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Moyen Orient et Monde - Éclairage

Raid israélien en Syrie : quels enjeux ?

À travers les frappes d'hier, le message de l'État hébreu est clair : nous pouvons prendre les choses en main s'il le faut.

Le raid israélien effectué hier en Syrie n'est ni le premier ni probablement pas le dernier. Il y en aurait eu plus d'une centaine ces cinq dernières années, indiquait le commandant sortant de l'armée de l'air israélienne, Amir Eshel, dans une interview au Haaretz le mois dernier. Hier, comme après chaque opération de ce type, Israël n'a ni confirmé ni démenti ces frappes, mais son ministre de la Défense Avigdor lieberman a lancé un avertissement voilé à la Syrie et à l'Iran.

Les frappes d'hier ont été menées à l'aube contre un camp d'entraînement et une branche du Centre de recherches et d'études scientifiques de Syrie (SSRC) au nord de Messyaf, dans la province de Hama. « Des avions de guerre israéliens ont tiré à 02h42 (23h42 GMT) des missiles depuis l'espace aérien libanais, ciblant une de nos positions militaires à proximité de Messyaf et ont provoqué des dégâts matériels et la mort de deux personnes sur le site », a affirmé l'armée syrienne. Celle-ci a mis « en garde contre les sérieuses répercussions de tels actes d'agression sur la sécurité et la stabilité » régionales. Il ne devrait pas y avoir de représailles de la part de Damas ou ses alliés, juge Thomas Pierret, chercheur à l'Université d'Édimbourg et spécialiste de la Syrie. « Si réponse il y a, ce sera symbolique. »

Dans des missives adressées à l'ONU, le ministère syrien des Affaires étrangères a pour sa part accusé Israël de « protéger les terroristes » en menant ces frappes, selon les médias officiels. « Il est inacceptable que le Conseil de sécurité n'ait pas encore entrepris une action pour faire cesser ces attaques. » L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) a confirmé que les frappes avaient visé le SSRC, sans pour autant pouvoir dire quel type d'armement y était produit. L'OSDH a précisé que le site visé était connu pour être utilisé par du personnel militaire iranien – qualifié « d'experts » – et des combattants du Hezbollah.

Un ex-chef des renseignements militaires israéliens, Amos Yadlin, a affirmé sur les réseaux sociaux que le site touché produisait « des armes chimiques et des barils explosifs ayant tué des milliers de civils syriens ». Il ne s'agit pas d'une opération « de routine » et, si la frappe est l'œuvre d'Israël, il s'agit d'un message pour dire qu'il ne permettra pas la production de telles armes en Syrie et d'un « message adressé aux grandes puissances sur les lignes rouges fixées par Israël », a-t-il dit.

Si, de manière générale, les cibles d'Israël se trouvent à proximité de sa frontière ou du Golan, il y a eu quelques exceptions. Plusieurs raids ont été menés, depuis 2013, près de Damas. Ce n'est pas la première fois non plus que des bâtiments officiels du régime syrien sont visés, bien que les convois transportant des armes destinées au Hezbollah représentent la majeure partie des cibles touchées ces dernières années. Un centre similaire au SSRC a ainsi été bombardé par Israël les 30 janvier, et 3 et 5 mai 2013.

 

(Pour mémoire : Israël annonce avoir frappé à nouveau en Syrie)

 

Embarras russe
Seul aspect inédit de la frappe d'hier, son emplacement. Le Nord-Ouest n'est pas le terrain de chasse habituel d'Israël, encore moins quand il se trouve relativement près de la base militaire russe à Tartous. Il est donc probable que Moscou ait été au courant de l'attaque. Le timing également est intéressant. Le raid a eu lieu au lendemain de la publication d'un rapport dans lequel des enquêteurs de l'ONU ont indiqué pour la première fois que le gouvernement syrien était responsable de 27 attaques à l'arme chimique, dont celle de Khan Cheikhoun le 4 avril, faisant plus de 80 morts, ce que Damas a immédiatement qualifié de « mensonges ». Le régime Assad a assuré avoir remis tous ses stocks d'armes chimiques, bien que plusieurs attaques aient eu lieu depuis. Le SSRC est en outre accusé par les États-Unis et d'ex-responsables israéliens d'aider à développer du gaz sarin, et près de 300 de ses employés seraient sous le coup de sanctions américaines depuis l'attaque de Khan Cheikhoun.

« Alors que le régime syrien vient d'être reconnu par l'ONU comme responsable de frappes à l'arme chimique, cela n'a jusqu'à maintenant prêté à strictement aucune conséquence de la part de la communauté internationale, si ce n'est une seule frappe américaine (en avril dernier, NDLR). La frappe israélienne s'inscrit dans une certaine logique, mais elle n'a bien sûr pas été autorisée par le Conseil de sécurité de l'ONU. Tout cela est la démonstration que chacun dans la région joue sa carte sans se soucier du droit international », estime Julien Théron, politologue et enseignant en relations internationales à Sciences Po Saint-Germain-en-Laye, à L'Orient-Le Jour.

