrie, et il devra notamment rétablir les services de base et l'infrastructure désormais manquante dans cette ville désertée par ses habitants.

"A Raqqa, le retour des populations civiles ne va pas être possible avant de longues semaines tant le nombre de pièges, d'engins explosifs de tous ordres laissés par Daech (acronyme en arabe de l'EI) est important", a dit à Paris le porte-parole de l'état-major des armées françaises, le colonel Patrik Steiger.

Vendredi, ce sont surtout des membres du conseil civil de Raqqa, en majorité originaires de la ville, qui étaient sur place, le temps d'une visite d'une journée.
"C'est la première fois que je me rends dans la ville depuis sa libération", affirme à l'AFP Ahmad al-Ali, 31 ans, membre du conseil civil. "J'ai pu inspecter ma maison. J'aurais payé une fortune juste pour voir la porte", confie-t-il, en larmes.

En septembre, les Nations unies estimaient que jusqu'à 80% de la ville pourrait être inhabitables. Et les infrastructures de base sont désormais quasi-inexistantes.

 

(Lire aussi : Corps en décomposition et prisons désertes dans Raqqa sans jihadistes)

 

Etape cruciale
L'EI avait pris le contrôle en 2014 de Raqqa, ville à majorité arabe, et la cité était alors devenue tristement célèbre pour les atrocités commises -exécutions, viols, nettoyage ethnique- ainsi que comme centre présumé de planification des attentats en Europe.

Sa perte est un revers majeur pour l'organisation qui avait autoproclamé un "califat", à cheval sur la Syrie et l'Irak. Elle intervient après que l'EI a aussi été chassé en juillet de Mossoul, son ex-grand fief urbain en Irak.
La coalition internationale dirigée par les Etats-Unis qui a appuyé l'offensive des FDS pour capturer Raqqa -et dont la France fait partie- a qualifié la capture de Raqqa et de Mossoul de "tournants majeurs pour l'organisation terroriste dont les dirigeants sont de plus en plus coupés de leurs militants, toujours moins nombreux".

"Les crimes du Bataclan ne sont donc pas impunis", a déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian lors d'une conférence de presse.
Les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, notamment dans la salle de concert du Bataclan, avaient tué 130 personnes. Ils avaient été revendiqués par l'EI.
Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a pour sa part salué une "étape cruciale" dans la lutte contre l'EI, tout en avertissant que cette guerre n'était pas terminée.

L'organisation ne contrôle plus que 10% du territoire syrien, dont plus de la moitié de la province de Deir ez-Zor, voisine de celle de Raqqa. Dans la province de Deir ez-Zor, également frontalière de l'Irak, l'EI est la cible de deux offensives distinctes : l'une menée par les FDS appuyée par les Etats-Unis, l'autre par l'armée syrienne soutenue par la Russie. Une grande partie des combattants des FDS ont rejoint le front de Deir ez-Zor après la victoire à Raqqa, selon des responsables.

Déclenché en 2011 par la répression gouvernementale de manifestations pacifiques, le conflit en Syrie s'est complexifié avec l'implication de pays étrangers et de groupes jihadistes, sur un territoire de plus en plus morcelé. Il a fait plus de 330.000 morts et des millions de déplacés et réfugiés.

 

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