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Santé - Santé publique

Le bilan prénuptial, une démarche visant à faire de la médecine préventive

Au-delà d'une simple formalité exigée par l'État, ces examens constituent une sorte de check-up médical.

Le bilan prénuptial n’a pas pour objectif d’empêcher ou de permettre le mariage. Son but ultime est de faire de la médecine préventive. Photo Bigstock

Le bilan médical prénuptial est une étape de plus que les futurs époux doivent franchir avant le jour J. Instauré au Liban en 1994, par une loi qui avait modifié le décret publié dans ce sens en 1983 sans qu'il ne soit pour autant appliqué, ce bilan a été de nouveau modifié en octobre 2015 « par souci de la santé publique et pour prévenir les maladies héréditaires et transmissibles, ainsi que tout danger qui pourrait toucher les conjoints ou leur progéniture », comme l'avait alors précisé le ministère de la Santé, qui avait effectué ces changements en coopération avec l'ordre des médecins.

« Ces examens ont un but bien précis, avance le Dr Jad Habib, spécialiste en médecine de famille. Ils ne visent pas à empêcher ou permettre le mariage. Leur but ultime est de faire de la médecine préventive. »
Ainsi, les examens exigés dans le cadre de ce bilan ont pour objectif de rechercher « certaines formes d'anémie qui sont héréditaires ou congénitales, comme la thalassémie mineure, qui passent inaperçues chez les personnes adultes, mais qui peuvent augmenter le risque de thalassémie majeure chez les enfants si les deux conjoints en souffrent », ajoute le spécialiste. Or au Liban, « les cas d'anémie congénitale sont nombreux ». « À l'examen, nous découvrons chez beaucoup de femmes et d'hommes cette forme d'anémie, sans pour autant qu'ils ressentent un malaise, puisque cette pathologie est asymptomatique, constate-t-il. D'où le rôle du médecin qui doit intervenir pour expliquer ce risque aux futurs époux. »

Les MST

Les tests de l'hépatite B et du VIH (virus de l'immunodéficience humaine) figurent également au nombre des examens requis dans le cadre du bilan prénuptial. « Ces deux maladies sexuellement transmissibles (MST) pourraient être graves, avance le Dr Habib. À mon avis, ces examens restent insuffisants du fait que d'autres MST présentent également une gravité médicale, l'hépatite C à titre d'exemple. »

À ces tests s'ajoutent ceux du groupe sanguin et du rhésus, « puisque dans le cas de rhésus négatif chez la femme et positif chez l'homme, un risque d'avortement ou de mort fœtale pourrait survenir ». « Chez la femme, on demande également une sérologie de la toxoplasmose et de la rubéole, parce qu'elles entraînent des malformations chez les enfants, si ces maladies se déclarent durant la grossesse, note le Dr Habib. Bien que cette sérologie soit facultative, au départ, au Liban, nous l'effectuons de façon plutôt systématique chez la femme. »

Et pour cause, puisque la prévention reste l'un des principaux objectifs de ce bilan, « ce qui n'était pas le cas avec l'ancienne mouture du bilan ». « La nouvelle forme du bilan est plus globale et prend en considération les antécédents médicaux des deux conjoints, puisque au-delà d'une simple formalité exigée par l'État, ce bilan constitue une sorte de check-up médical, insiste le Dr Habib. Cela est d'autant plus important que la notion de la médecine préventive n'est pas très courante au Liban. Le patient ne vient chez le médecin qu'en cas de maladie. Il s'agit probablement de la seule consultation qui se fait dans une optique de prévention. D'ailleurs, dans le cadre de ces examens, nous avons détecté de l'hypertension, du diabète, de l'anémie et des MST chez des personnes qui ignoraient leur maladie. »

Le secret médical

Quid du secret médical ? « Théoriquement, un patient ne doit pas savoir de quoi souffre un autre patient, et cette logique est générale, indépendamment du cadre du mariage ou autre, répond le Dr Habib. Donc, nous demandons au couple de venir ensemble et nous les avertissons dès le départ que des éléments médicaux vont être avancés. Nous réclamons aussi un accord verbal qu'il n'y a aucune objection à dévoiler les résultats. »

Ces examens sont-ils suffisants ? « Non, puisqu'ils ne sont pas assez complets pour couvrir tous les problèmes qu'un mariage peut rencontrer, répond le spécialiste. D'où le rôle du médecin qui se trouve en présence de deux personnes sur le point de se marier. Il doit bien évidemment parler des problèmes de chacun d'entre eux, mais il doit aussi aborder les problèmes que le couple pourra rencontrer sur le plan psychique, physique et sexuel, comme des risques chez les enfants. La confiance et la relation médecin-patient jouent un rôle primordial sur ce plan. »

 

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