La Russie se retrouve dans une position gênante. Le raid israélien survient moins de deux mois après que Moscou et Washington, allié traditionnel d'Israël, ont parrainé un accord de cessez-le-feu dans le Sud syrien, sans prendre les inquiétudes israéliennes en compte. Ce qui semble être un recul diplomatique américain en Syrie laisse par conséquent plus de marge de manœuvre à Moscou, mais cela ne suffit pas. L'Iran et les forces qu'il soutient, comme le Hezbollah, représentent des partenaires essentiels dans le conflit qui fait rage en Syrie. « La Russie se retrouve en délicatesse devant le non-respect par le régime syrien vis-à-vis de ses engagements (de se débarrasser de la totalité de ses armes chimiques) et par rapport à son alliance objective avec le Hezbollah, grand allié de l'Iran avec lequel Moscou est en compétition au sein du camp prorégime », avance M. Théron.

À travers les frappes d'hier, le message de l'État hébreu à l'ensemble de la communauté internationale est clair : nous pouvons prendre les choses en main s'il le faut. Le ministre de la Défense d'Israël Avigdor Lieberman a d'ailleurs lancé un avertissement à peine voilé hier à Damas et ses alliés. « Nous sommes déterminés à empêcher nos ennemis de porter atteinte, ou même de créer une occasion pour porter atteinte, à la sécurité des citoyens d'Israël », a déclaré M. Lieberman dans des déclarations diffusées à la télévision israélienne. « Nous ferons tout pour empêcher l'existence d'un corridor chiite de Téhéran à Damas », a-t-il ajouté. En mai, il avait affirmé qu'Israël n'attaque que pour trois raisons : se défendre, empêcher un transfert d'armes et éviter une « bombe à retardement », à savoir contrecarrer les attaques terroristes imminentes contre Israël par des groupes à ses frontières.

Il y a deux semaines à peine, le Premier ministre Benjamin Netanyahu s'est rendu à Sotchi, en Russie, où il a rencontré le président russe Vladimir Poutine. Il lui avait alors répété ses inquiétudes quant à l'ancrage de l'Iran et du Hezbollah en Syrie, accusant Téhéran de « transformer la Syrie en camp retranché ». Il a également affirmé que la République islamique y construit des usines de production de missiles et entend se servir de la Syrie et du Liban « avec l'objectif déclaré d'éradiquer Israël ». Ce qu'a semblé confirmer hier un ex-conseiller à la sécurité nationale israélienne, Yaakov Amidror, hier : « Nous n'allons pas laisser l'Iran et le Hezbollah construire des capacités leur permettant d'attaquer Israël depuis la Syrie. »
Mais pour Thomas Pierret, « Poutine ne peut rien faire pour apaiser les craintes israéliennes ».

 

Pour mémoire

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commentaires (1)

Plus de 100 frappes en 5 ans et cela n'a pas empêché le pouvoir du héros BASHAR de progresser avec ses alliés du hezb libanais de la résistance ! !!!????? C'est étrange non ? Le bouffon qui décide de donner les cartes de la Syrie aux russes , allié de l'Iran et du hezb résistant en Syrie, est étrange non ? Je ne me l'explique que par une chose , jusqu'à preuve du contraire, je pense que les russes autorisent les usurpateurs de terre à frapper sur des cibles determinees a l'avance, pour aider le régime de nathanyhou à faire en sorte que la panique ne s'empare pas des israéliens manipulateurs à ne pas fuir le pays , en leur donnant l'impression que ce pays de lsusupie tient bon. J'ai bien dit jusqu'à preuve du contraire .

FRIK-A-FRAK

10 h 45, le 08 septembre 2017

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Commentaires (1)

  • Plus de 100 frappes en 5 ans et cela n'a pas empêché le pouvoir du héros BASHAR de progresser avec ses alliés du hezb libanais de la résistance ! !!!????? C'est étrange non ? Le bouffon qui décide de donner les cartes de la Syrie aux russes , allié de l'Iran et du hezb résistant en Syrie, est étrange non ? Je ne me l'explique que par une chose , jusqu'à preuve du contraire, je pense que les russes autorisent les usurpateurs de terre à frapper sur des cibles determinees a l'avance, pour aider le régime de nathanyhou à faire en sorte que la panique ne s'empare pas des israéliens manipulateurs à ne pas fuir le pays , en leur donnant l'impression que ce pays de lsusupie tient bon. J'ai bien dit jusqu'à preuve du contraire .

    FRIK-A-FRAK

    10 h 45, le 08 septembre 2017

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