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Liban - Terrorisme

La politique s’invite même dans les affaires sécuritaires

Les alertes des ambassades, « un complot contre les Libanais et le Liban », dénoncent certains députés.

L'ambassadeur de France, s'adressant aux médias hier, à la Résidence des Pins. Photo ANI

La panique créée à la fin de la semaine dernière, après les messages alarmants envoyés par plusieurs ambassades occidentales mettant en garde leurs ressortissants contre un risque élevé d'attentat, a suscité une cascade de réactions politiques, couplée de critiques acerbes. À commencer par celle du président de la République, Michel Aoun, qui a appelé hier les Libanais à ne pas tomber dans le piège des « rumeurs » visant à « détourner l'attention » des réalisations en vue de reconstruire l'État libanais. « Ces derniers temps, de nombreuses rumeurs ont été propagées afin de porter atteinte à la confiance des citoyens dans leurs institutions, mettant en doute l'action de l'État », affirme ainsi un communiqué publié par le bureau de presse de la présidence avant le départ de M. Aoun hier matin pour New York, où il doit participer aux travaux de l'Assemblée générale des Nations unies. « Certaines personnes ont été accusées de corruption, l'armée a été attaquée malgré sa victoire contre les terroristes et des rumeurs sur l'imminence d'attentats terroristes ont créé une atmosphère de peur et d'inquiétude », poursuit ce texte dans une allusion à la transaction des navires-centrales pour la production d'électricité, et aux alertes lancées par les ambassades.
La réaction de M. Aoun, suivie de plusieurs commentaires formulés par des députés du bloc du Changement et de la Réforme et du camp du 8 Mars, survient au lendemain de la mise en garde de l'ambassade des États-Unis, qui avait demandé jeudi dernier à ses ressortissants d'éviter « certaines régions comme le Casino du Liban, en raison de menaces récentes ». Ce message, posté sur le site web de l'ambassade américaine, a été immédiatement repris et adapté par la diplomatie canadienne et envoyé par le biais de l'application WhatsApp, puis par les ambassades de Grande-Bretagne et de France, suscitant une appréhension générale frisant parfois le spectre du complot.

C'est dans ce sens qu'il faut comprendre les déclarations du député du bloc Amal, Hani Kobeissi, qui a été jusqu'à accuser implicitement les chancelleries occidentales de « porter atteinte à la stabilité du citoyen », oubliant qu'une grande partie des Libanais concernés par ces alertes sont aussi détenteurs de la double nationalité. Un ton similaire a été utilisé par Abbas Hachem, qui a déclaré qu'« il est honteux de la part des ambassades de publier des mises en garde dont l'objectif est de semer la confusion au Liban, au lendemain de la victoire marquée par l'armée libanaise dans le jurd ».

À double tranchant

Vendredi dernier, le ministère des Affaires étrangères avait également stigmatisé « la panique entretenue » par ces mises en garde, laissant entendre que de tels messages « devraient faire l'objet d'une coordination, qui est actuellement en vigueur, avec le ministère des Affaires étrangères et les services de sécurité ».
Interrogé, un stratège militaire rappelle que la coordination entre services de renseignements est de mise depuis que le Liban fait partie de la coalition internationale pour la lutte contre le terrorisme. « Les membres de cette coalition n'ont cessé d'échanger, dans un sens comme dans l'autre, les informations à ce sujet. Sauf que dans ce cas précis, la question est autrement sensible », dit-il. Il tient cependant à souligner que les ambassades ont un devoir à l'égard de leurs ressortissants et sont par conséquent dans l'obligation de les prévenir en cas de danger. « Ils ne peuvent pas attendre que la procédure se mette en place puisqu'ils sont dans l'imminence », précise-t-il, laissant entendre que le commandement de l'armée en a peut-être été informé sans pour autant le crier sur tous les toits.
Il s'agit donc d'une situation à double tranchant où il faut préférer préserver la vie des gens quitte à susciter une certaine crainte parmi la population, plutôt que d'opter pour un mécanisme politico-diplomatique complexe et incompatible avec une telle situation d'urgence.

