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Culture - Design

Anastasia Nysten expose son salon et gagne...

Son fauteuil Troll, généreux, informel et structuré tout à la fois, lui a valu le Talent Award de la première Beirut Design Fair. Une pièce qui résume bien l'univers « orientalo-scandinave » de cette jeune créatrice libano-finlandaise.

Photo Marco Pinarelli

« C'est très drôle, quand je regarde autour de moi, je vois souvent les objets différemment. En fait, je les vois tels qu'ils pourraient devenir une fois réinterprétés », confie Anastasia Nysten. « Tenez, cette toile accrochée au mur (une peinture abstraite de Jean Boghossian), je l'imagine en source de lumière et en 3D », ajoute la jeune femme à l'allure d'elfe et aux grands yeux bleus rêveurs.
Une mère libanaise et un père finlandais ainsi qu'une enfance passée entre la Finlande, la France et le Liban, ont sans doute apporté à Anastasia Nysten un regard particulier. Encore plus porté aux mélanges des cultures et de leurs codes esthétiques. Un métissage d'épure scandinave et de chaleur orientalisante imprime ainsi ses créations d'un souffle de liberté, voire d'une touche assez bourgeoise bohème, dont le fauteuil Troll est un parfait exemplaire.

Composé d'énormes coussins mous en chevron et velours simplement posés sur un squelette en bois de noyer, ce fauteuil lui a valu le Talent Award de la toute première édition du Beirut Design Fair. « Par sa générosité, son confort et sa touche formelle, tout à la fois chaotique et structurée, il incarne une démarche orientale loin des archétypes orientalisants », a indiqué la fameuse India Mahdavi, membre du jury.

Flocons de neige lumineux
« Je voulais réinterpréter la Bean Bag Chair, ces grands poufs moelleux dans lesquels on se love et qui vous donnent l'impression d'être protégés, entourés de chaleur. Et puis, je voulais jouer avec les motifs et les tissus, de manière que chacun puisse choisir ses assemblages d'étoffes et de couleurs », affirme pour sa part la récipiendaire du prix. À la Beirut Design Fair, la jeune femme avait accompagné ses Trolls d'une bibliothèque ouverte, aux planches également en bois de noyer et aux cloisons déstructurées. Évoquant un échafaudage, ce meuble à double face autour duquel on peut tourner, et né de l'idée « que les livres cèdent de plus en plus la place au contenu sur Internet. Ce qui fait qu'on a moins besoin de nos jours d'une bibliothèque que d'un présentoir de différents bibelots, tableaux et livres, bien sûr, mais présentés à la manière d'objets décoratifs ». Si ces deux pièces représentent parfaitement l'univers d'Anastasia Nysten, c'est parce qu'ils sortent, en quelque sorte, de son propre salon. « Je viens récemment de déménager et je suis en train de meubler mon nouvel intérieur. Je travaille donc beaucoup sur des objets que j'ai envie d'avoir chez moi », confie-t-elle. Du coup, les pièces qu'elle dessine (sur cahiers de croquis !) s'adressent à des gens qui lui ressemblent : jeunes, mobiles et fraîchement installés dans la vie active. « J'essaie surtout de faire des objets abordables, malléables et personnalisables », signale cette diplômée en design industriel de l'ALBA, qui s'est lancée à son propre compte il y a juste un an.

Auparavant, elle avait peaufiné son expérience professionnelle durant 3 ans, auprès du fameux designer de luminaires Michael Anastassiadès à Londres avant de rejoindre durant quatre ans le studio de Karen Chekerdjian. « Les deux m'ont appris l'importance de la maquette pour mieux visualiser les proportions et la valeur fonctionnelle de l'objet. D'ailleurs je commence toujours par du papier, suivant en cela le conseil d'un professeur à l'université qui me disait toujours : si ça fonctionne avec le papier, ça fonctionnera pour de vrai », relate la jeune designer.

Cette attention à la fonctionnalité n'omet cependant pas la poésie dans sa production. En témoignent ses fameux « Snow Flakes », bougeoirs à composer librement par ajouts de lamelles hexagonales en acier à effet miroir. S'imbriquant les unes dans les autres, elles forment une sorte d'installation lumineuse réfléchissant en les multipliant les flammes des bougies, tout en prenant des formes aussi différentes qu'un nuage, un buisson ou une couronne...
Toujours ce souffle de vent du nord, couplé à la chaleur de l'Orient et de ses mille sortilèges chez Anastasia Nysten. Un « Talent Award » qui le vaut bien !

 

Pour mémoire
Une joie, un plaisir que ce Beyrouth d'expositions

« C'est très drôle, quand je regarde autour de moi, je vois souvent les objets différemment. En fait, je les vois tels qu'ils pourraient devenir une fois réinterprétés », confie Anastasia Nysten. « Tenez, cette toile accrochée au mur (une peinture abstraite de Jean Boghossian), je l'imagine en source de lumière et en 3D », ajoute la jeune femme à l'allure d'elfe et aux grands...

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