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Liban - La psychanalyse, ni ange ni démon

Le psychanalyste, le symptôme et la guérison (suite)

Si Freud soutient que « la guérison vient de surcroît », cela ne veut pas dire que la guérison est secondaire, mais que l'analyste ne doit pas la chercher de prime abord afin de ne pas bloquer le patient qui tient à ses symptômes parce qu'ils contiennent sa vérité.

Rappelons que le symptôme est une « formation de compromis ». Comme dans le rêve, le sujet cherche à se dire à lui-même quelque chose d'important, une « parole pleine », jusque-là refoulée. Si le rêve n'arrive plus à faire passer cette parole à la conscience du sujet, le symptôme devient nécessaire. Or, si le rêve est intime au sujet, « invisible » à son milieu extérieur, le symptôme, lui, est visible. La famille, l'école, l'université, le milieu professionnel voient le symptôme du sujet. C'est comme si le sujet, incapable de se faire parvenir cette parole à lui-même à travers le rêve, la fait parvenir à un autre, ici placé en place d'Autre, de grand Autre. Soit un grand Autre capable de recevoir cette parole, de la traduire, de l'interpréter et de la restituer au sujet. Le père, la mère le grand-père ou la grand-mère, mais aussi le prof à l'école ou toute autre personne proche qui peut entendre cette parole de souffrance. Il suffit d'écouter le sujet qui souffre, proche parent, ami, enfant, et d'accepter cette « parole pleine » qui le représente sans nécessairement la comprendre, ni la rejeter et ni rejeter le sujet avec elle. C'est exactement la fonction de l'analyste dans la cure.

 

« Le psychanalyste sait attendre les mots pour que le patient dise la vérité du symptôme »
Dans le déroulement d'une cure, à l'écoute de cette parole qui cherche à se dire à travers le symptôme, le désir (de savoir) de l'analyste finit par débloquer cette parole. Le patient lâche alors la vérité contenue dans le symptôme en la verbalisant. Si le psychiatre ou le thérapeute veulent le guérir tout de suite, il va leur opposer une résistance. Parce que son symptôme le représente et qu'il contient sa vérité. Et s'il tient à cette vérité, c'est bien parce que, enfant, il a été obligé de la refouler sous la menace de la parole parentale qui deviendra ultérieurement le Surmoi. Maintenant qu'elle revient dans le symptôme, et qu'elle se dit « à moitié » cette vérité (l'autre moitié du symptôme étant l'interdit qu'elle se dise), la voilà insistante, endurante, persévérante, parfois impatiente et violente. Voilà pourquoi le psychiatre, le médecin ou tout autre thérapeute qu'un analyste ne sait pas y faire avec la vérité cachée dans le symptôme.

Après avoir fait tout le nécessaire, examens complémentaires compris, le médecin dira à la patiente hystérique qui a converti son angoisse dans les symptômes corporels : « Vous n'avez rien. » Cette réponse est une condamnation. La patiente se voit reléguée au statut de menteuse qui ne souffre pas. Adressée au psychiatre, ce dernier cherchera à traiter ses symptômes comme s'ils étaient la maladie de la patiente, oubliant la vérité qu'ils contiennent. Dans le cas du thérapeute, s'il utilise une technique particulière « contre » les symptômes, il agira comme le psychiatre qui traite le symptôme. Et s'il utilise son écoute, sans être analyste, il entendra peut-être cette parole mais il ne saura pas quoi en faire.

L'être humain fabrique un symptôme lorsque l'angoisse est à son comble, et l'angoisse est à son comble lorsque la vérité veut se faire entendre et ne peut plus être refoulée. Contrairement aux trois soignants précédents, l'analyste sait attendre. Il attend Les mots pour le dire (livre de Marie Cardinal qui raconte son analyse, publié en 1976 chez Grasset). Comme on l'a vu dans les trois précédentes rubriques, si l'état du patient l'impose, l'analyste ne doit pas seulement attendre que viennent les « mots pour le dire ». Il peut faire appel à un psychiatre pour atténuer les effets secondaires des symptômes. La cure peut alors continuer sans trop de soubresauts. Et contrairement à ce que certains analystes peuvent penser, le mouvement de la cure peut être favorisé par cette prise en charge médicamenteuse extérieure.

 

 

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