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Moyen Orient et Monde - Irak

Les enjeux de la bataille de Tal Afar

C'est devenu l'un des rituels de la grande opération de reconquête irakienne. Comme lors des précédentes batailles, le Premier ministre irakien Haider el-Abadi s'est chargé lui-même d'annoncer, lors d'une allocution télévisée, le début des hostilités contre les forces jihadistes à Tal Afar, un bastion turkmène près de la frontière irako-syrienne de la province de Ninive. « Je dis aux hommes de Daech qu'ils n'ont pas d'autre choix que de se rendre ou d'être tués », a-t-il déclaré, vêtu d'un uniforme militaire noir. « Nous avons gagné toutes nos batailles, et les hommes de Daech ont toujours perdu », a-t-il ensuite ajouté.

Dans les faits, la bataille pour la reprise de la ville de Tal Afar a débuté depuis déjà plusieurs mois, à l'initiative des milices chiites qui souhaitaient jouer un rôle de premier plan dans une zone considérée comme stratégique pour Téhéran, qui intervient à la fois en Syrie et en Irak, et cherche à assurer une continuité territoriale à ses obligés. La présence des milices chiites dans la région a cependant tôt fait d'attiser un peu plus les tensions communautaires, alors que ces dernières lançaient l'offensive en octobre dernier avec un goût de revanche, après que la minorité turkmène chiite eut dû fuir la ville au moment de sa conquête par l'État islamique en juin 2014. Craignant les représailles des milices affidées à Téhéran à l'encontre de la population turkmène sunnite dont elle se prétend la protectrice, la Turquie avait menacé d'intervenir en cas d'exactions contre les civils, alors que l'enclave turkmène est le théâtre récurrent de conflits communautaires depuis la chute de Saddam Hussein.

Ces tensions régionales et communautaires, sur fond de lutte d'influence entre l'Iran et la Turquie, expliquent sans doute pourquoi les milices chiites se sont contentées d'encercler la ville sans tenter d'y pénétrer, en attendant la fin de la bataille de Mossoul. Elles n'ont pas pour autant renoncé à participer aux combats aux côtés des différentes unités de l'armée, de la police, fédérale et locale, et des unités du contre-terrorisme. « La victoire approche » après trois années de « razzias des barbares », a proclamé hier dans un communiqué Ahmad el-Assadi, le porte-parole du Hachd el-Chaabi, l'organisation paramilitaire, dominée par les milices chiites, qui dit avoir mobilisé 20 000 combattants autour de la ville.

(Pour mémoire : Après la perte de Mossoul, plusieurs zones restent aux mains de l'EI en Irak)

D'imposants convois de troupes irakiennes encerclaient et bombardaient en effet, hier, la localité. Des obus de mortier s'abattaient des deux côtés de la ligne de front et des colonnes de fumée s'élevaient de Tal Afar. Quelques heures à peine après le déclenchement de l'offensive, la police fédérale a déclaré avoir repris al-Abra el-Saghira, un village à l'ouest de Tal Afar. Un porte-parole d'une unité du Hachd a de son côté indiqué à l'AFP que ses troupes se trouvaient désormais à environ 4 km de Tal Afar.

Un millier de jihadistes dans la ville

La reprise de Tal Afar est « un autre combat important qui doit être mené pour s'assurer que le pays et ses habitants se débarrassent enfin de l'EI », a pour sa part déclaré dans un communiqué le général américain Stephen Townsend, chef des forces de la coalition.

Un millier de jihadistes environ se trouveraient dans la ville. Alors que Tal Afar comptait avant l'entrée de l'EI quelque 200 000 habitants, ils seraient entre 10 000 et 50 000 aujourd'hui, selon le commandement américain, susceptibles d'être utilisés comme boucliers humains. La coordinatrice humanitaire des Nations unies pour l'Irak, Lise Grande, a pour sa part indiqué que plus de 30 000 personnes avaient déjà fui la zone et que l'ONU se préparait à « l'arrivée de milliers d'autres » car « la nourriture et l'eau manquent » à Tal Afar. Cherchant à fuir l'EI et les combats qui se rapprochent, « des familles marchent pendant 10 à 20 heures sous une chaleur extrême et arrivent exténuées et déshydratées », ajoute-t-elle dans un communiqué.

Une fois la ville reprise, Bagdad entend lancer l'offensive sur Hawija, à 300 km au nord de Bagdad. L'EI est également toujours présent dans la province occidentale d'al-Anbar et tient plusieurs zones le long de la frontière syrienne, notamment la région désertique d'al-Qaïm.

 

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