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Liban - Société

Proud Lebanon rêve d’un monde de paix

L'association pour la protection des LGBT Proud Lebanon a présenté, dimanche, ses actions dans une atmosphère artistique.

La salle de la magnanerie, où avait lieu la conférence, décorée du drapeau LGBT. Photo Charlotte Meyer

La rencontre a eu lieu en fin de journée, dans la grande salle de la magnanerie, à Bauchrieh, ancienne manufacture de soie, perdue à quelques minutes du centre-ville de Beyrouth. Les invités arrivent au goutte à goutte, un peu surpris par la nudité de l'endroit au moment d'entrer dans la salle. Il est vrai que la grande bâtisse de pierre presque vide a de quoi impressionner. Quelques banquettes disposées de manière éparse, un synthétiseur, un pupitre et quelques haut-parleurs ici et là... Voilà tout le mobilier préparé pour ces deux heures de rencontre.

C'est en musique que commencera l'événement. Seule face au mur blanc, une jeune fille gratte Price Tag à la guitare. Au bout de quelques accords, le public finit par entonner les couplets. Quelques chansons encore et la confusion s'évapore de l'endroit. Face à un public à présent détendu, Bertho Makso, président de l'association Proud Lebanon, prend alors la parole : « Nous sommes ici pour défendre les droits et l'égalité des êtres humains. (...) Ce sont nous qui pouvons faire avancer les différences dans notre société. »

 

(Lire aussi : Liban : La torture des LGBT évoquée dans un rapport accablant)

 

Les LGBT au Liban : une population discriminée
L'association Proud Lebanon a été créée en avril 2014 pour faire face à la discrimination dont souffraient les LGBT au Liban : discrimination institutionnalisée ou sociale, délimitation sociale ou encore persécution légale. Ils pointent plus particulièrement du doigt l'article 534 du code pénal qui interdit les relations sexuelles « considérées comme une contradiction aux lois de la nature ». Face au manque de service proposé par la société pour soutenir les personnes LGBT, Proud Lebanon s'est érigée comme une association défendant un monde « où tous les êtres humains vivent de manière égale dans la dignité, la liberté et la paix intérieure ».

Depuis 2014, l'association offre donc trois sortes de services. Elle fournit tout d'abord un support légal à portée de ceux qui auraient besoin d'une assistance juridique, telle que des consultations d'avocats en tête à tête ou des interventions en cas de détention arbitraire. Des soins de santé sont également assurés, que ce soit des conseils et tests rapides du VIH, des hépatites B et C, de la syphilis, ainsi que des séances de sensibilisation dédiées aux soins de santé. Enfin, Proud Lebanon offre une aide psychologique, laquelle fonctionne autant par psychothérapie que par de l'art thérapie.
Cosette Maalouf, coordinatrice de projet à Proud Lebanon, a profité de cette rencontre pour présenter le guide publié par l'ONG. Avec pour objectif de révéler la violence, physique comme psychologique, dont sont victimes les personnes LGBT, la sortie du rapport avait été annulée en mai dernier, suite à des menaces proférées par des groupes conservateurs.

 

Faire avancer les droits dans notre société
Avec la parution officielle du rapport le week-end dernier, Proud Lebanon espère se faire davantage entendre pour pouvoir faire avancer les droits de la communauté LGBT. « Les LGBT doivent sentir qu'ils ont le droit de se défendre par la loi, d'être protégés s'ils sont mis en danger, explique Cosette Maalouf. On dit que la liberté existe, mais dans des situations comme celle-ci, on en voit les limites », poursuit-elle.
Les organisateurs de la rencontre ont insisté sur la nécessité que les associations œuvrent pour la reconnaissance des droits des personnes victimes de discrimination et collaborent avec des médecins, ou tout autre partenaire capable de soutenir cette cause. Ils ont également rappelé l'importance d'agir avec les médias, notamment en ce qui concerne les terminologies à utiliser lorsque les journalistes doivent traiter ces sujets.

Suite à ce discours de présentation, la vidéo de la campagne de 2016 a été projetée sur le grand mur blanc de la magnanerie. Le temps de quelques minutes, hommes et femmes, de tous les horizons, sourire épanoui, racontent leur rencontre avec leur partenaire, leur coup de foudre, la présentation de chacun à leur belle-famille. Puis, le rythme de la musique de fond s'accélère, une tonalité tragique prend le dessus : « Pendant ce temps, disent les mêmes voix, d'autres doivent porter un masque devant leurs parents, leur famille, leurs amis et la société. Pendant ce temps, il y a des gens qui demandent seulement à vivre en paix. Parce que entre eux et nous, il n'y a pas de différence. »

 

« L'art au service des droits »
Les discours n'étaient pas les seuls invités ce dimanche. Après la présentation de l'association et de ses réalisations, un spectacle de danse a été donné dans la grande salle de la magnanerie. Pendant quelques minutes, un couple d'hommes et un couple de femmes s'aiment et s'affrontent à la fois. Le tableau est bouleversant, le public a le souffle coupé devant cette danse aussi tendre que violente où l'on s'adore autant que l'on se rejette. Ce moment passé, ce sera au tour de la musique de clôturer la rencontre. Sous le drapeau éclatant LGBT déployé dans la salle blanche, une voix féminine entonnera la chanson Imagine de John Lennon. « Imaginez que tout le monde vit en paix »... Tels seront les mots sur lesquels la rencontre s'achèvera.

 

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