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À La Une - Irak

Dans les camps autour de Tal Afar, "on attend" les déplacés

A Badouch et al-Boueir, les autorités irakiennes, aidées par des ONG, ont monté des tentes.

Une femme qui a fui les combats à Tal Afar, dans un camp à 150 km de la ville, le 25 août 2017. AFP / AHMAD AL-RUBAYE

Dans le camp de Badouch, installé pour accueillir les civils fuyant les combats entre forces irakiennes et jihadistes à Tal Afar (nord), seuls quelques gardes et médecins déambulent. Les rangées de tentes montées pour les déplacés, elles, restent vides.

A 150 km au sud-est de la ville de Tal Afar, à Badouch et al-Boueir, les autorités irakiennes, aidées par des ONG, ont monté des camps de tentes. Elles doivent servir de refuge aux déplacés de la dernière grande bataille contre les jihadistes dans la province de Ninive, au nord de l'Irak. C'est dans cette province que les forces progouvernementales ont repris début juillet au groupe Etat islamique (EI) Mossoul, deuxième ville du pays, et avancent maintenant dans la cité de Tal Afar.

Le général Jabar Moustapha Hassoun, du comité d'évacuation et de prise en charge des déplacés, a bien vu des civils arriver. Mais c'était avant le début des combats dans la ville où vivaient jusqu'à l'arrivée des jihadistes en juin 2014 quelque 200.000 habitants.

Dans les semaines qui ont précédé l'offensive sur Tal Afar, "80.000 à 90.000 personnes" étaient encore dans la ville située à 70 kilomètres à l'ouest de Mossoul, et "il y a une dizaine de jours, 4.000 à 6.000 civils arrivaient chaque jour dans les camps", affirme-t-il à l'AFP. Mais depuis le début des combats dimanche, ce chiffre est tombé à "150 ou 200 par jour, et parfois même seulement une cinquantaine".
"Les habitants de Tal Afar ont commencé à quitter la ville dès les combats dans la partie ouest de Mossoul", explique le général Hassoun. Pour lui désormais, "il ne resterait qu'environ 160 familles qui sont celles de combattants locaux ou étrangers" de l'EI.

Dimanche, la police, l'armée et les unités paramilitaires du Hachd al-Chaabi se sont lancées à l'assaut de Tal Afar, l'un des derniers bastions de l'EI en Irak. Après avoir rapidement progressé dans la cité historique, les forces irakiennes espèrent annoncer la victoire avant la fête musulmane de l'Aïd al-Adha, qui aura lieu le 2 septembre en Irak.

A Mossoul, le flux des déplacés a dépassé, et de très loin, les prévisions des humanitaires, jetant sur les routes des centaines de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, tentant d'éviter d'être pris entre deux feux et décidés à laisser derrière eux trois années d'occupation jihadiste. A Tal Afar en revanche, le scénario ne s'est jusqu'ici pas reproduit.

 

(Lire aussi : Les enjeux de la bataille de Tal Afar)

 

 

'On est prêts, on attend'
Sous une tente tenue par quatre poteaux, Issa Hassan, 72 ans, est assis à l'abri du soleil brûlant.
Cet homme au visage ceint d'une barbe blanche raconte être arrivé "il y a deux jours d'al-Khan", un village proche de Tal Afar où il a trouvé refuge il y a deux ans. "Je viens du quartier d'al-Jazira à Tal Afar", explique-t-il à l'AFP, "mais on avait l'impression de vivre en état de siège, on ne s'y sentait pas bien". 

Issa Hassan a tenu à rester jusqu'au bout à al-Khan. Il a d'abord envoyé ses quatre épouses dans le camp de Hamam al-Alil, au sud de Mossoul. Puis il a dû se résoudre à vendre le gagne-pain de sa famille, forte de 32 membres: son troupeau de chèvres. Alors seulement, il a pris le chemin du camp de Badouch, à pied.

Hassan Farhad, lui aussi, a dû marcher pendant des heures. Ce quadragénaire, un temps emprisonné par l'EI parce qu'il avait fumé, une pratique considérée comme un "péché" par les jihadistes, est parvenu à passer entre les mailles du filet, mais, dit-il, d'autres n'ont pas eu cette chance. Les jihadistes "tuaient ceux qui tentaient de s'enfuir", affirme-t-il à l'AFP. "Je pense qu'il y a encore des civils à Tal Afar, mais les gens de l'EI les raflent et les déplacent de force vers d'autres zones", assure-t-il.

Le docteur Omar Amer, de l'ONG Dary, est là depuis deux semaines. "Au début, on voyait quotidiennement des familles arriver, environ 150 personnes par jour", pour certaines blessées par des explosions ou souffrant de malnutrition, rapporte-t-il à l'AFP. "Mais depuis ce chiffre a diminué". "On entend parler de déplacés qui pourraient encore arriver", poursuit le médecin. "On est prêts, on attend".

 

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