« La sécurité a ses raisons que la politique ignore », commente en substance une source informée, qui laisse entendre que les ambassades doivent avoir des raisons « valables » pour ne pas faire confiance « à certains responsables libanais ». « Les États-Unis, notamment, sont actuellement en très mauvais termes avec certains d'entre eux », poursuit la source laissant entendre qu'il existe « un manque de confiance sérieux qui ne devrait toutefois pas ternir sur l'image de l'armée et des services de sécurité qui effectuent un travail impressionnant en matière de lutte contre le terrorisme ».

Contactée par L'OLJ, un porte-parole de l'ambassade des États-Unis s'est contenté de déclarer ce qui suit : « La règle consiste à prévenir nos citoyens, dès que nous avons à notre disposition des informations relatives à des menaces. Nous ne pouvons cependant pas dévoiler de plus amples détails concernant les données qui sont en notre possession. »

Dans un communiqué, l'armée libanaise a évoqué pour sa part « les rumeurs qui circulent sur les médias sociaux faisant état de menaces qui viseraient des centres commerciaux, des lieux de tourisme et des complexes résidentiels ». « Il importe au commandement de l'armée de souligner que la situation sécuritaire est stable », ajoute le texte, qui précise par ailleurs que les services de renseignements « poursuivent au quotidien leurs opérations préventives en vue du démantèlement des réseaux terroristes ». Le commandement de l'armée, qui visiblement cherchait à calmer l'opinion publique, a affirmé que « toutes les mesures de prévention ont été prises pour préserver la sécurité dans le pays ».

Démantèlement d'un nouveau réseau ?

La troupe a joint l'acte à la parole en déclarant avoir arrêté au cours du week-end dernier 19 personnes soupçonnées d'appartenir à une cellule terroriste présumée affiliée à l'EI, qui préparait un attentat. Cette cellule était dirigée, selon l'armée, par l'Égyptien Fady Ibrahim Ahmad Ali Ahmad, alias « Abou Khattab », qui se trouve actuellement à l'intérieur du camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué. L'arrestation des suspects est intervenue suite à une série de perquisitions menée par la troupe. Celle-ci serait actuellement en pourparlers avec le commandant de la force mixte palestinienne de Aïn el-Héloué, le colonel Bassam Saad, en vue de l'arrestation d'Abou Khattab. À ce sujet, une source palestinienne a déclaré à l'agence al-Markaziya que le colonel Saad a fait savoir à l'armée qu'il n'avait pas la capacité d'arrêter Abou Khattab, qui est « retranché dans le quartier Hattine où il se balade constamment avec une ceinture d'explosifs ».

À la question de savoir s'il y avait un lien quelconque entre les alertes lancées par les ambassades occidentales et la tentative de démantèlement par l'armée du réseau dirigée par Abou Khattab, une source militaire a confié à L'OLJ que l'opération menée en direction de ce réseau s'inscrit dans le prolongement des arrestations effectuées à Tripoli, il y a deux mois.

Les services de renseignements des Forces de sécurité intérieure avaient arrêté le 24 et le 25 juillet dernier les membres d'un réseau affilié au groupe État islamique opérant entre Tripoli et Denniyé, au Liban-Nord. Selon la source militaire, ce réseau serait lié à celui d'Abou Khattab, d'après les révélations faites par les personnes arrêtées à Tripoli.

 

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commentaires (3)

DEPUIS LA NAISSANCE DU LIBAN ET ELA ABAD AL ABIDEEN... !

LA LIBRE EXPRESSION

11 h 20, le 18 septembre 2017

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Commentaires (3)

  • DEPUIS LA NAISSANCE DU LIBAN ET ELA ABAD AL ABIDEEN... !

    LA LIBRE EXPRESSION

    11 h 20, le 18 septembre 2017

  • hooooo ! le monde entier nous en veut ! parceque ? pourquoi ? mais pour nos victoires contre le terrorisme, l'union du peuple libanais, la sanite de nos institutions et finalement notre pouvoir fort a damner tt ce beau monde

    Gaby SIOUFI

    10 h 28, le 18 septembre 2017

  • vraiment vous faites rire messieurs ce systeme les chancelleries l'ont adopte comme politiques dans toutes leurs representations qui n'a rien a voir avec le liban en particulier elles font pareils en afrique et ailleurs les memes qui s'offusquent maintenant remercie se systeme pour les libanais d'Afrique et d'Amérique latine qui detienne la double nationalite !!

    Bery tus

    03 h 36, le 18 septembre 2017

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